Piste noire

Piste noire

J’avais vu cette femme en bas des pistes quelques minutes plus tôt. Elle avait l’air très sûre d’elle, entourée de tout un groupe de skieurs chevronnés. Nous prenions le même remonte-pente, mais à l’arrivée, nos chemins se séparaient : elle s’engageait sur la piste noire, et moi, plus modestement, je partais sur la rouge. J’étais maintenant dans les télésièges qui passaient au-dessus de la piste noire. J’arrondissais les yeux devant ce mur de glace où je n’aurais certainement même pas pu virer sans faire la culbute.

J’admirais le paysage splendide et je respirais à pleins poumons l’air frais, quand un cri désespéré me sortit de mes rêveries : la femme de tout à l’heure était là, en plein milieu de la piste, complètement paralysée de peur. Assise sur l’arrière de ses skis, elle ne bougeait plus. Elle tremblait comme une feuille et ses compagnons ne pouvaient ni la convaincre, ni la forcer à avancer : un vrai mulet ! Je me sentais vraiment légère comme une plume et en sécurité dans ma balançoire. Oubliant mon devoir de compassion, un sourire goguenard  me montait aux lèvres : « Ha ! elle n’avait qu’à rester sur la rouge, comme moi ! » Cela faisait bien dix ans que je skiais au même endroit et je n’avais jamais eu le cran de chercher à faire des pistes plus difficiles. Cette femme avait dû surestimer ses capacités et s’était engagée sur une piste trop difficile pour elle ! Je me balançais tranquillement au-dessus de cette scène de désolation quand une petite voix me reprit au-dedans de moi : « toi tu restes toujours sur la rouge, mais tu ne progresses plus ! Elle, elle a eu le courage d’aller sur la noire et c’est comme ça qu’elle va faire des progrès, même si elle en pleure de peur ! »

L’apôtre Paul félicite les chrétiens de Thessalonique de ce que leur foi fait de grands progrès (2Thes 1 :3), et j’aimerais qu’il puisse faire ainsi envers chacune de nous. Cependant les progrès ne se font pas tout seuls. On ne progresse pas si l’on emprunte toujours les mêmes « pistes » : Dieu nous demande de faire régulièrement des pas de foi, de sortir de notre confort pour prendre des risques. Ce n’est jamais facile. Il est tellement plus confortable de rester dans notre routine, dans ce que nous sommes habituées à faire, dans notre assemblée, avec nos petites habitudes, entourées de nos sœurs et amies. Faire un pas de foi, c’est s’engager sur la « piste noire », c’est l’inconnu qui fait peur. Nos progrès ne se feront qu’à la mesure de notre prise de risque et de notre obéissance dans les pas de foi qui nous « coûtent ». Je dis cela en particulier pour celle d’entre nous qui sont sur le point de s’engager dans le service de Dieu : c’est une route difficile, qui demande de savoir prendre des risques et d’obéir à un appel, alors qu’humainement, la crainte nous tenaillerait. Sachez mes sœurs que lorsque Dieu nous demande de prendre des risques, c’est Lui-même qui déploie le filet sous nos pieds, et c’est lui qui nous tient debout sur les murs de glace. Courage !

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