Etre animé par un but pour les églises conventionnelles

Etre animé par un but pour les églises conventionnelles

Je suis arrivé à l’Eglise Luthérienne Bethléem dans la ville de Minneapolis en 1994. Celle-ci n’était à mon arrivée qu’une grande église vieille de plus de cent ans, tendant lentement et gracieusement vers le déclin.

Historiquement, les églises luthériennes n’exigent pas de leurs membres un niveau d’engagement élevé, et mon église n’y faisait pas exception. Dans mon expérience, il suffit juste de se rendre dans une église luthérienne une fois, de prendre part à la Sainte Cène une fois et de donner une offrande pour en devenir membre. Exiger une condition de plus pourrait être interprété comme exiger des bonnes œuvres, ce qui rentrerait tout droit en contradiction avec la grâce et diluerait l’évangile.

Malheureusement, les membres de votre église n’auront qu’un niveau d’engagement inférieur si cela est ce que vous exigez d’eux. L’équipe dirigeante de Bethléem et moi désirions plus que cela. En fait, nous voulions que les membres de notre église atteignent un niveau d’engagement élevé ; car, l’Evangile transforme les vies et exige de nous une réponse suscitant un engagement passionné.

Ainsi, il nous fallait trouver le moyen d’aider les chrétiens à croître dans leur foi sans toutefois compromettre le principe de grâce sur lequel est fondée notre église. A cet effet, Saddleback Church et le modèle de l’église animée par un but nous ont, de fait, apporté les outils que nous recherchions. En réalité, il nous est possible d’aider les croyants à mûrir dans leur foi sans mettre notre ministère ou notre mission en danger, grâce au modèle de l’église animée par un but (PDC).

En 1996, certains de nos dirigeants clés sont rentrés d’une conférence de l’église animée par un but avec les deux propositions suivantes :

Tout d’abord, il était nécessaire que nous assistions ensemble à une conférence de l’église animée par un but ; car, si seule une ou deux personnes s’y rendaient, elles auront du mal à convaincre les autres par rapport à l’importance de la conférence ; et ainsi rien ne changera.

Ensuite, nous savions qu’il fallait associer des dirigeants laïcs clés à nous dans ce processus, étant donné que nous sommes tous conservateurs.

Voilà donc pourquoi nous avons emmené avec nous un laïc de la vieille garde à la première conférence à laquelle nous avons pris part. En tant que président de notre congrégation, le respect de toute notre église lui était déjà acquis. Il est retourné chez lui, à la fin de la conférence, impressionné par notre nouvelle direction ; ainsi, il a pu apaiser les craintes de la vieille garde de l’église durant la période de transition.

A notre retour, notre façon d’adorer et notre sanctuaire n’ont connus aucune modification. Vous constaterez, si vous entrez dans notre église aujourd’hui, qu’elle est restée une église luthérienne traditionnelle. Nous chantons toujours les cantiques et je porte toujours le col de pasteur.

Cependant, nous avons immédiatement modifié notre manière de prêcher. Moi et toutes les autres personnes chargées de l’enseignement dans l’église, nous nous sommes mis à suggérer de manière spécifique aux chrétiens ce qu’il leur fallait pour croître dans leur foi.

La modification était accompagnée de l’attente que nous allions tous, y compris l’équipe dirigeante, réellement mettre en pratique nos suggestions à savoir, la lecture régulière de la Bible, des moments seul avec le Seigneur, la prière et des bonnes œuvres envers les autres.

Toutefois, aucun de nous n’a enseigné que ces activités allaient nous rendre plus agréables aux yeux de Dieu, parce que cela aurait contrevenu au principe de la grâce. Nous nous sommes mis plutôt à montrer aux chrétiens comment trouver une satisfaction plus profonde en Christ à travers les disciplines que nous leur suggérions.

Par la suite, nous avons commencé à prêcher sur les cinq buts d’une église et à les enseigner. Nous avons élaboré une série d’enseignements sur chaque but. Avons- nous pour autant mis fin à l’emploi de notre recueil officiel des passages bibliques? Oui et non. Il n’est à présent qu’un outil dont nous nous servons de temps en temps, dans la mesure où elle rentre dans le cadre de notre vision générale.

