La foi et les œuvres au-delà de l’obstacle

Jésus interroge Marie, non qu’Il ignore ses pensées, mais afin qu’elle puisse exposer les faits et, par voie de conséquence, comprendre la situation. Mais Marie de Magdala, ancrée dans son chagrin, imagine parler au jardinier. Tout ce qu’elle cherche, c’est retrouver le corps de Jésus, revenir à un semblant de ce qu’elle considère comme normal, logique.

Jésus interpelle alors Marie par son prénom. Il ne s’agit plus du lointain, mais respectueux, « femme ». C’est son nom, souvent prononcé durant les années de ministère, et qui entraîne une foule de souvenirs. Marie de Magdala reconnaît Jésus, son Seigneur, son enseignant.

C’est ce qu’elle déclare par le mot « rabbouni » qui est une forme araméenne plus emphatique et peut-être aussi plus honorifique que le « rabbi » hébreu. Ce n’est ni un diminutif ni un mot affectueux. Nous voyons d’ailleurs Bartimée utiliser le même mot dans Marc 10, 51.

Sans doute fait-elle un geste vers Jésus, désire-t-elle le toucher, car Jésus lui ordonne de ne pas « le toucher » ? Le verbe grec (hapto) traduit de cette manière se trouve à la voix moyenne. Il y a, dans cette conjugaison, la notion de ne pas «s’attacher », « s’accrocher ». Il est donc « inadéquat » de traduire par « ne me touche pas », laissant la possibilité d’imaginer « ne pose pas un doigt ou une main sur moi ». Il est préférable d’utiliser « s’accrocher ».

De plus, l’utilisation du négatif et de l’impératif interdit à Marie de Magdala de poursuivre son geste. On peut en déduire que, dans la joie de retrouver Jésus, Marie s’agrippe à lui de peur de le perdre de nouveau.

Par ce contact physique recherché, Marie de Magdala montre qu’elle désire faire revivre le passé. Mais Jésus l’en détrompe. Il veut faire comprendre à Marie que l’ancienne relation doit faire place à une nouvelle. Jésus est à présent le Seigneur ressuscité qui doit remonter auprès de son Père !

Jésus donne alors la mission à Marie d’annoncer aux disciples que Jésus monte vers Son Père.

Cette fois, Marie de Magdala a compris (eido) et elle s’empresse d’obéir au Seigneur, portant de nouveaux fruits.