La passion du Christ

La passion du Christ

Malgré la force d’un monde qui perd le sens de la vérité, où la réalité semble avoir perdu sa forme, où tout est considéré comme normal, où toutes les actions deviennent moralement équivalentes, où le mal n’est plus en contraste avec le bien, où, ayant perdu la réalité du bien, chacun est fasciné, charmé, attiré et séduit par ce qu’il conçoit comme " son bien ", bien plus, dans le contexte d’un art comme le cinéma où toutes les techniques contribuent fortement à accentuer la confusion entre le réel et l’imaginaire, entre la vérité et la fiction, la vérité de la Bible, à l’épreuve du temps, perce et demeure toujours inébranlable.

C’est avec empressement et gratitude que nous avons répondu, mon épouse et moi à l’invitation d’une famille amie pour aller voir ensemble ce film. Toute la médiatisation des commentaires sur le film en question avait déjà réveillé en moi le désir de me faire une opinion personnelle sur ce sujet qui touche le domaine existentiel. Prenons garde de demeurer toujours incertains, sceptiques, neutres ou passifs sur les questions que nous savons existentielles, alors que nous nous enlisons dans le déséquilibre curieux de n’être zélés, ingénieux et très engagés que pour les choses temporelles de la vie.

L’être rationnel s’affirme lorsque ses idées et ses actes procèdent véritablement d’une conviction personnelle, au lieu d’être une perpétuelle réponse aux idées et aux actes d’autrui, ce qui constitue deux manières d’être dépendants des autres, par les idées et par les actes. Prenons donc garde de tomber dans le piège de nous persuader nous-mêmes d’avoir nos propres convictions alors qu’en réalité nous sommes sur des positions incroyablement influencées par les idées des mass média et du plus grand nombre. Dans son livre " Se comprendre et comprendre les autres ", Larry Crabb écrit " Nous donnons à notre vie une direction qui est fonction de la perception que nous avons de nous-mêmes et de ce qu’est la vie. Si cette perception est fausse, nous orientons alors notre marche insensée vers la mort. " (123). Veillons aussi à garder nos convictions ouvertes, disposé à changer le point de vue auquel nous tenons farouchement, si une nouvelle perception des choses nous convainc de la nécessité de le modifier.

2- Les impressions significatives que m’a laissé ce film

Ma première motivation était en fait d’aller voir ce film pour comparer la conformité du scénario avec ma compréhension des Écritures. Ainsi, dès que la projection a débuté, plusieurs sentiments se sont entremêlés dans mon cœur.

  1. Anxiété : l’anxiété de faire face à une hypothétique erreur flagrante qui viendrait décevoir mon attente de croyant qui considère ce film comme un moyen complémentaire de véhiculer la vérité. Ne voyant pas d’erreur flagrante, cette anxiété allait en s’atténuant pour laisser, à la fin du film, place à un sentiment d’émerveillement devant ce véritable chef-d’œuvre parce que la chose la plus importante n’a pas été altérée.

  2. Émerveillement : Pour comprendre mon émerveillement, relativisons les choses : il convient de noter que dans les récits évangéliques de la Bible qui relatent la mort du Christ, il y a d’une part les facteurs historiques qui ont concouru à l’accomplissement du décret de sa mort et d’autre part, les raisons profondément divines qui ont présidé à cette crucifixion. Dans les saintes Écritures, l’importance morale, la signification religieuse ou les raisons profondément divines des faits et des événements dominent de beaucoup les autres éléments historiques et chronologiques. Dans ce film, le réalisateur Mel Gibson jette les projecteurs sur la reconstitution de ces facteurs d’ordre purement matériel. Les commentaires qui divisent le monde sur ce film portent sur ces éléments extérieurs qui sont d’une importance secondaire pour la formation de la foi. On souligne certaines aberrations d’ordre historique, mais ces quelques erreurs historiques n’altèrent point la vérité. Quelle vérité? La vérité fondamentale. Non point la vérité concernant les éléments historiques, mais celle concernant l’essence du message divin sobrement libéré à travers les monstruosités, l’horreur et les atrocités de l’événement de la croix. Dans le film, cette vérité est présente. Quelle vérité ? Le pourquoi divin de cet événement, c’est cela la vérité divine. C’est cette vérité-là qui est offerte à un cœur qui cherche à connaître la vérité. Cette vérité-là est la chose la plus importante à connaître afin que l’être humain puisse saisir la vraie le bon sens de la vie.
  3. Horreur et violence ? Au juste, Christ n’a-t-il pas souffert ? Nous disons plutôt bravo à Jim Caviezel qui s’est prêté à cette imitation du Christ pour reconstituer, dans les limites du supportable et en s’aidant d’autres techniques de trucage, les souffrances simplement physiques de Christ. Bravo aux acteurs, actrices, figurants et tous les autres contributeurs qui ont été poussés à leur maximum d’excellence par Mel Gibson, ce réalisateur pointilleux. Par ce chant chrétien qui dit : " Je ne saurais jamais le prix de tout ce qu’il a subit. " prenons garde de réduire à la dimension qui nous convient les souffrances que Christ a endurées…POUR VOUS, cher lecteur ou lectrice!

  4. Réalisme: Pourquoi se priver de la liberté d’aller voir ce film ? Ma compréhension de la foi ne me permet pas de dire que le visionnage de ce film permet de croire. L’homme voudrait toujours voir pour croire. Mais le principe de Dieu est totalement inversé : Il faut croire pour voir. Les uns suivent ce film en se laissant secouer par les mouvements d’émotions humaines. Puis à la fin, tout est froidement oublié comme on oublie les sensations fortes après une séance de montagnes russes. Pour d’autres il peut se déclencher une démarche de recherche persévérante qui peut déboucher sur une formation ou un affermissement de la foi. La foi c’est être amené à comprendre, c’est-à-dire à déceler et saisir le mystère de la passion et de l’engagement du Christ cachés derrière l’accomplissement de l’acte monstrueux de la crucifixion.

Conclusion : Olivier O’Donovan : "  La connaissance est la manière caractéristique dont l’homme participe à l’ordre cosmique…Connaître revient à occuper une place tout à fait spécifique dans l’ordre des choses, la place allouée à l’homme…L’homme est toujours une créature à qui il revient de penser et de connaître; mais son savoir n’est plus cette communion avec la vérité des choses qu’il devrait être, c’est un mésavoir, fait de confusion et d’erreur ".

L’humanité a besoin de retrouver le souffle de l’aventure qui incline à réfléchir sur les questions existentielles. Ce film se prête bien à cette aventure.


Le pasteur Jacques Ndong est ingénieur de formation et détenteur d’un baccalauréat en théologie de l’Institut Biblique du Québec (IBQ). Depuis le 1er septembre 2002, il est à l’emploi à l’IBQ où il assiste le Président de cet établissement dans l’étude et la réalisation des centres d’extension de l’IBQ au sein de la Francophonie. Il est au Canada depuis 5 ans avec Charlotte son épouse leur fils Robin et leur fille Elysa Monica Grâce.

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(Romains 1.16)

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