Dans la Bible, louange et adoration ne sont pas synonymes

Dans la Bible, louange et adoration ne sont pas synonymes

Quelle est la première mention biblique du mot ‘adorer’ ? On la trouve chez Abraham : le jeune homme et moi, nous irons là-haut pour adorer (Genèse 22.5). Par ce mot, désigne-t-il un moment d’intense louange à l’Éternel ? Non. Il désigne le sacrifice de son propre enfant Isaac. 

Il y a adoration quand Dieu compte plus pour nous que le sens même de notre vie

Dieu le sait, lui qui dit : Abraham, prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; offre-le en holocauste (Genèse 22.2). Ce qu’Abraham appelle adorer c’est – sublime confiance en l’Éternel – sacrifier le fils souhaité (je m’en vais sans enfants, Genèse 15.2), le fils annoncé (celui qui sortira de tes entrailles, Genèse 15.4). Le fils en qui s’accomplira la promesse (mon alliance, je l’établirai avec Isaac que Sara te donnera, Genèse 17.21), toute la promesse (c’est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom, Genèse 21.12). Ce fils attendu 25 ans est maintenant là. Il est tout. Or, ce qu’Abraham appelle adoration, c’est l’offrande à Dieu de ce tout. Abraham l’offre, non par une soumission fataliste mais par une foi véritable, car il dit : puis nous reviendrons (Genèse 22.5). Il ne fait pas là un ‘mensonge de finesse’ : l’Esprit Saint dira que pour la foi d’Abraham Dieu était puissant même pour ressusciter Isaac après le sacrifice (Hébreux 11.17-19). Le Seigneur Jésus explique : nous adorons ce que nous connaissons (Jean 4.22). 

Mon fils, donne-moi ton cœur

(Proverbes 23.26)  En citant : ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est très éloigné de moi (Matthieu 15.8-9), Jésus souligne que pour Dieu l’adoration ne consiste pas en paroles mais en un vrai abandon auprès de lui. L’hébreu shahah signifie s’incliner face contre terre devant quelqu’un dont on reconnaît l’autorité, se prosterner, rendre hommage. Le grec proskunéo signifie se tourner vers quelqu’un pour lui baiser les mains ou les pieds, se prosterner. Plus radicale que l’étymologie des verbes, la Bible réclame la vérité du cœur : si un homme se prosterne physiquement mais veut rester maître et propriétaire de sa vie, ce n’est pas adorer. Je suis un Dieu jaloux (Exode 20.5). Prosternez-vous devant son marchepied ; l’Éternel est saint (Psaume 99.5). 

Celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera

(Matthieu 10.39)  Selon Jésus la ‘vie’ à perdre c’est qui nous sommes (celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi, Matthieu 10.38). Et qui nous avons (celui qui aime père ou mère (et fils ou fille) plus que moi n’est pas digne de moi, Matthieu 10.37). Et ce que nous possédons (maisons ou terres, Matthieu 19.29).

Ainsi, comme Abraham, Paul relie sacrifice et culte : offrez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce sera votre culte raisonnable (Romains 12.1). Dans la loi, le culte c’est d’abord les cérémonies prescrites (Exode 3.12, Hébreux 9.21). Dans le NT, le mot culte ne désigne jamais une réunion d’église, mais le don entier de notre vie en soumission et vénération à Dieu. Notre culte, c’est nous offrir à Dieu sans réserve, par son Esprit (Philippiens 3.3).  Là seulement nous trouvons notre vie, comme a entendu Abraham : tu crains Dieu (Genèse 22.12), et : parce que tu as fait cela et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique (Genèse 22.16), toutes les nations de la terre se diront bénies par ta descendance (Genèse 22.18). Ce que Dieu avait déjà promis auparavant, Abraham s’en est montré digne. 

Être adorateur de Yahvé, c’est l’aimer et lui appartenir

Ils seront à moi, dit l’Éternel, ils m’appartiendront en propre (Malachie 3.17). Adorer consiste en cette appartenance volontaire à Dieu. Il s’agit d’être des fidèles de YHWH. C’est lui qui appelle ses rachetés : mes adorateurs (Sophonie 3.10). Voilà l’état spirituel que veut produire le premier commandement : tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, toute ton âme, toute ta force (Deutéronome 6.5).  Parmi tout ce qui peut aller de nous vers lui, ce qui prime c’est notre état d’adorateur. Jésus ne dit pas que Dieu recherche des ministères puissants (il les donne), ni même de l’adoration (au ciel il n’en manque pas), mais des adorateurs en esprit et en vérité (Jean 4.23). Pour eux c’est la vie éternelle (Jean 17).  Ils appartiennent à Christ, perdent leur vie pour lui. S’il le faut, en martyrs : ceux qui ne se sont pas prosternés devant la bête (l’antichrist) (Apocalypse 20.4). 

Notre adoration c’est une vie de fidélité, pas un moment d’extase


Fausse est l’idée d’un ascenseur : ‘remercier’ puis ‘louer’ et enfin ‘adorer’ (si adorer est vu comme un sommet émotionnel).  La nature de l’adoration se découvre dans l’épisode du sacrifice d’Isaac, et elle se précise dans l’épisode céleste où les vingt-quatre anciens adoreront et jetteront leurs couronnes devant le trône (Apocalypse 4.10) ; ce mot couronne évoque une vie entière de fidélité (2 Timothée 4.8). Entre les deux épisodes, être adorateur c’est prosterner notre vie devant Dieu, perdre notre vie pour Christ.

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