Étudier au collège biblique, l'apanage des jeunes ? (1re partie)

Étudier au collège biblique, l'apanage des jeunes ? (1re partie)

Quand on m’a demandé d’écrire une portion de mon témoignage pour Top Leader, j’ai été propulsée dans mon passé pour évaluer mon style de fonctionnement tout au long de ces années. Il est vrai que le cours que je suis présentement : « Personnalités, problèmes et profils en relation d’aide » est propice à ce genre de réflexions. Un des premiers points dans ce cours est de réaliser que ce que nous sommes provient de notre hérédité et de notre héritage culturel.

De mon hérédité, le Seigneur a permis que je naisse dans une famille nombreuse d'« aventuriers » . J’étais la neuvième de dix enfants et mes parents aimaient voyager. Mon père achetait à ma mère tous les nouveaux gadgets sur le marché. Ma mère de son côté faisait toutes ses expériences pratiques sur ses enfants. C’est ainsi que dans les années 40, nous mangions déjà du yaourt à la maison, ce qui à l’époque était assez inusité. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle tous les enfants qui se sont mariés ont choisi des étrangers, c’est-à-dire des personnes nées hors Québec. Nous avons cotôyés un américain, un écossais, une italienne, un français, et moi, j’avais marié un algérien. Un seul d’entre nous avait choisi une québécoise… Ceci pour l’héritage culturel.

Côté tempérament, nous étions pratiquement tous des colériques (tempérament à la base dit actif, émotif et primaire). Plutôt solitaire, très compétitive, j’ai appris très tôt l’autonomie. A 5 ans, j’allais déjà à l’école toute seule. Je marchais les quatre rues qui nous séparaient de la maison. Il est vrai que la circulation était moins dense qu’aujourd’hui. À 12 ans, je pleurais pour être pensionnaire, car il était plus facile d’étudier au pensionnat qu’à la maison et j’aimais l’étude. Il faut dire qu’en 1952, au moment de mes choix, la télévision venait de faire son entrée dans nos salons. Personnellement je trouvais cela trop bruyant et la télé m’empêchait de me concentrer pour étudier. On m’a toujours reconnu les qualités suivantes : la simplicité, la détermination, la curiosité, la gentillesse, le courage.

À 20 ans, les religieuses me recrutaient déjà. On disait que j’avais « la vocation ».  J’ai toujours eu la foi et cherché Dieu. J’ai donc répondu à cet « appel commandé » croyant qu’effectivement j’avais la vocation. J’étais la première religieuse de ma famille et contrairement à toutes les familles québécoises, il n’y avait aucun prêtre chez nous. J’ai tôt fait de réaliser que je m’étais laissée berner, à cause de ma naïvité et de mon désir de plaire. J’ai mis trois années avant de sortir de la religion. Le silence du monastère, car j’étais semi-cloîtrée, répondait bien à mon goût pour l’étude. J’avais tout le temps voulu pour étudier, lire et faire des recherches. Le seul problème c’est que Dieu était pratiquement inaccessible dans la religion catholique. On devait passer par Marie pour aller à Jésus. Cet enseignement erroné ne comblait pas ma soif intérieure de connaître Dieu et en sortant de la religion, j’ai aussi rejeté Dieu, faute de connaissances.

Les vingt années qui ont suivi m’ont amenée vers le calvaire de la souffrance à cause de mauvais choix et j’ai payé cher les conséquences de ces mauvais choix. J’ai décidé de vivre selon mes propres critères. Nous étions en 1961. Je venais de terminer mon cours d’infirmière. Au Québec, le gouvernement venait de voter des lois pour séparer l’Église de l’État. La période du « peace and love » commençait et j’ai suivi le courant de mon époque : une vie sans Dieu où la libre expression de la sexualité était l’expression d’un esprit libre. Quelle erreur!

Je me suis mariée parce qu’à 25 ans il était mal vu de coiffer la Sainte-Catherine c’est-à-dire d’être toujours célibataire. Je trouvais les québécois très fades, intéressés seulement au hockey et à leur « char » . Je fréquentais donc les milieux dits « existentialistes »  où l’on ne rencontrait que des Européens. Je n’habitais plus chez mes parents contrairement à la majorité des jeunes filles de mon époque. C’est là que, malgré des fréquentations tumultueuses, je me suis liée avec cet algérien. Ce mariage civil était un geste de rébellion. Je croyais être en amour mais en fait ce n’était que du romantisme tel que présenté dans les films hollywoodiens de l’époque. Deux enfants sont issus de ce mariage. Après sept ans de violence et d’infidélité de la part de mon mari, j’ai demandé le divorce. Depuis 1971, cet homme ne s’est jamais occupé de ses enfants, en fait je ne l’ai jamais revu, il n’a jamais payé sa pension alimentaire, ne s’est jamais prévalu de son droit de visite, etc… Il avait dit qu’il me mettrait « dans la rue » et il a tenu sa promesse. J’ai donc dû prendre toute la responsabilité des enfants et je n’avais que 32 ans.

