La femme peut-elle parler ou enseigner à l'église ?

La femme peut-elle parler ou enseigner à l'église ?

Les textes le plus souvent cités :

Pendant l'instruction la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ni de dominer l'homme. Qu'elle se tienne donc en silence.
C'est Adam, en effet, qui fut formé le premier. Eve ensuite. Et ce n'est pas Adam qui fut séduit, mais c'est la femme qui, séduite, tomba dans la transgression.
Cependant elle sera sauvée par sa maternité, à condition de persévérer dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie.
1 Timothée 2.11-15

Comme cela se fait dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées: elles n'ont pas la permission de parler; elles doivent rester soumises, comme dit aussi la Loi. Si elles désirent s'instruire sur quelque détail, qu'elles interrogent leur mari à la maison. Il n'est pas convenable qu'une femme parle dans les assemblées.
1 Corinthiens 14.33-35

Le dilemme

Soit on applique à la lettre tous les préceptes de Paul à Timothée, voire de la Bible : laver les pieds, lever les mains au ciel, faire obéir les esclaves, doubler le salaire pour les bons anciens, remarier ou écarter les jeunes veuves, faire taire les femmes, boire du vin (oui, il l'a dit!), limiter le fitness.… soit on interprète.

L'interpréter, ce  n'est pas diminuer la valeur de la Bible, bien au contraire. Pour comprendre le message de Dieu au-travers de sa Parole, il est important de bien comprendre le contexte de sa rédaction et d'en vérifier la traduction.

Le contexte

Paul veut limiter des débordements et l’influence de certaines femmes dans des situations données. On ne peut pas appliquer tels quels ses préceptes sans tenir compte de leur contexte.

La société grecque, comme la juive, ne reconnaît pas le droit à l’éducation intellectuelle et spirituelle des femmes, les reléguant à la maison. (« Que les paroles de la Torah soient brûlées plutôt que mises entre les mains d’une femme. » Talmud, Sota 8.10a) Seules quelques femmes de familles aisées et de culture grecque pouvaient rivaliser intellectuellement avec les hommes.

Ephèse, où vit Timothée, est un haut-lieu du culte d’Artémis, déesse de la fertilité, d'où l'importance des femmes et des prêtresses. Certaines, face à une société machiste, pensaient qu'une petite revanche ferait du bien...

L'Église est touchée par des mouvements hérétiques qui renient les bases de la foi. 1 Timothée 1.20 ; 4.1-3  ; 5.15 ; 5.20 ; 6.3-10 ; 6.20-21… Certains (pré-gnostiques) prétendent que la connaissance a été apportée par Eve et combattent le mariage. On trouve des traces de ces enseignements dans des évangiles apocryphes.

De nombreuses veuves, avocates ou propagatrices de fausses doctrines, prennent l’ascendant sur l’Eglise d'Ephèse.

L'église de Corinthe connaît aussi bien des problèmes avec des nouvelles converties, d'anciennes prostituées sacrées descendues de l'Acropole de cette ville.

Dans les premières églises, perpétuant la tradition hébraïque, hommes et femmes sont séparés comme dans les synagogues. Un brouhaha est dû aux questions posées par les femmes à leurs maris de l’autre côté de l’assemblée. Nous avons fait le test à l'église d'Avenches... ce n'était pas triste :-)

Le texte

1 Timothée 2.12 : - Enseigner : didasko = donner des directives normatives. Le Nouveau Testament n’était pas encore rédigé. Les Apôtres et Paul étaient garants de l’orthodoxie de la foi et ne pouvaient pas permettre à chacun d'y ajouter son grain de sel.

- Dominer : authenteo = gouverner, prendre le pouvoir, être instigateur (d’un meurtre…), tuer de ses propres mains… La femme n'a pas à prendre sa revanche.

