Les noces de Cana

Les noces de Cana

Le troisième jour, il y eut des noces à Cana. La mère de Jésus était là ainsi que Jésus et ses disciples.

Quel était donc le premier jour à partir duquel il fut compté pour arriver à celui de cette fête nuptiale ? Dans ce début de l’évangile selon Jean, il est question de plusieurs lendemains.

Le premier mentionné est celui où Jean, voyant Jésus venir à lui, reçut la révélation qu’il avait devant lui l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1.29). Après avoir rendu témoignage qu’il n’était pas le Christ, mais celui qui annonçait sa venue toute proche, Jean déclara à nouveau, le jour d’après, que Jésus était bien l’Agneau de Dieu (Jean 1.36). Ces deux journées sont, en quelque sorte, comme une seule. Elles placent la venue de Jésus comme Sauveur qui doit être cru, écouté et suivi.

C’est ainsi que les disciples de Jean s’attachèrent à Jésus. Il ne pouvait en être autrement. Jean devait, dès lors, s’effacer et laisser Jésus paraître sur le devant de la scène. Jésus seul devait être reconnu comme le Maître et le Messie promis, sans aucune ambiguïté.

Ces deux lendemains se passèrent en Judée. Symboliquement, ils peuvent être considérés comme le premier jour, celui du début du ministère public de Jésus-Christ appelant à lui des disciples et les préparant pour l’œuvre qu’il leur confiera par la suite. C’est le commencement de la période de la grâce appelant tous les hommes à venir à Jésus-Christ et à le recevoir personnellement comme Sauveur et Maître.

Le lendemain de ces événements,, Jésus voulut se rendre en Galilée (Jean 1.43). Il est à noter qu’il faut plus de vingt-quatre heures pour faire ce déplacement et établir les contacts mentionnés dans ce passage où nous lisons que, Philippe, après avoir suivi Jésus, témoigna auprès de Nathanaël en insistant sur le fait que Jésus était celui que Moïse et les prophètes avaient annoncé. Nathanaël, figure de l’Israélite pieux qui attendait la délivrance de son peuple, fut convaincu par Jésus lui-même. C’est seulement quand il fit face à Jésus qu’il le reconnut comme l’Envoyé de Dieu, le Roi d’Israël, ce que fera demain le peuple d’Israël quand il reconnaîtra le Messie à sa venue.

Ce deuxième jour nous parle de la période au cours de laquelle le peuple d’Israël reviendra pleinement à son Dieu et acceptera le Fils Éternel comme Sauveur et Roi.

Le troisième jour, à l’occasion d’une noce, Jésus était à Cana en Galilée. Nathanaël était originaire de ce lieu (Jean 21.2), ce qui n’est pas sans intérêt.

Les invités étaient nombreux et Jésus resta à l’arrière-plan. Il n’était pas un invité d’honneur, de même que sa mère et ses disciples. En effet, Jésus se trouvait en retrait, là où l’on apprêtait ce qui était servi aux convives. Lorsque le vin manqua et que sa mère lui en fit la remarque, Jésus lui répondit : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. »

Marie était persuadée que son fils avait le pouvoir de remédier à cette pénurie. Contrairement aux disciples de la première heure et à ses autres fils, elle n’avait pas besoin de croire en lui. Certes, elle n’était pas encore arrivée à la connaissance de l’heure de la croix où elle vit son fils offrir sa vie (Jean 19.26). En ce moment de douleurs extrêmes, elle pouvait se rappeler les paroles prophétiques de Siméon lui annonçant que son fils était le Salut de Dieu et qu’un jour une épée lui transpercerait l’âme (Luc 2.25-35). En attendant cette heure qu’elle ne pouvait saisir, elle entrevoyait néanmoins que son fils était destiné à une grande œuvre et qu’il pouvait déjà venir en aide à ses contemporains.

Jésus ne manqua pas de respect dans cette réponse. Il utilisa le même terme lorsqu’il remit sa mère aux soins de l’apôtre Jean à l’heure de sa mort. Il indiqua que ce n’était pas à elle d’en appeler à l’intervention divine. La confiance de sa mère ne pouvait induire une quelconque pression, quand bien même elle provenait d’un amour maternel plein de délicatesse.

Le moment n’était plus aux relations familiales en public. « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? » et non pas « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? », telle fut la réponse, contrairement à ce que l’on dit généralement. Jésus se place ici comme l’Envoyé de Dieu, celui qui prend la première place et qui s’en va vers l’heure pour laquelle il est venu. Personne ne pouvait, dès lors, lui indiquer la voie à suivre et le conseiller sur les actions à entreprendre ou non. Dans sa seigneurie, sa pleine et entière autorité, Jésus n’avait de compte à rendre à personne.

