RECEVOIR LA VIE - Partie 3/8

 CE QUI NOUS EMPÊCHE DE VIVRE PLEINEMENT

 
En effet, comment pourrions-nous prétendre vivre pleinement alors que nous croulons sous le poids de nos efforts ?

Quand nous nous prétendons sur le chemin de la perfection, sur le chemin du bien, nous risquons de vivre une dichotomie dangereuse,une sorte de combat entre notre volonté et nos impulsions naturelles. C’est un peu le combat mentionné par Paul dans sa Lettre aux Romains :
 
« Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir … Car je prends plaisir à la
loi de Dieu, en tant qu’homme intérieur, mais, dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence. » (7, 18-19.)
 
Voilà un combat qui nous recentre toujours sur nous-mêmes si nous n’en sortons pas. Trop de chrétiens oublient la délivrance divine opérée par Jésus-Christ, notre SEIGNEUR (offerte au verset 25 de ce même chapitre 7 et reprise au début du chapitresuivant) et voient la vie chrétienne comme un nouvel exercice spirituel consistant à garder le Christ « sur le trône », c’est-à-dire à s’efforcer de le placer au centre de leur vie.
 
Ils entrent alors dans un nouveau combat, et risquent, à chaque faux pas, de se culpabiliser encore plus que lorsqu’ils ne s’inquiétaient pas de Dieu.
 
 
UNE MYSTIQUE DANGEREUSE
 
La recherche d’une sanctification personnelle « Vous devez être saints, puisque je suis saint. » (Lévitique 11, 44),  nous amène en effet trop souvent à une dangereuse mystique de sanctification.

Elle risque de développer chez nous une préoccupation égocentrique qui nous éloigne des autres et de leurs détresses.

Cependant, Dieu est un Dieu de compassion, c’est-à-dire Celui qui vit avec les humains leurs joies et leurs détresses. Dieu est Emmanuel – Dieu avec nous !

La sanctification ne doit pas nous faire nous retrancher sur nous-mêmes, elle doit nous faire ressembler à Dieu qui est avec les humains, qui se réjouit et souffre avec eux !
 
Tant que nous nous occupons de notre état spirituel, de notre communion avec Dieu ou avec le Bien, nous restons en proie avec nous-mêmes.

Or, continue Paul : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclave et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : “Abba, Père.” Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (8, 15-16.)
 
Voilà comment nous nous retrouvons nous-mêmes comme obstacles à notre libération, avec notre culpabilisation, nos efforts de sanctification, nos tentatives de rejoindre Dieu ou de faire le bien.
 
Il ne s’agit certes pas de renoncer à toute éthique, et surtout pas de ne plus nous préoccuper de ce qui consiste à faire le bien et à éviter le mal. Il s’agit plutôt de renoncer
à décider nous-mêmes d’atteindre la perfection, de renoncer à créer notre propre éthique.

Il s’agit de nous accepter tels que nous sommes, avec nos faiblesses tout comme nos qualités et de nous aimer comme le Christ nous a aimés : il a accepté de donner sa vie pour nous, tant il nous a aimés !

Il s’agit de renoncer à nous rendre acceptables en prétendant être ce que nous ne sommes pas, puisqu’il nous a déjà acceptés !
 
UN ACTE DE FOI SI DIFFICILE ?
 
Et voilà ce qui nous demande le plus, ce qui représente la difficulté majeure : la foi en son amour. Cette petite phrase de Jésus à Nicodème de Jean 3, 16 est vraiment la clé :  « afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
Croire en Dieu et renoncer à croire en nous-mêmes.
 
Ce qui nous empêche de vivre pleinement, en définitive, ce n’est pas ce que nous sommes, mais ce que nous prétendons être. Dieu, en Jésus-Christ, a assumé notre condition humaine.

