Un petit dessin qui a une grande influence

Mais, me direz-vous, d’où vient cette idée que Dieu vivrait hors du temps, dans un éternel présent, et contemplerait le passé, le présent et l’avenir avec une égale précision ?

En ce qui me concerne, je peux seulement me rappeler que, comme jeune croyant, le bouche-à-oreille colportait ce concept de lieu en lieu.

De plus, des personnes bien intentionnées en faisaient un petit dessin que je vous résume ainsi :

Dieu était représenté par un cercle en haut d’une feuille de papier,

le passé, le présent et l’avenir par leur nom en dessous.

Suivait l’explication que notre avenir personnel, tout comme celui de l’humanité, était déjà connu de Dieu dans ses moindres détails. Il voyait ainsi le film de l’Histoire achevé.

Ce croquis était si facile à faire et procurait tant de dignité aux dessinateurs, qu’il se propageait avec une rapidité et une facilité inégalées…

Au départ, il paraît anodin et semble glorifier Dieu, alors qu’en fait, après réflexion, il le rend étrange et lointain. En fin de compte, penser qu’un être humain puisse influer sur son propre avenir ou celui de l’humanité ne serait qu’une illusion...

La prière, jusqu’alors dialogue vivant, se voile de questions : « Si rien ne peut changer, est-elle encore utile ? Dieu connaît-il depuis toujours ce que je pourrais lui dire, tout comme sa propre réponse ? »

L’intimité, l’amitié avec lui sont-elles possibles, crédibles, alors qu’il vit dans une sphère si différente de la mienne ? Dieu serait-il “tout autre“ ? 

L’évangélisation aussi se complique, car si Dieu voit déjà chaque être humain soit en enfer soit au ciel, à quoi mon témoignage peut-il bien servir ?

C’est aussi impressionnant que troublant ; cependant, rendre Dieu compliqué ne le glorifie pas.

Certes, le jeune chrétien va continuer à prier et à témoigner de sa foi, mais avec des questions embarrassantes non résolues. Il va bien lire dans sa Bible les récits d’un Dieu qui vit au milieu de son peuple et réagit à sa conduite, mais on lui expliquera alors que Dieu a une volonté révélée et une volonté cachée. Sa volonté révélée est ce qu’il lit dans sa Bible et celle qui est cachée est résumée par le fameux petit dessin…

Dieu aurait-il une volonté révélée qui dirait : « Je hais le mal ? » Et une volonté cachée qui dirait : « Le mal est nécessaire à mes plans ? » Certains le croient et ont, à cause de cela, une perspective pleine de questions et de contradictions.

Au cours de l’histoire, certains penseurs ont effectivement déduit que, puisque Dieu est créateur, tout-puissant et souverain, le mal aussi devait venir de lui. Car, selon eux rien ne peut résister à sa volonté. Il aurait ainsi créé les humains pour en accueillir certains dans son royaume et pour en envoyer d’autres en enfer, sans tenir compte de leur vie, selon une décision prise bien avant leur naissance.

Devant les questions que cela pose inévitablement, n’ayant pas de réponse, ils ont alors parlé de “mystères“.

Semer de telles idées pour ensuite se réfugier derrière ce mot, n’est-ce pas charger de lourds fardeaux sur les épaules des hommes et ne pas y toucher du petit doigt ?

Cette perspective fataliste n’a malheureusement rien de moyenâgeux. Des milliards d’êtres humains y croient sous diverses formes. Mon premier médecin de famille, universitaire, suisse et dévoué à la population, m’a confessé : « Dieu t’a choisi et donné la foi, mais ce n’est pas mon cas, Dieu ne veut pas de moi. »

Qu’en est-il au juste ? Plusieurs chapitres de ce livre répondront à cette question.

J’ai constaté, au cours de mes quarante-cinq années en mission, que l’être humain cherche désespérément des réponses aux questions les plus essentielles :

• Ma vie a-t-elle un sens ?
• Qui a créé Dieu ?
• Qui a créé Satan ?
• Pourquoi le mal ?
• Suis-je acteur ou spectateur de ma destinée ?

J’observe que la Bible répond magnifiquement à ces questions et à tant d’autres (bien qu’il reste de vrais mystères), mais que le petit dessin mentionné ci-dessus et les pensées qui le confortent, loin de répondre aux chercheurs les éloignent de Dieu et assombrissent le service chrétien.

Je prends donc le risque de partager avec vous une autre perspective, qui me paraît bien plus en adéquation avec les Écritures.

Un enfant ivoirien m’a interpellé : « J’ai posé ma question à une autorité chrétienne et même à un membre d’une secte et personne n’a pu me répondre.

Si tu me réponds, je viens à l’église dimanche et je me convertis. »

Le dialogue s’est alors engagé :

• Quelle est ta question ?
• Qui a créé Dieu ?
• Ta question est excellente et logique car tu as des parents, qui ont eux aussi des parents nés de leurs parents et ainsi de suite. Cela dit, Monsieur Peugeot, constructeur de voitures, va-t-il à la pompe à essence quand il a soif et met-il le tuyau dans sa bouche pour boire ?
• Ah non !
• Tu as raison, car Monsieur Peugeot est au-dessus des exigences qui conditionnent la voiture qu’il a fabriquée. Dieu, de même, est au-dessus de toute l’humanité. Il ne s’est pas créé lui-même, il n’a pas été créé par quelqu’un d’autre mais il est incréé. Il n’a pas eu de commencement, il a toujours existé et existera toujours. Comprends-tu cela ?
• Oui !
• À présent, si un ami te demande qui a créé Dieu, que lui diras-tu ?

L’enfant m’a alors très bien réexpliqué, à sa manière, ce que je venais de lui dire.

Le dimanche suivant il était présent au culte et se donnait au Seigneur !

Si Dieu permet de futures rééditions à cet ouvrage, j’y ajouterai des questions, des objections et des témoignages parmi ceux que je recevrai, pour tenter d’y répondre. Je ne suis nullement opposé à changer ou évoluer dans les sujets traités ici, mais à condition que les partages soient clairs, fondés sur la Bible, et non sur des pensées philosophiques complexes. Il est, en effet, facile d’être compliqué et superficiel mais bien plus utile d’être simple et profond.

Je n’ignore pas que beaucoup de chrétiens croient que Dieu est un Esprit éternel vivant hors du temps et de l’espace. Qu’il vit dans un éternel présent et qu’il voit toute l’Histoire, passée, présente et future. Je respecte ce point de vue, sans le partager.

Être d’accord de ne pas être d’accord (ou de ne pas être toujours d’accord sur tout), me paraît très sage. Jacques, dans son épître, nous dit : « La sagesse d'en haut est... conciliante. »

Sujet traité plus loin.

Cf. Mt 23 : 4

Jc 3 : 17