Devant lui se dressait l’heure de la croix, celle durant laquelle il s’offrirait en sacrifice pour satisfaire la justice de Dieu afin de sauver l’humanité repentante (Jean 12.27 ; 13.1 ; 17.1). Marie ne pouvait saisir ces choses élevées à Cana, mais elle comprit par la suite, elle qui gardait en son cœur les paroles entendues à propos de son fils (Luc 2.51) et qui l’écoutait au point de ne pas s’offusquer d’une telle réponse ou de demander plus d’explications. Elle se tourna vers les serviteurs et leur dit, pleine d’assurance : « Faites ce qu’il vous dira. » et non « Faites ce que mon fils vous dira. »

Viendra une autre heure, celle des noces de l’Agneau (Apocalypse 19.7-10), fête bénie qui sera, elle-même, précédée par celle d’Israël, reconnaissant et accueillant son Messie. Les habitants de Cana, type des israélites à venir, ceux qui proclameront et serviront le Seigneur Jésus-Christ, n’étaient pas prêts à le recevoir comme tel, pas plus que les chefs religieux du peuple. Par contre, Nathanaël, image des Juifs qui crurent en lui à sa venue, était disposé à se soumettre et à le suivre, ce que semblent indiquer les paroles de Jésus à propos du manque d’honneur à son égard dans sa région lors de son premier passage, avant que sa réputation de « faiseur de miracles » ne se répande dans la Galilée (Jean 4.43).

C’est l’une des raisons pour lesquelles Jésus ne se plaça pas au premier rang lors de ces noces. C’est lui qui sera l’Époux de son peuple restauré. Cette notion n’était pas étrangère à Israël qui, bien qu’infidèle, était appelée à revenir à son Dieu (Ésaïe 62.4). Cette gloire, en rapport avec la terre, n’était pas prête à être manifestée et elle ne l’est pas encore actuellement. Ce troisième jour symbolique sera celui de l’Époux glorieux auprès de qui rien ne manquera.

À l’époque, Cana était, comme son nom l’indiquait, « le lieu des roseaux ». Le peuple et ses chefs étaient faibles comme des roseaux plantés par Dieu et balayés par des vents contraires jusqu’à la catastrophe de leur déracinement. Un jour viendra où Dieu ramènera les captifs de son peuple pour les planter dans le pays promis. Ils pourront alors planter des vignes et en boire le vin (Amos 9.14-15).

Ainsi, quand Jésus fut à Cana, le vin finit par manquer. Cela donna l’occasion à plusieurs changements et à une manifestation en gloire de Jésus. Tout miracle est lié à un contexte. Au contraire des illusionnistes et des puissants de ce monde, l’action n’est pas présentée à la vue de tous pour attirer l’attention et pour jeter de la poudre aux yeux, pour glorifier l’homme plutôt que Dieu. Pour Jésus, il en était tout autrement. Tout ce qu’il accomplissait et disait avait sa place et sa valeur. Au moment déterminé, il agissait opportunément mais aussi en vue de ce qui viendrait par la suite.

Il y avait six vases de pierre vides, destinés à la purification. Spirituellement, le peuple était plus en besoin d’un baptême de repentance que d’un festin de noces. Les vases étaient vides ! Qu’importe, puisque que la fête battait son plein. Ce n’était pas le moment de penser à la repentance et à la sanctification. Pourtant, le breuvage de la vigne vint à faire défaut. La joie terrestre sans Christ et sans sainteté ne peut perdurer indéfiniment.

Jésus donna l’ordre aux serviteurs de remplir d’eau les récipients de pierre, tels des cœurs de pierre asséchés. Chacun avait deux ou trois mesures, ce qui représentait en tout plusieurs centaines de litres. Les serviteurs versèrent de l’eau jusqu’à ras bord de chacun d’eux, ce qui met en évidence leur obéissance. Même s’ils ne comprenaient pas le pourquoi de cette action – il aurait pu tout aussi bien porter de l’eau directement au lieu de la mettre premièrement dans ces vases –, ils s’acquittèrent de leur tâche en les remplissant complètement. C’est là un exemple frappant de ce que les chrétiens sont appelés à faire lorsqu’ils reçoivent un ordre du Seigneur, à savoir l’exécuter entièrement sans raisonnement et sans murmure.

