De la théorie à la pratique

C’est bien connu, c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Et c’est en exerçant notre foi que nous devenons des « As du volant » de la foi.  

Quand j’ai accepté Jésus comme mon Sauveur, j’avais cette intime et intense conviction que sa Parole était la vérité et que TOUT ce qu’il disait était fiable. Quand j’ai lu ce passage qui parle du soin que Dieu prend de nous (Matthieu 6 : 25-34), j’étais subjuguée, et sans aucune hésitation, j’ai cru.

Mais après la théorie, vient la pratique, et là, c’est une autre paire de mitaines ! J’étais toute jeune dans la foi, j’avais toujours vécu dans une famille à l’aise financièrement, mes parents fonctionnaires ne s’étaient jamais posés la question de savoir comment ils paieraient les factures le mois suivant et s’ils auraient de quoi remplir nos assiettes. 

Les besoins quotidiens m’avaient toujours semblé tellement simples à couvrir. La paye tombait tous les mois, et je n’avais qu’à dire : « Maman, il me faudrait ceci ou cela, pour que mon besoin soit pourvu ». Mais maintenant, la chanson était différente : j’étais mariée et jeune maman, avec un autre bébé en route, et Dieu nous appelait à son service.

Nous nous étions enfin décidés à partir à l’école Biblique. C’était l’enthousiasme, une belle aventure qui commençait. Notre inscription était envoyée. En octobre prochain, dès la naissance du bébé, nous serions, Dieu voulant, sur les bancs de l’Institut Biblique.

On est fou !

Passé le premier élan d’enthousiasme, sont arrivées les premières questions pratiques. Il était effectivement temps de se les poser ! Aller à l’école biblique, oui, mais avec quel argent ? Mon mari avait une bonne situation, mais il lui fallait démissionner, et nous n’avions pas d’économies. Et puis nous avions un bébé, bientôt deux sur les bras, comment allions-nous payer les frais de scolarité ? Les couches culottes ? L’essence pour l’auto ?

Plus notre rêve devenait réalité, plus la montagne semblait impossible à franchir. Je passais les journées seule chez moi, les pensées tourbillonnaient dans ma tête, et j’étais prise d’un terrible vertige : nous faisions une folie, de quoi allions nous vivre ? Mes bébés allaient mourir de faim ! La réalité matérielle me sautait au visage. Je faisais moins la fière, et l’optimisme m’avait complètement quittée. 

Mon mari qui avait beaucoup plus de « route » avec le Seigneur ne se faisait aucun souci : « Tu vas voir, le Seigneur va pourvoir, s’il nous envoie, la logistique va suivre !... » Je passais mes après midis à pleurnicher en regardant le bout de mes pieds : on est fou !!!! on est fou !!! C’était la première fois que j’avais à faire entièrement confiance au Seigneur et que je devais sauter sans filet !..

Au bout de trois semaines à me morfondre et à paniquer, mon précieux Seigneur a eu pitié de moi : mon mari rentra à la maison un soir avec un sourire jusqu’aux oreilles et l’air malicieux : « Tu vois, je t’avais dit de ne pas t’inquiéter : une personne âgée de l’église a su que nous voulions servir le Seigneur alors elle a fait un chèque pour payer nos deux années de frais de scolarité et de pension ». 

Une somme rondelette : environ 10 000 euros ! J’ai ouvert la bouche tellement grand que je m’en serais décroché la mâchoire ! Alors c’est comme ça que ça marche le « pas de foi » ? On se lance et toi tu assures la logistique Seigneur ? J’étais impressionnée, époustouflée, sans mots.

Je commençais mes premiers pas dans la vie par la foi en beauté ! Quel Seigneur impressionnant nous avons ! Pendant les deux années qui ont suivi, pour toutes les petites dépenses imprévues, il nous « tombait du ciel » un billet par ci, un chèque par là, et nous n’avons jamais manqué de rien ! 

Ma première expérience m’avait engaillardie : je m’en souviendrais pour la suite…qui ne s’est pas fait attendre.

Encore au rendez-vous

La fin des cours arrivait à grands pas et le défi était de trouver une église qui nous prenne pour servir. Une église acceptait de nous prendre mais il fallait trouver un logement. C’était une des villes les plus chères de France et trouver un logement avec un demi-salaire minimum relevait du miracle échevelé. 

Nous n’avions ni argent pour payer une caution, ni feuille de paie convenable à présenter, juste notre sourire et notre bonne mine. Mon mari cherchait un autre mi-temps pour assurer notre subsistance. Pensant trouver des renseignements pour un emploi dans la région, il appela une chrétienne.

Cette dame ne pouvait rien faire pour lui. Mais quelques jours plus tard elle nous rappela en disant : « je ne peux pas vous trouver un travail à mi-temps, mais je peux vous prêter gratuitement ma maison de campagne pendant tout le temps que vous travaillerez pour le Seigneur dans cette région. » Il s’agissait d’un superbe chalet savoyard dans un village des environs, en altitude, à l’air pur, avec un grand jardin, et tout meublé en plus! 

Pour louer ça, il nous aurait fallu débourser mensuellement quatre fois le salaire de mon mari ! Nous nous serions contentés d’un HLM miteux, mais Dieu est bon, et il prend tellement bien soin de ses enfants !!!

Douze ans ont passé depuis, et nous n’avons cessé de voir Dieu à l’œuvre de cette manière. Il nous conduit, pas à pas, et au fur et à mesure, sa provision abondante et parfaite est toujours là pour nous. JAMAIS nous n’avons manqué de rien, nous avons peut-être eu de gros vertiges, des poussées d’adrénaline, et des nœuds au fond de l’estomac parfois, mais le Seigneur n’a jamais manqué au rendez-vous !

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