Le patois de Canaan

Le patois de Canaan

A l’heure de la mondialisation et des relations internationales, nos enfants apprennent une ou plusieurs langues étrangères afin de disposer d’atouts supplémentaires pour faire de bonnes études ou décrocher un meilleur travail. Ces langues sont indispensables pour pouvoir communiquer avec les divers citoyens de ce monde, qui ressemble de plus en plus à un village global. Comment imaginer voyager à l’étranger aujourd’hui, sans parler un peu d’Anglais, ou d’Espagnol ?

Dans un parallèle tout aussi intéressant, de plus en plus de provinces de France prônent le retour aux langues régionales autrefois abandonnées au profit du seul Français: Les dialectes et patois sont maintenant dans certains endroits proposés à l’apprentissage, parfois dès la maternelle, comme étant un élément majeur de l’ identité culturelle. Ce phénomène se constate dans beaucoup de pays du monde.

Notre siècle est celui de la communication et de l’apprentissage des langues !

De la même manière, il existe en parallèle à ces langages officiels, un dialecte discret, parfois impossible à comprendre pour les non-initiés, parlé par des groupes de personnes qui professent pourtant leur désir d’ouverture sur le monde entier.

Ce langage porte un nom, il est appelé par ses locuteurs Francophones “le Patois de Canaan” en référence à la terre que l’Eternel Dieu promis au peuple Hébreu lors de sa sortie d”Egypte, et qui devint plus tard, le pays d’Israël.

Très souvent lors de nos rencontres, au sein des assemblées, ou à l’occasion de conversations informelles, nous utilisons en effet pour communiquer, un langage qui semble réservé au seul usage interne des églises évangéliques. Cette langue très particulière, ne dispose pas d’une grammaire propre, mais est par contre riche d’un vocabulaire très varié, qui s’apprend au cours des années de fréquentations du monde évangélique, et qui fait le plus souvent référence à des images et des expressions, toutes directement tirées d’une source commune: La Bible.

Après quelques années passées dans cet univers devenu familier, ce dialecte qui ne manquait pas de nous surprendre lorsque nous fîmes sa rencontre au détour de conversations “fraternelles”, n’a peu à peu, plus aucun secret pour nous. Aujourd’hui, à l’instar de celui ou celle qui apprend une nouvelle langue, nous manions à plaisir des expressions dont autrefois le sens nous échappait. Il nous permet de faire étal discrètement de notre savoir Biblique, et aussi de signifier à nos interlocuteurs notre appartenance au groupe des “nés de nouveau” ou “convertis”.

Qui de nous n’a pas entendu ou sois-même parlé ainsi ?

Untel est encore du monde...quand j’étais un païen, je vivais dans la chair... elle est retournée à ce qu’elle avait vomi... le vieil homme doit mourir... Seigneur, merci de bénir nos serviteurs... Il doit offrir son Isaac sur l’autel...” et que dire des paroles de ce beau chant ancien où nous affirmions tous en choeur “n’aspirer qu’à nous immoler... “ Certains reconnaîtront...

La liste des ces expressions est longue et varie en fonction des régions, de l’histoire de chaque communauté, des pasteurs qui y ont travaillé, de leurs thèmes favoris ...

Chaque corporation, chaque profession, chaque club de sport ou de loisir quel qu’il soit, dispose ainsi d’un vocabulaire propre, spécialisé, faisant référence à des connaissances, des habitudes, des personnes, des rites communs... donc rien de plus naturel, que les croyants partagent eux aussi un jargon qui leur permette d’exprimer leurs expériences en étant compris de tous.

Là où son utilité pourrait être remise en question, c’est quand sans nous en rendre compte, nous l’importons dans notre vie de tous les jours et l’utilisons même au beau milieu de conversations avec des amis, des membres de nos familles ou des collègues, totalement étrangers à notre univers d’église !

Je me souviens d’une fois où, un pasteur, au coeur d’une discussion portant sur son assemblée, oublia totalement que nous partagions un repas avec plusieurs “inconvertis” et se mit à parler des “chrétiens” pour nommer les membres de son église. Une fois ce collègue parti, un membre de ma famille me posa cette question embarrassante: “Quand vous vous appelez entre-vous des chrétiens, alors pour vous, nous sommes quoi ? De vulgaires païens ? Et notre religion, notre culture, elles ne comptent pas à vos yeux ?..."