Nous avons également entrepris la transformation de la FORME en une série de leçons systématiques. De fait, nous avons mis un accent sur les cinq buts d’une église et la FORME, en axant nos sermons autour de ceux-ci, et en choisissant les passages bibliques pour lecture.

En plus, notre manière de fonctionner en tant qu’équipe dirigeante a connu un changement. Les cinq buts sont devenus la lentille par laquelle nous examinons chacune de nos décisions.

Remarquez, toutefois, que nous n’avons pas franchi ces premiers pas en hurlant après les chrétiens que nous voulions transformer notre église en une église animée par un but. Vous n’avez pas besoin de déclarer ouvertement votre intention de tout changer ; il vous suffit juste de sensibiliser les chrétiens sur le but de Dieu pour votre église.

Par ailleurs, en tant qu’équipe, nous nous sommes mis à nous servir des cinq buts pour toute activité évaluative dans l’église. Ainsi, nous avons jeté une base solide avant de procéder aux changements plus visibles.

Nous avons ensuite offert à chaque membre du conseil paroissial une copie du livre intitulé L’Eglise :une passion, une vision que chacun de nous était tenu de lire ; et qui, en plus, nous a aidé à démarrer les discussions au sein du conseil une année durant. Nous nous sommes servis en particulier du guide inclus à la fin du livre. En réalité, pendant les premières quarante-cinq minutes de nos rencontres nous discutions de L’Eglise :une passion, une vision, ensuite venait une pause de quinze minutes et durant la dernière heure nous discutions des affaires de l’église.

Ainsi, nos réunions étaient toujours centrées sur notre but en tant qu’église et non sur la couleur de la moquette. Lors de la première réunion où cela a commencé, j’ai, dès le départ, affiché la Grande Commission et le Grand Commandement au mur. J’ai demandé au conseil la démarche à suivre à la lumière de ces deux passages.

Au cours de leur discussion sur ma question, les membres du conseil ont eux-mêmes fini par trouver et proposer les cinq buts. Je n’ai pas eu à leur dire ce que nous devrions faire. Ils l’ont eux-mêmes trouvé ; c’est ainsi qu’accomplir les buts de Dieu pour notre église devint leur vision.

L’un des premiers signes de notre nouvelle direction vint à travers ce que nous avons nommé l’Etoile de Bethléem. Etant donné que le concept du base-ball en diamant qu’emploie Saddleback dans le cadre des cours pour ses membres n’a pas marché dans notre église, nous l’avons remplacé avec un acrostiche composé du nom de notre église et correspondant aux classes 101-401.

Nous avons ainsi adapté à notre contexte un concept ayant réussi ailleurs. Nous avons dispensé aux anciens membres des cours, qui constituaient en même temps un passage obligé pour les nouveaux venus. Au fils des jours, les cours pour les ceux-ci ont suscité l’intérêt des anciens membres, qui ont fini par les intégrer. Ceci a dynamisé et solidifié notre nouvelle orientation.

Cependant, avant d’opérer des changements concrets et permanents sur la structure de notre église, nous avons tenu à retourner en Californie avec une équipe composée de deux pasteurs et d’un laïc pour passer quelques jours à Saddleback, afin de vérifier si l’église était aussi bonne un dimanche matin ordinaire que lors d’une conférence réunissant 3,500 pasteurs visiteurs. Elle l’était !

Nous avons assisté aux cours de Saddleback, qui nous a autorisés à être des punaises sur ses murs. Nous avons pris part à ses cultes et réunions. Avant notre retour à Minneapolis, nous avons acheté son matériel de formation de disciples. Nous l'avons ramené chez nous et nous l’avons réécrit pour l’adapter au contexte de notre ministère.

De toute évidence, c’était pour nous le moment d’élaborer à l’intention de nos membres un contrat conforme au contexte luthérien tout en exigeant d’eux le type d’engagement requis par l’Evangile. Notre objectif était de faire signer le contrat par chaque ancien membre de l’église et de l’exiger aux nouveaux venus.

