Enfants et ados en danger

Quand Internet devient un tribunal
 D’un simple clic tout peut être diffusé à un large public, sur les 
réseaux sociaux. Ce qui se passait dans une cour de récréation 
avec un petit groupe de personnes avant Internet, peut être vu 
aujourd’hui par des centaines d’inconnus sur un clic. Il est très 
facile de juger et de commenter quand on est bien protégé par 
un écran, c’est bien plus facile que dans un face à face. Il est 
douloureux pour la victime de revenir ensuite à l’école, et se faire 
insulter. Il devient impossible de s’exprimer en classe, le repli sur 
soi s’installe. 
Les réseaux sociaux inculquent aux jeunes la pensée qu’il faut 
absolument “exister”, et que cela passe par le fait d’avoir beaucoup 
d’amis inscrits sur sa page perso. Si un jeune a peu ou pas du 
tout “d’amis”, il peut se faire traiter de “no life”, et recevoir des 
messages blessants comme “on ne t’aime pas, t’es moche, t’as pas 
d’amis, etc.” à quoi s’ajoute souvent un harcèlement physique. Le 
pire arrive quand une victime est insultée sur le réseau, et que ce 
message d’insultes est soutenu par 40 “Like” ; 40 personnes qui 
approuvent cette attaque, cela prend alors une autre dimension. 
Ce n’est plus une personne seule, mais un groupe qui vous rejette 
et vous trouve sans valeur. Imaginez le choc, le sentiment de rejet. 
Certaines attaques verbales ou écrites sont d’une violence inouïe, 
et visent à anéantir l’autre “tu n’es qu’une merde tire la chasse, ce 
n’est pas normal d’être aussi laide, tu fais honte à l’humanité, tu 
pourrais nourrir les cochons, tu ferais mieux de te suicider, etc.” 
Personne ne peut entendre ça sans en souffrir. “L’adolescence 
est un âge difficile, le lycée une zone de guerre” Harlan Coben 
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Internet et les réseaux sociaux sont des outils où le pire et le 
meilleur se côtoient. “La mort et la vie sont au pouvoir de la langue” 
s’applique bien à certaines formes de harcèlement, dont certaines 
ont une issue tragique. Le film “Marion, 13 ans pour toujours” 
raconte comment Marion Fraisse fut poussée au suicide par ses 
camarades d’école en 2013. Sa maman la découvrira pendue par 
un foulard au porte-manteau. Victime d’insultes au collège et sur 
Facebook, elle dit dans sa dernière lettre qu’elle est lasse d’être 
traitée de “pute”, “boloss”, “connasse”, “grosse”, “pas de seins”, 
“On va t’arracher les yeux, te faire la peau…” Secrets et silence 
sont facteurs de séquelles, à nous de discerner les signes de 
souffrance chez les ados et les aider à partager leur vécu. 
Savez-vous ce que regardent vos enfants, vos ados sur leur 
portable, ou leur ordi ? Savez-vous s’ils courent ou pas un danger ? 
Quelle prévention faire dans la cité, l’école et la famille ? Comment 
informer les plus jeunes sans les affoler ? Dans ce livre, les thèmes 
abordés concernent le milieu scolaire généralement de la 6° à la 
seconde, plus souvent les 11 à 15 ans, dans un contexte rural ou 
urbain et des catégories sociales favorisées ou pas. Nous verrons 
aussi quelle prévention est possible. 
Ce livre est centré sur les enfants, les ados, le harcèlement, et 
certaines formes de sexualité précoce qui ravagent cette génération. 
Nous verrons que ces dernières années en France, la prostitution 
des mineurs a pris de l’ampleur et peut toucher toutes les familles. 
Le “recrutement” s’opère sur les réseaux sociaux Snapchat, 
Instagram, les tchats en ligne pour les 13 à 17 ans. L’influence 
de la pornographie à ces dérives est considérable. Mon but est 
d’informer, de proposer des pistes pour aider ados, les parents 
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et ceux qui les côtoient.  Ecrire sur la prostitution des mineurs 
n’est pas simple, il faut éviter les détails sordides sans masquer la 
réalité, ce qui n’est pas toujours facile. J’espère que l’indignation 
suscitée par certains passages, se transformera en compassion 
pour les victimes, et en solidarité sur le terrain. Cette génération 
traverse un champ de mines et a besoin de notre aide. 
Nous verrons que les réponses de prévention ne sont pas toutes 
dans le camp des politiques, et que la famille reste l’espace 
privilégié pour éduquer, informer et protéger. Cette génération 
est en danger, ne baissons pas la garde, et ne croyons pas que 
cela ne peut pas nous arriver. Soyons vigilants même si nous 
habitons un quartier sans risque, et que nos enfants ne traînent 
apparemment jamais. Pour le pire ou le meilleur, Internet est aussi 
très actif jusque dans leur chambre.  
Le chant des sirènes séduisant les marins qui se jetaient dans les 
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 lots pour les rejoindre et se noyaient sans jamais les atteindre 
n’est plus audible sous la voile d’Ulysse mais sur la toile de nos 
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 ils. Pirates et naufrageurs s’inspirant de cette légende allumaient 
de faux phares pour égarer les bateaux, les fracasser contre les 
rochers et les dépouiller tranquillement. Les ados faciles à berner 
sont plus que jamais les cibles de sirènes et pirates virtuels aux 
mêmes fins cruelles. A nous de les avertir des dangers, et de les 
guider dans la navigation délicate de l’adolescence.