Il n’y a rien de pire que d’avoir quatorze ans, et d’arriver en vélo à l’école alors que toutes les copines arrivent en mobylette, casquées, gantées, pétouillant avec arrogance dans l’entrée de l’établissement.

J’en rêvais d’une mobylette, et je la réclamais à cor et à cri. Ma mère restait inflexible : « Ah non ! tu vas te tuer sur ce genre d’engin ! »

Après deux ans de rudes efforts pour convaincre mes parents, enfin, un jour d’automne, la surprise arriva : mieux qu’une mobylette, un « chappy ». C’était une petite moto à roues mini, qui roulait bien plus vite qu’une mobylette, et qui était tellement plus « coool ». Mes yeux brillaient : j’allais enfin pourvoir arpenter les rues de la ville à toute vitesse, faisant crisser mes pneus dans les virages, et brûlant les feux rouges avec l’invincibilité de mes seize ans.

Elle était là, sous mes yeux, tellement désirable, bleu métal...mais la terrible sentence maternelle est tombée : « Nous n’aurions pas dû acheter ça, elle va se tuer... ». En bon cartésien, mon père reconnut que le « centre de gravité était très bas et que la moto devait mal tenir la route... », tout ce qu’il ne fallait pas dire à ma mère ! Après tous ces efforts de persuasion, toutes ces instantes prières auprès de mon inflexible mère, l’engin de mes rêves était là, chez moi, me narguant, et je n’avais même pas le droit de rouler en ville avec !

Quelques aller-retours du fond du jardin avec le chien sur le porte-bagage m’ont vite lassée et la moto a été revendue. Quelques mois plus tard, mon amie Nathalie se retrouvait paraplégique après un accident de mobylette en sortant du lycée : ma mère avait raison.

Vous étonnez-vous parfois de ne rien obtenir après des mois d’instantes prières ? Il peut y avoir bien des raisons pour que Dieu ne réponde pas à une prière, mais parmi ces raisons, il y en a une que nous ne sommes pas prêtes à entendre : « je ne te donne pas ce que tu demandes parce cela risque de te tuer ». Avez-vous pensé que le bel objet de vos rêves et de vos prières pourrait être à la longue un « cadeau empoisonné » qui pourrait vous entraîner sur une pente très dangereuse voire fatale? L’apôtre Jacques nous dit « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions» (Jacques 4.3) .

Avez-vous réfléchi à la possibilité que vous ne recevez pas (ce que vous demandez pourtant avec foi), parce que vos motivations ne sont pas les bonnes et qu’en recevant vous pourriez être mise en danger ? Je vous laisse là-dessus, pensez-y ...