Déportée à l’âge de deux ans

Lors des événements de 1975, toute ma famille (nous étions huit enfants) fut déportée en province. Lors du trajet, une de mes soeurs disparut. Peu après, mon père nous quitta. J’étais bien trop petite pour comprendre la gravité de ce qui nous arrivait.

Notre vie dans les camps de travaux forcés fut terrible. Tenaillés par la faim, nous ne pensions qu’à trouver à manger. Ma mère se privait de nourriture pour nous la donner. Extrêmement faible, elle mourut de faim. Cinq de mes frères et soeurs la suivirent.

Plus je grandissais, plus les problèmes quotidiens m'accablaient : la faim, la maladie, la souffrance, le fait d'être orpheline. Tout s’accumulait, me laissant sans espoir. Dans ces temps de douleur, je me sentais si seule que je souhaitais désespérément voir le visage de ma mère, pouvoir me blottir dans ses bras. Je ne savais que faire, vivant un véritable cauchemar sans ma mère et mes frères et soeurs disparus et sans pouvoir reconnaître le visage de mon père si je l’avais rencontré. J’avais peur de tout ce qui m’entourait.

Libérée pour tomber sous un nouveau joug

Heureusement, en 1979 le pays fut libéré du régime de Pol Pot. Je pus rentrer dans ma ville natale avec une de mes soeurs qui avait survécu. Nous avons réussi à trouver d’anciens voisins de la famille de ma mère. Comme nous étions seules, nous leur avons demandé de vivre chez eux. Ils acceptèrent à condition que nous travaillions pour eux. Ma soeur devint bientôt leur esclave. Ils nous traitaient durement. Nous sommes restées environ un an et demi avec eux.

C’est à cette période que j’ai attrapé une mauvaise rougeole qui fut mal soignée. Personne ne s’occupait de moi, surtout pas ma famille d’accueil ! Suite à cela, mon dos ne s’est plus développé normalement.

Peu après, mon oncle et ma tante nous retrouvèrent et voulurent nous emmener vivre avec eux mais notre famille d’accueil s’y opposa fermement : ma soeur et moi leur étions bien trop utiles ! Toutefois, retrouver notre famille avait fait naître en nous l’espoir d’un avenir meilleur.

Un jour, nous avons réussi à nous enfuir de cet endroit infernal. Nous sommes allées nous réfugier chez notre tante. Quelle joie après ces longues années de souffrance !

La maladie, la différence

Quelques mois plus tard, mieux nourrie, je recommençai à grandir comme n’importe quel autre enfant. excepté mon torse. Réalisant que je ne grandissais pas normalement, mon désespoir fut immense. Jamais je ne serais une jeune fille comme les autres ! Mon oncle et ma tante me demandèrent pourquoi j’étais si différente. Autour de moi les voisins ne manquaient pas de me faire des réflexions : "Quel dommage !" Tu as un joli visage. Si ton corps s’était développé normalement, tu aurais un avenir heureux. Que vas-tu devenir ?" Que leur répondre ?

En 1981, je retrouvai enfin ma soeur aînée qui avait été séparée de nous lors de la déportation de 1975. Elle était installée à Kompong Saom. Nous nous sommes retrouvées dans les rires et les pleurs, partageant tour à tour notre histoire faite de peines et de souffrances. Nous sommes parties vivre avec elle. Pour la première fois de ma vie j’ai pu aller à l'école !

Rencontre avec des missionnaires

En 1992, j’entendis parler d’une famille de missionnaires venue vivre à Kompong Saom, qui proposait des cours d’anglais. Je me suis inscrite. Ils donnaient aussi un enseignement sur la Bible. En voyant la vie et le bon exemple de ces missionnaires, j’ai commencé à m’approcher de Jésus.
J’ai commencé à fréquenter une église : il y avait beaucoup de monde.Tous étaient Cambodgiens,  comme moi. Ils chantaient et adoraient Dieu. Craintivement, peu à peu, j’ai ouvert mon coeur à Dieu, puis, avec une grande joie, je l’ai accepté comme mon Sauveur. Jésus a guéri mon âme. Quelle expérience extraordinaire !

Une vie nouvelle

Depuis, Jésus est ma vie. Il m’a éveillée à une vie nouvelle. Maintenant, malgré ma différence (je mesure 1 m 40) je vis dans la joie et la paix. Jésus a pris ma douleur, ma souffrance, mes doutes et mes peurs et m’a donné une nouvelle vie. Je travaille comme traductrice et je suis active dans mon église locale "La Bonne Nouvelle" où je dirige la louange.

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15 commentaires
  • kyra Il y a 11 années, 1 mois

    Gloire a son sein nom Amen!! Je suis vraiment heureuse pour toi ma soeur Dieu il est capable et cest un Dieu d'amour!! .Que la paix sois sur toi !!
  • FB.patricia.filardo Il y a 12 années, 1 mois

    Gloire à Dieu, quand nous avons plus de parents comme moi, c'est Jésus qui nous donne une nouvelle famille en Christ, et là l'Amour déborde.Au début nous sommes un peu craintives, et après en en demande beaucoup d' amour c'est normal puisse qu'on en a pas eu enfant , et après pour se stabiliser ensuite c'est à notre tour de donner de l'amour au autres.Ton témoignage m'a touché, Jésus à pris ta souffrance comme moi il la prise, mon témoignage aussi est sur le Topchrétien,(Jésus ma transformée en une merveilleuse créature ).Tu sais c'est merveilleux quand on rencontre le Seigneur et qu'il nous aime d'un Amour sans limite et gratuit.Que Dieu te bénisse. Patricia
  • Dream-Girl Il y a 12 années, 9 mois

    Ton temoignage m'a beaucoup emu, que Dieu te benisse abondamment et qie ton temoignge poignant puisse servir a gagner des ames ma soeur !
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