Que dire aussi de la surprise d’une personne entrant pour la première fois dans une église, nous entendrait saluer la moitié de l’assemblée par de tonitruants “Bonjour frère X, bonjour ma soeur” , se demandant qui peuvent bien être ces gens aux fratries si nombreuses ?

Notre Seigneur nous rappelle que si nous ne sommes plus “du monde”, nous devons encore y vivre afin d’y apporter au travers du témoignage de nos vies, le message de Son Amour. Alors, en ces temps de vacances et de rencontres multiples, laissons notre “Patois de Canaan” à la maison, et communiquons “en clair” la bonne nouvelle de notre Sauveur.

Bonnes vacances à tous et à toutes !

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7 commentaires
  • jeandecoras Il y a 9 années, 8 mois

    Je vous signale la sortie d'un dictionnaire humoristique sur le sujet : http://www.lulu.com/shop/ike-onoclast/dictionnaire-patois-de-canaanfran%C3%A7ais-en-333-d%C3%A9finitions/ebook/product-21767124.html
  • Lisa Il y a 10 années, 7 mois

    Excellent commentaire ! Nous nous mettons tellement à part "nous les chrétiens", c'est vrai que nous sommes "un sacerdoce royal, une race élue", mais tellement élitiques dans notre langage que c'est vécu comme un rejet, parfois du mépris ou encore du fanatisme de la part des "inconvertis". Nous ne sommes plus dans la monde, c'est vrai, mais nous y vivons... et ce "langage canaan" zarbi est repoussant, non ? Aujourd'hui (ce n'est pas un hasard si je tombe sur ce texte), je cherche des traductions très courantes de la Bible pour mes amies inconverties qui ont envie de connaître ma foi mais ont peur de faire le premier pas car je n'ai pas de religion, j'aime Dieu et j'ai cru en Son fils Jésus. "Alors si ce n'est pas une religion, c'est quoi" ? Je demande à Dieu de toucher leurs coeurs, non pas par mes paroles, mais par La sienne, "en clair", en esprit et en vérité. Merci beaucoup M. Dufour !!!
  • Strasbourgeoise Il y a 13 années, 7 mois

    Je n'aime pas le patois de Canaan mais il faut reconnaître que pour parler des choses spirituelles on utilise un langage spirituel. J'ai médité Mat 19:12 sur les eunuques et Je crois que ce passage contient un message vraiment libérateur pour ceux qui peuvent le comprendre.
  • DAVIDOU Il y a 13 années, 9 mois

    100% d'accord avec cette pensée. Ce comportement excessif par moment, montre comment nous sommes profondemment religieux. Et la simplicité semble pour nous une barrière. Un exemple : pourquoi appelons nous ceux qui chantent dans l'église des "chantres", alors que son synonyme est "choriste", voiire chanteur. Le mot "chantre" apporterait-il plus de dimension spirituelle ? Je ne crois pas, c'est l'état du coeur et le talent qui feront la différence. Si on se met à revoir notre langage, on verra que l'on a du pain sur la planche.
  • Serge Plais Il y a 13 années, 9 mois

    le langage est symptomatique de l'écart que nous vivons avec la société. Ca part d'un bon sentiment, se sanctifier et vivre une certaine mise à part. Mais cela nous éloigne des personnes que nous voulons toucher et que Dieu nous a données comme "prochains". On a encore besoin de la grâce de la Pentecôte pour dire à chacun dans ses mots l'Evangile, sans le trahir. Je propose un petit exercice: construire un culte où l'on ne dirait aucun mot " codé". Vive Dieu, à la place de alléluia, je suis d'accord à la place de amen. au secours, à la place de Hosanna!... Très juste, en tout cas.
  • kamaha Il y a 13 années, 9 mois

    Que le nom du Seigneur soit glorifié. Qu'il nous remplisse de sa sagesse pour savoir quel mot utiliser et à quel moment, en quelle circonstance. Merci Cher serviteur de Dieu pour ce message.
  • ajwyld Il y a 13 années, 9 mois

    SUPER réflexion. Car on peut vraiement créer des barrièrs pour les gens sans s'en rendre compte. Je suis rédactrice technique de métier et je passe mes journées de travail à chercher a communiquer les idées techniques compliqués dans des mots compréhensibles par tout le monde. Je m'éforce à faire la même chose à l'église - et des fois c'est loin d'être simple. L'exemple qui me fait le plus grincer les dents: "on va partager un agape après le culte" un quoi ? ah, il veut dire qu'on va manger ensemble.