De l'ombre à la lumière

   J'ai 27 ans et je suis une jeune convertie. Je suis l'ainée d'une famille de quatre enfants. Quand je suis née mais parents étaient membres actifs d'un mouvement sectaire de méditation transcendantale. Mon père était même le leader de la ville où nous habitions. Beaucoup de gens venaient méditer en groupe à la maison ou alors mes parents m'emmenaient dans des locaux dédiés à cette pratique. Je n'ai jamais aimé cette ambiance, je ne me suis jamais sentie en sécurité et je sentais au fond de moi que ce n'était pas normal. On ne m'a jamais parlé de Dieu ni de la Bible, cela n'existait pas chez nous. Et pourtant déjà petite je me souviens que je le priais dans ma chambre le soir car je me sentais menacée par des présences intrusives. Mes parents étaient très immatures et ne m'ont pas laissé vivre ma vie d'enfant. Ils voulaient, surtout ma mère, que je sois mature que je parle comme une adulte. C'était en fait ma mère qui gérait et qui décidait tout en se cachant derrière la fausse autorité de mon père. Son amour était exclusif, dévorant et malsain. Rien ne devait exister à part elle. Mon père quant à lui était très occupé par sa soif de spiritualité. On peut dire qu'il n'était pas vraiment là, souvent en train de méditer, de faire des séminaires. Je sais aujourd'hui qu'il fuyait (et il fuit toujours) pour rester dans l'illusion de la lumière. Mes frères et sœurs et moi nous étions coupés du monde même de nos grands-parents paternels (qui par ailleurs étaient Chrétiens). J'ai grandi dans une extrême souffrance avec un sentiment de colère et d'injustice qui me rongeait le corps et l'âme. Je ne voulais pas méditer, je ne voulais pas apprendre, je voulais juste exister mais je n'y arrivais pas et je ne comprenais d'où cela venait. J'en voulais à mes parents bien sûr mais ils me choyaient et m'aimaient en me répétant que j'avais de la chance d'avoir des parents aussi éclairés qu'eux. Ils ne se rendaient pas compte mais ils me harcelaient moralement tous les jours. Notre quotidien familial n'était que violence indirecte, sarcasmes, humiliations, conflits et jalousie.
   Vers l'âge de 10 ans ma mère a commencé à se confier à moi, à me pleurer dans les bras et à dénigrer mon père. Je me suis mis à le haïr profondément et à admirer ma mère qui se montrait comme une femme victime mais dévouée. Elle me mentait, me manipulait et était prête à tout pour me garder avec elle. Je ne m'en suis rendue compte que bien plus tard. J'avais toujours cette impression de ne pas exister. Je n'étais là que pour consoler ma mère, je vivais à travers son mal. Sans elle je n'étais rien. J'avais l'impression d'être tellement différente des autres. J'avais du mal à l'école, je n'avais aucune créativité, aucun désir. Et puis petit à petit une vocation est née : je voulais aider les autres, les écouter les conseiller. Après le lycée j'ai donc fait des études de psychologie. Ces années ont été très difficiles, je me suis enfoncée dans la dépression, les troubles alimentaires, la drogue, la mutilation. J'étais comme tiraillée entre la lumière et les ténèbres. A la fois je me disais : "il faut que je m'en sorte" et d'un autre côté je ressentais une puissante envie de me tuer et d'en finir avec toute cette souffrance dévorante.

   Je sais aujourd'hui que pendant toutes ces années Dieu me cherchait et veillait sur moi. Il y avait des signes sur ma route (des chrétiens qui venaient me parler dans la rue par exemple) mais je n'étais pas encore prête à les accueillir. Je cherchais sans relâche un sens à mon existence et plus globalement un sens à l'humanité. J'avais l'impression de voir le monde s'accélérer et s'effondrer sous mes yeux, j'avais peur et tout était à mes yeux que perversion et destruction (comme ce que j'avais vécu toute ma vie). J'ai obtenu mon diplôme de psychologue et j'ai trouvé du travail dans un hôpital psychiatrique. Là-bas j'ai rencontré une chrétienne, nous avons beaucoup parlé pendant plusieurs mois, je lui posais des questions, lui faisais part de mes doutes, de mon incompréhension par rapport à Dieu et à ses intentions. Petit à petit j'ai réalisé que mes aspirations, mes valeurs, ma compréhension du monde et des relations entre les hommes étaient semblables au message de Jésus Christ. De la même manière, tous mes doutes et toutes mes craintes trouvaient une réponse dans les écritures. Tout prenait enfin un sens.

   Aujourd'hui je ne me sens plus effondrée. Au contraire je suis fortifiée et je peux enfin être ce que j'ai toujours été au fond de moi. J'ai pardonné à mes parents et je leur ai demandé pardon pour les avoir détesté et maudit tous les deux. Ils ne veulent rien reconnaître mais cela n'a plus d'importance pour moi et je prie pour que le Seigneur les délivre ainsi que mes frères et sœurs. Je sais que le Seigneur Jésus est avec moi malgré les obstacles. Je fais face à des puissances spirituelles extrêmement puissantes (notamment francs-maçonniques) au travail. Je suis encore en CDD et je suis harcelée moralement par mon chef. Il écrit des rapports diffamatoires à mon sujet, me donne des objectifs flous pour me pousser à la faute. Je sais pourtant que je fais du bon travail et que je suis là où je dois être c'est-à-dire auprès des malades et des équipes soignantes. Je prie pour que la vérité et la justice triomphent. Je sens les puissances du mal qui rôdent autour de moi et je me sens parfois dévorée de l'intérieur. Mais je sens aussi l'amour de Jésus qui m'entoure et me protège. Je sais que cette situation injuste et éprouvante est un cap à passer. C'est aussi une opportunité pour renforcer ma foi, apprendre à mieux maitriser mes émotions et pardonner malgré le mal qu'on me fait. Les épreuves peuvent devenir des cadeaux. Nous devons tous garder confiance car le Seigneur nous accompagne et ne nous abandonnera jamais.