- En silence : hèsuchia = toujours traduit par tranquillité, calme. Traduit seulement ici par silence (doit-on vraiment remercier le traducteur ?).

v. 13-14 : Réponse à la doctrine gnostique : Eve n’a pas donné la connaissance. Au contraire, elle a fait chuter Adam. Elle fut séduite à cause de ses sentiments, et Adam désobéit en toute connaissance de cause.

v. 15 : La femme sera sauvée (comme l’homme, d’ailleurs) par Jésus qui est venu par la maternité d’une autre femme, Marie. Ce passage est à mettre en parallèle Avec Romains 5 où Paul écrit que le péché est entré dans le monde par une homme, Adam, et le salut apporté par un autre homme, Jésus-Christ.

1 Corinthiens 14.34 : Comme le dit aussi la Loi : Paul est imprégné de la culture juive. Il est intéressant de constater la distance que Paul garde dans ses Epîtres avec la Loi juive... et qu'il l'utilise ici pour justifier sa position vis-à-vis des femmes.

v. 35 : Parler : laleo = émettre un son, discourir, raconter, bavarder… Les femmes étaient donc invitées à poser les questions à leur mari après l’office, et non au-travers de l’assemblée.

Des traductions bibliques révèlent la mentalité de certaines époques où il était difficilement concevable qu’une femme exerçât un poste à responsabilité.

L'évolution historique

La société était hyper-masculinisée. Par contraste, Jésus a donné de l’importance aux femmes. Elles furent d'ailleurs les premiers témoins de sa résurrection. Le ministère féminin a existé dans l’Eglise primitive, mais était peu répandu. Il le sera encore moins par la suite, reléguant les femmes aux tâches subalternes.  Un citation pour vous faire hurler ? Elle est de Tertullien, un Père de l'Eglise, vers 200 : " Femme, tu es la porte du Diable... C'est à cause de toi que le Fils de Dieu a dû mourir. Tu devrais toujours t'en aller vêtue de deuil et de haillons afin d'expier en toi ce qui dérive d'Eve."

A partir de la Réforme, un mouvement inverse s'amorce. Luther lui-même a dit : "L'ordre, la bienséance, l'honneur exigent que les femmes se taisent lorsque les hommes parlent; mais lorsqu'aucun homme ne parle, il devient nécessaire que la femme prêche." Dans les Eglises issues de la Réforme et des mouvements de réveils, on trouve actuellement toutes les positions, de la plus fermée à la plus ouverte. L'Eglise Catholique Chrétienne (séparée de Rome) ordonne des femmes prêtres, tout comme l'Eglise Anglicane.

Aujourd'hui

Ephésiens 5.21-25 : Soumettez-vous les uns aux autres; femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur (...) Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle.

Galates 3.28 : Il n’y a plus l’homme et la femme. Dans le service, il y a plus important.

Vivons et travaillons en Eglise dans la soumission mutuelle, valable pour tout chrétien, homme ou femme. Je ne crois pas au leader tout-puissant qui n'a de comptes à rendre à personne mais à la redevabilité, au travail d'équipe et à la complémentarité dans le respect et l'amour réciproque. Il y a certes des rôles dirigeants, mais la seule tête est le Christ. (Ephésiens 1.22)

Remarquons que les tâches subalternes moins valorisantes peuvent tout aussi bien être exercées par les hommes !

Le but ici n'est pas de porter des jugements sur des groupes ou des milieux divers mais d'ouvrir des horizons de réflexion. La pluralité des opinions a toujours existé dans le christianisme. Il suffit de voir la multitude des Eglises. Des contextes culturels, historiques ou locaux peuvent pousser dans une direction plutôt qu'une autre. Nous sommes cependant appelés à nous comprendre et à nous apprécier même si nous ne partageons pas toujours les mêmes avis.

Moi qui suis prisonnier à cause du Seigneur, je vous demande donc instamment de vous conduire d'une manière digne de l'appel qui vous a été adressé : soyez toujours humbles, aimables et patients, supportez-vous (= portez, tenez fermement) les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de conserver l'unité que donne l'Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres. 
Ephésiens 4.1-3

Abandonnons les réflexes machistes ou féministes. Encourageons-nous à servir le Seigneur et aimons-nous les uns les autres selon Jean 15.17.

Complément d'enquête

La Bible cite-t-elle des ministères féminins ? Ils sont rares, mais ils existent.