Néanmoins, nous étions assez sages pour nous garder de déclarer aux membres d’une église si vieille qu’ils cessaient de faire partie de la congrégation s’ils ne signaient pas chacun un document quelconque.

Par conséquent, la signature du contrat était facultative pour les anciens membres. Nous réservons le même traitement à ceux qui l'ont signé et à ceux qui ne l’ont pas fait. Ces derniers demeurent des membres de l’église à part entière et bénéficient toujours des mêmes soins pastoraux auxquels ils ont été habitués.

Nous constatons, cependant, une différence chez les membres ayant intégré notre église au cours de ces cinq dernières années. Ils reçoivent une bonne partie des soins pastoraux dont ils ont besoin au sein de leurs petits groupes. Par exemple, lorsqu’un chrétien est hospitalisé, il est pris en charge par un membre de son petit groupe.

Toutes les démarches que nous avons entreprises dans le sens du modèle de l’église animée par un but nous ont permis d’atteindre notre public-cible avec efficacité. Notre objectif consiste à atteindre les jeunes adultes qui ont grandi dans l’église et l’ont abandonnée plus tard, mais gardent toujours des bons souvenirs d’elle. Voilà l’une des raisons pour lesquelles nous avons maintenu notre style traditionnel d’adoration.

60 – 70% de notre congrégation ont indiqué qu’ils écoutaient la Radio Publique du Minnesota lorsque je leur ai demandé leur station radio préférée. Par conséquent, je porte toujours le col de pasteur lorsque je prêche parce que notre public cible s’attend à le voir sur moi lorsqu’il franchit la porte de notre église.

Evidemment, nous avons changé notre centre d’intérêt de même que notre but et notre vision ; mais, nous avons gardé notre identité. En fait, nous demeurons ce que nous avons toujours été.

Pour répondre aux besoins de ceux qui s’accommodent mal de notre style traditionnel d’adoration, nous avons créé, plus haut dans la même rue, une nouvelle église que nous avons appelée « le Garage de l’Esprit ». Ainsi, nous voulons faire tout ce qu’il faut pour partager l’Evangile.

Le nouveau ministère cible les enfants n’ayant jamais fréquenté d’église et issus de parents n’ayant jamais mis les pieds dans une église. A cet effet, nous avons mis sur pied le meilleur orchestre de rock de la ville. Celui-ci vient de décrocher un contrat et se fait de l’argent à présent.

Mon désir est de voir ceux que la tradition met mal à l’aise, ceux qui ne sont jamais entrés à l’intérieur d’une église conventionnelle, trouver un endroit où ils peuvent s’intégrer. Saddleback nous a inspiré dans ce sens en démontrant qu’il était possible de mettre sur pied une grande église sans un bâtiment.

Voilà six ans que le processus dure, cependant nous ne sommes qu’au début de celui de la modification de la structure et du statut de notre église. Il a fallu autant de temps pour que nous buttions sur la structure en place et pour que toute l’église se rende compte de la nécessité d’une structure nouvelle. J’espère qu’avant la fin de l'année nous aurons une structure animée par un but et un conseil paroissial visionnaire aussi bien que cinq équipes animées par un but et une équipe administrative pour soutenir le tout.

Il est certain que nous ne serions pas arrivés à notre stade actuel si nous nous étions attaqués dès le départ au statut et à l’organigramme de notre église. La modification de la structure ne saurait donc faire de votre église une église animée par un but. Il vous faut tout d’abord introduire vos buts de manière progressive dans toutes vos activités et ensuite modifier la structure au besoin. Souvenez-vous toujours de votre identité au cas où vous empruntez le présent chemin. Nous ne serons rien d’autre que l’Eglise Luthérienne Bethléem. Vous n’êtes pas obligés de devenir quelqu’un d’autre. Il s’agit-là du plan de Dieu.

En fait, devenir une église animée par un but n’exige pas que l’on abandonne sa tradition ou sa doctrine. Vous pouvez être animés par un but et demeurer conventionnels ; vous pouvez devenir tout ce qu’il vous faut être pour témoigner de Jésus-Christ. Et vous pouvez le faire de manière authentique. 

Chris Nelson est pasteur à l’ Eglise Luthérienne Bethléem dans la ville de Minneapolis.

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