Dieu se plaît à utiliser les hommes, à les faire collaborer dans son œuvre. Jésus aurait pu faire apparaître du vin à partir de rien, mais cela n’était pas dans la pensée de Dieu qui aime à employer le peu que sa créature est capable de faire.

« Puisez maintenant, et apportez-en à l’ordonnateur du repas. »

Il leur fallut continuer à suivre les instructions, avec peut-être la crainte d’être rabroués ou tournés en ridicule. Comment l’intendant de la cérémonie allait-il les recevoir ? Par grâce, ces hommes qui obéirent furent les premiers témoins d’un miracle, et même du premier miracle de Jésus. Pour eux, quoi qu’ils fassent, il y aura un avant et un après ces noces à Cana. Ils étaient parmi les privilégiés à considérer la gloire de Jésus tout au début de son ministère public.

Comme présenté auparavant, il y eut un changement pour Marie qui comprit que son fils prenait, dès ce jour, tout le devant de la scène. Elle avait été choisie pour accueillir l’enfant Jésus et maintenant elle était appelée, bien qu’ayant une place bénie que personne ne lui retirerait, à le suivre au même titre que les disciples.

Il y eut changement pour les serviteurs qui furent mis en présence du Roi d’Israël, de Celui qui se présentait comme la délivrance et la joie de son peuple.

Il y eut changement pour les disciples qui crurent en lui d’une manière plus profonde à la vue de ce miracle. Leur adhésion de cœur et d’esprit en fut renforcée. S’il y eut des doutes, ceux-ci se dissipèrent.

Il n’y eut malheureusement pas de changement pour les frères de Jésus avec qui il descendit le lendemain à Capernaüm (Jean 2.11). Alors qu’ils refusaient sa primauté, ses perfections et sa puissance, ils voulaient bénéficier de ses actes (Jean 7.1-9).

L’intendant et l’époux ne pouvaient comprendre ce qu’il s’était passé, juste en être, avec tous les convives, les bénéficiaires. Nous ne savons si certains voulurent en savoir plus. Le Seigneur était disponible et son miracle était annonciateur des choses nouvelles qu’il allait mettre en place, non sur la base d’un ancien ordre à restaurer mais sur un nouvel ordre des cœurs et des choses.

Jésus-Christ n’était pas venu pour améliorer ou rendre ce qui manquait à l’ancien, mais pour faire toutes choses nouvelles sur la base de sa personne et de son œuvre à la croix (2 Corinthiens 5.17). Le vin nouveau qu’il présente encore à ce jour à ses disciples est meilleur que celui de l’ancienne alliance qui réclamait une sainteté impossible à atteindre par les efforts de la chair.

Prophétiquement, le vin dont il est ici question parle de la joie d’Israël, mais il est aussi une belle et précieuse image de la joie de l’Église, de l’allégresse sans fin qui remplira les cœurs à la voix et à la vue du divin Époux.

Ce premier miracle voulu par Dieu est ainsi placé pour jeter un regard sur les temps glorieux à venir. C’est la pensée du Père de montrer d’emblée le but qu’il s’est fixé, les conséquences bénies et éternelles de la venue et de l’œuvre de son Fils unique en qui il réunira toutes choses. Quelle joie alors quand le Père verra son Fils glorifié et entouré de l’Église, son épouse acquise à grand prix, mais aussi dans la présence d’Israël et de tous les croyants de l’ancienne alliance.

Pour cela, il fallut premièrement que l’Agneau de Dieu accomplisse son œuvre. Ce que Jean, fils de Zacharie et d’Élisabeth, comprit dans sa mesure et entrevit lorsqu’il put se réjouir par avance de faire partie des amis de l’Époux (Jean 3.29).

L’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, le Maître, le Messie, Celui annoncé par Moïse et les prophètes, le Fils de Dieu, le Roi d’Israël, est aussi l’Époux qui vient bientôt.

Le meilleur est devant !

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(Romains 1.16)

2 commentaires
  • Georgette Joly Il y a 4 années, 5 mois

    Oui , le meilleur est devant nous ! Jésus n’était pas un invité d’honneur , Il était là avec sa mère , mais il n'était pas encore dans Son ministère ! Un jour viendra où Dieu ramènera les captifs de son peuple pour les planter dans le pays promis , tous ceux qui à l'heure actuelle , sont encore rebelles et ne veulent pas se soumettre à Sa volonté , mais pour le moment nous sommes tous en attente de son retour parmi nous ! De ce jour glorieux et merveilleux où nous le verrons face à face et dans Sa gloire !
  • rozange Il y a 4 années, 5 mois

    Amen