Déborah était juge et prophétesse en Israël. Juges 4.4

Hulda était prophétesse. Son message fut à l'origine d'une importante réforme religieuse en Israël. 2 Rois 22.14

Hommes et femmes étaient disciples de Jésus et se sont retrouvés dans la chambre haute après l’Ascension. Actes 1.14

Je répandrai mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles seront prophètes. Actes 2.17-18

Les 4 filles de Philippe prophétisaient. Actes 21.9

Junia(s) est episemos apostolos = « estampillée apôtre » ou « considérée comme apôtre » (et non « considérée par les apôtres »). La Bible du Semeur traduit : « Andronicus et Junia... ce sont des apôtres remarquables ». Avec son compagnon, elle est donc apôtre, même si certains traducteurs de nos bonnes vieilles Bibles ont eu du mal à l'admettre. Romains 16.7

Phoebé est diakonos = diacre, ministre. Romains 16.1. Le même mot qu'utilise Paul pour lui-même dans Ephésiens 3.7 et pour Timothée dans 1 Thessaloniciens 3.2. Certains traducteurs choisissent d'appliquer aux femmes le mot diacre et aux hommes celui de ministre.

Evodie et Syntyche ont été collaboratrices de Paul et ont participé à ses combats. Philippiens 4.2-3

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43 commentaires
  • roup.tsiglari Il y a 5 mois

    Bonjour à tous, il me semble que cette analyse est d'avantage le fruit des idéologies contemporaines (le féminisme, l'égalitarisme...etc), que l'approfondissement des Écritures Saintes. On pourrait démontrer facilement l'incohérence de ces idées au regard de l'histoire, mais là n'est pas le sujet même si c'est lié je pense. L'égalité homme femme n'existe pas dans la vie réelle ainsi que dans la Bible. C'est un angle d'analyse fallacieux. Les femmes et les valeurs féminines sont plus adaptées pour certains domaines que les hommes est vis versa. Les hommes sont meilleurs que les femmes dans certains secteurs (pas seulement sur le plan physique) Les differences entre les hommes et les femmes sont complémentaires et apportent une armonie entre eux. Ce n'est pas plus valorisant pour une femme de dominer sur l'homme, d'avoir le pouvoir où l'autorité. Évidemment il peut y avoir des exceptions, mais cela n'est pas la norme. Vouloir a tout prix appliquer aux femmes des tâches plus adaptées aux hommes, est une hérésie, car Dieu n'en n'a pas voulu ainsi, il a dit que "l'homme dominera sur elle". Et pardon mais c'est à cet épisode là que Paul fait référence quand il dit "comme le dit aussi la loi", car vous devez comprendre que le mot loi peut vouloir dire des choses différentes, il peut vouloir dire la loi de Moïse, et effectivement de cela Paul s'en détache, il peut vouloir dire "Torah" ou bien "toute Ecriture inspiré de Dieu. (Tout l'ancien testament). Et quand Paul dit cela c'est à la Torah qu'il se réfère, a la genèse et non à la loi mosaïque, 1 Timothée 2:12-14 prouve cela, nuance. Autre exemple, Jean 15:25, le mot loi est utilisé alors que Jésus fait référence au Psaume. Car si vous voulez lors de la traduction en grec le mot Torah a été traduit par le mot le plus proche, c'est à dire"loi". Mais le Torah ne se résume pas qu'à la loi de Moïse. Alors non Paul ne fait pas de deux poids deux mesures.
  • Jean-Pierre NGOY Il y a 1 année, 4 mois A voté(e) "Oui, bien sûr !"

    Tout simplement parce que le Saint Esprit est Souverain et appelle qui il veut et qualifie qui il veut. Je ne suis pas emprisonné dans les considérations machistes. Je me soumets à la volonté souveraine de Dieu.
  • Marie Il y a 1 année, 5 mois A voté(e) "Oui, bien sûr !"

    Pour moi Jésus n'a choisi ni homme ni femme pour évangéliser dans le nouveau Testament, Jésus et ses disciples allaient de lieu en lieu accompagnés des femmes pour annoncer la vérité. Jésus à aussi répandu Son Esprit sur toute chair" c'est ce que dit la Parole
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