Comment porter les fardeaux les uns des autres ?

Comment porter les fardeaux les uns des autres ?

Question d'un Internaute :

"Mon désir est de porter les fardeaux des autres, mais je crois que cela ne sera possible que lorsque je serai moi-même libéré des miens"

Paul dit en effet :

"Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ." (Gal 6.2)

Il énonce là un principe d'équilibre dans la solidarité chrétienne. Pourquoi certains devraient-ils marcher courbés sous de pesants fardeaux (la vie en est souvent prodigue), alors que d'autres gambaderaient en courant après les papillons ? L'entraide est une expression de la loi de Christ, qui est l'amour, et non l'accomplissement d'une observance légaliste !

Mais il est clair qu'on ne peut aider les autres à porter leurs fardeaux si on est soi-même chargé de pesants soucis. Pierre dit :  

"… déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous." (1Pi 5.7)

Trop souvent, nous portons des fardeaux dont nous aurions dû nous décharger sur le Seigneur. Je sais par expérience qu'il est plus facile de le dire que de le faire ; pourtant ce n'est pas impossible. C'est dans une profonde communion avec Jésus qu'il peut verser un baume sur nos blessures, aussi cruelles soient-elles. Et c'est seulement lorsqu'on a appris à se décharger sur lui de tous nos soucis que l'on peut être capable de porter les fardeaux des autres.

Cela dit, il ne faut pas détacher ce texte de son contexte, car ce qui précède et suit a son importance :

"Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. Si quelqu'un pense être quelque chose, quoiqu'il ne soit rien, il s'abuse lui-même. Que chacun examine ses propres œuvres, et alors il aura sujet de se glorifier pour lui seul, et non par rapport à autrui ; car chacun portera son propre fardeau." (Gal 6.1-5)

Il s'agit là d'un homme "surpris en quelque faute", que l'on peut aussi traduire "surpris par quelque faute". Ce ne serait peut-être pas un cas de "flagrant délit", mais de quelqu'un qui se serait laissé "surprendre" par une faute, à cause d'un manque de vigilance. Quoi qu'il en soit, l'apôtre exhorte "ceux qui sont spirituels à le redresser dans un esprit de douceur", et non à la manière des scribes, des pharisiens et des docteurs de la loi :

"Jésus […] dit : Les scribes et les pharisiens et des docteurs de la loi […] lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt." (Mat 23.1-4)

"Malheur à vous aussi, docteurs de la loi ! parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que vous ne touchez pas vous-mêmes de l'un de vos doigts." (Luc 11.46)

Parce que le fardeau dont Paul parle ici est un fardeau bien particulier : celui de la culpabilité. Et Paul sait que nombreux sont ceux qui, dans les circonstances évoquées plus haut, montrent de la dureté et un esprit de condamnation. Ils oublient qu'ils pourraient, eux aussi être un jour tentés ; qu'ils s'abusent eux-mêmes en se croyant supérieurs ; qu'ils devraient bien faire leur examen de conscience avant de se comparer avantageusement à ce pauvre pécheur ; et qu'à leur tour, ils auront à porter leur propre fardeau.

Que Dieu nous préserve de ceux qui, se croyant tellement plus spirituels, ajoutent aux fardeaux des autres au lieu de les porter !

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