Nous voulons, trop souvent,  revêtir la condition divine, ce qui reste voué à l’échec, puisque c’est Dieu qui est venu à nous :
 
«Ce qui était impossible à la loi, car la chair la vouait à l’impuissance, Dieu l’a fait : en envoyant son propre Fils, dans la condition de notre chair de péché, en sacrifice pour le péché". (Romains 8 :3.)
 
 
VIVRE DANS L’ANGOISSE
 
L’angoisse, ne serait-ce pas ce malaise que nous éprouvons devant l’inconnu, devant ce qui représente un danger, un dérangement, une situation inconfortable ou embarrassante, ou encore la maladie ou la mort ?

Depuis Kierkegaard et l’existentialisme chrétien dont il est le précurseur, nous définissons mieux cet inconnu : l’existence elle-même.
 
Qui sommes-nous, où allons-nous ?
 
Bien des gens s’enterrent dans une routine sécuritaire, tracent leurs voies, définissent des ambitions bien à leur portée pour ne jamais vivre l’anxiété de ne pas les réaliser. Ces
gens s’estiment tranquilles, heureux, tant que rien ne vient les déranger en chemin.

Malheureusement, la vie est pleine d’imprévus, et leur sérénité reste fragile.

Pour d’autres, qui placent la barre un peu plus haut, l’angoisse vient de la proximité ou de la possibilité d’un échec, d’une profonde insatisfaction par rapport à leur capacité d’atteindre la perfection à laquelle ils aspirent. Quand tout va bien, ces individus se sentent comme portés sur un nuage. Mais à la moindre alerte, ils redescendent sur terre et plus grande était la hauteur où ils planaient, plus la chute sera brutale.
 
L’angoisse, pour les croyants qui désirent plaire à Dieu, c’est la faiblesse qu’ils ressentent, soit devant la tentation à laquelle, par expérience, ils savent bien qu’ils vont finir pas céder, soit devant leur incapacité de maîtriser ce qu’ils ne connaissent pas ou ce qui menace leur concept de l’idéal.

Pour ceux dont la sensibilité est grande, cette peur peut conduire à des états graves.
 
Vanier, dans ses Conversations, relève le problème des gens qui s’attribuent la responsabilité de leurs échecs sociaux. Chaque fois qu’ils se sentent rejetés, ils pensent y trouver une raison de plus de se détester : on ne les aime pas ou on ne s’intéresse pas à eux parce qu’ils ne sont pas aimables ou attrayants.

Comme leur image d’eux-mêmes  s’étiole et finit par se désagréger, ils deviennent méfiants et finissent par avoir beaucoup de mal à faire confiance à ceux qui les aiment ou leur témoignent du bien : comment pourrait-on s’intéresser à eux sans une raison cachée ?
 
DIEU DESCEND PARMI NOUS
 
La grande nouvelle, la bonne nouvelle, c’est que Dieu nous a tellement aimés qu’il nous a donné ce qu’il avait de plus précieux, qu’il est venu en Jésus vivre parmi nous, pour nous sauver de nous-mêmes et du mal.

Ces souffrances, ces infirmités, cette faiblesse qui nous paralysent, qui nous meurtrissent, qui nous rendent la vie impossible, il a accepté de les porter pour nous. Ce qui était hors de notre portée, monter jusqu’à Dieu, n’a plus de raison d’être, puisque Dieu est descendu jusqu’à nous. Voilà la bonne nouvelle, Dieu parmi nous, Emmanuel !
 
Mais cette angoisse restera accrochée à nous tant que nous n’accepterons pas Dieu descendu parmi nous, et que nous tenterons en vain de le rejoindre à un niveau qui ne nous est pas accessible. C’est cela, renoncer à sa vie pour trouver la vie.
 
A suivre…
 
Extrait de l’ouvrage « LIBRES » du même auteur
 

Vous avez aimé ? Partagez autour de vous !


Ce texte est la propriété du TopChrétien. Autorisation de diffusion autorisée en précisant la source. © 2022 - www.topchretien.com

7 commentaires