J’étais infirmière, les services sociaux étaient peu développés, les garderies à $5.00 n’existaient pas encore, le mouvement féministe allait grandissant. Ceci n’excuse pas mes mauvais choix mais peut faire comprendre qu’être mère monoparentale n’est pas facile, ni recommandable. Je devais être mère et pourvoyeur (rôle du père) à la fois. Ma carrière professionnelle m’offrait de nombreuses possibilités et je devais obtenir des diplômes pour obtenir des postes plus payants pour donner une meilleure qualité de vie à mes enfants. C’était là ma façon de penser. J’ai donc fait comme les pères monoparentaux auraient fait : placer mes enfants dans une famille nucléaire où ils auraient le modèle d’une famille unie soit un père, une mère et deux petites sœurs. Moi j’allais les chercher du vendredi soir au dimanche soir. Durant la semaine, je travaillais 5 jours par semaine, avec quelques temps supplémentaires et j’allais à l’Université pour compléter un baccalauréat par le cumul de trois certificats, et, finalement une maîtrise en éducation. Ce fut mon rythme de vie pendant dix ans. En 1975, mon fils avait 12 ans et ma fille 9 ans. Ils ont demandé à revenir avec moi et je les ai repris. Peu après j’ai acheté ma première maison à Pierrefonds. Le gouvernement du Parti Québécois avait pris le pouvoir en 1976 et ceci a entraîné l’exode de plusieurs anglais vers l’Ontario. J’ai donc saisi l’occasion pour acheter ma maison car les prix avaient baissé de façon substantielle.

Durant cette période, l’Université est devenue pour moi l’endroit que je préférais et le seul endroit où j’avais une vie sociale. Le reste du temps se passait au travail ou à la maison. Même si je me suis éloignée de Dieu, je recourais toujours à Lui quand j’étais dans la détresse, et dans sa bonté, le Seigneur m’apprenait à dépendre de Lui. Il m’avait donné des capacités et du caractère. Je n’ai jamais eu à chercher des emplois et ma carrière n’a jamais suivi le modèle habituel d’accession aux postes importants. De simple infirmière en salle d’opération, on est venue me chercher pour que je devienne conseillère syndicale, tout en maintenant mon poste pendant deux ans. Du même coup, mes choix d’études étaient complémentaires aux postes que j’occupais. J’ai fait un premier certificat en relations industrielles à cause de mon poste au syndicat.

Par la suite, un employeur m’a remarquée lors des négociations et il m’a offert un poste de directrice en soins infirmiers. Je suis donc allée compléter un certificat en animation car nous étions toujours en meeting. Puis en 1977, la gérontologie faisait son entrée à l’Université. J’étais dans le premier groupe pour compléter un certificat en gérontologie. Déjà on amorçait la discussion sur les problématiques qu’entraînait le phénomène du vieillissement de la population. J’avais accepté un poste comme directrice dans un centre de soins de longue durée car j’y voyais de l’avenir.

Je me suis toujours donnée corps et âme à mon travail. Par la suite j’ai accepté un poste comme conseillère professionnelle pour une association d’établissements. J’occupais ce poste quand le malheur m’a foudroyé.
En 1981, j’ai accepté le Seigneur avec un ami suisse. C’était vraiment un langage nouveau pour moi. Dieu devenait enfin accessible. Il était mort pour moi et Il voulait me donner une vie en abondance. Le plus difficile fut de mettre les pieds dans une église évangélique. J’étais venue avec cet ami et le pasteur avait pris mes coordonnées. Je voulais retourner à l’église mais, seule, j’en étais incapable. J’étais gênée car les églises étaient petites et dès qu’un nouveau entrait, on se faisait regarder comme une proie sur laquelle tous les prédateurs voulaient se jeter. À Noël, le pasteur m’a invité personnellement pour me joindre à eux pour le dîner de Noêl. Ce que j’ai fait avec les enfants. Par la suite, ma soif était tellement grande que j’allais à toutes les réunions. De leur côté les enfants, déjà adolescents, venaient seulement aux activités spéciales. Il y avait peu de jeunes dans les églises et ils trouvaient cela monotone, car il n’y avait rien pour attirer la jeunesse.
Je me rappelle encore du premier sermon que j’ai entendu : « Rejetez donc toute méchanceté et toute fraude, l’hypocrisie, l’envie et toute médisance, désirez comme des enfants nouveaux-nés le lait non frelaté de la parole, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon. » (1Pi 2 :1-3)

J’avais une véritable soif de la Parole. Mes auteurs préférés étaient Watchman Nee et Maurice Ray. Je me rappelle encore de ce livre « Si tu veux aller loin » et Watchman Nee mentionnait qu’il était agréable de voir un bébé téter son lait mais qu’à 40 ans c’était moins drôle, il fallait de la nourriture plus solide. Il se trouvait que je commençais ma quarantaine et que je n’avais aucune intention de rester au petit lait.

Je dévorais la Bible car je voulais tout connaître sur Dieu et après 10 mois de vie chrétienne, je suis allée suivre un certificat en Études Bibliques. Le soir quand j’étais à la maison avec les enfants, mon plaisir était de fouiller la concordance et de faire des études bibliques. J’ai eu le privilège de rencontrer des chrétiens matures qui ont décelé ma soif de Dieu et de sa Parole. Les cours par correspondance de Direction Chrétienne sur les différents livres bibliques ont été ma première approche. Par la suite je suis devenue correctrice pour ces mêmes cours. J’ai aussi animé des groupes d’études avec le contenu rédigé par les Navigateurs, La Ligue pour la lecture de la Bible. J’étais insatiable.

Dans mon église locale, déjà j’étais impliquée pour le suivi des nouveaux, principalement des femmes. J’étais aussi toujours prête à donner mon témoignage. Dès que j’ai accepté le Seigneur j’ai compris que les hommes, c’était fini. Pour moi, il n’était aucune question de remariage, car je n’étais pas encore guérie des blessures de mon premier mariage.

Tout allait relativement bien jusqu’au début de l’année 1989. Les enfants quittaient la maison et je me voyais au début de la cinquantaine à réapprendre à vivre seule. J’étais allée voir une psychologue pour faciliter la transition de cette nouvelle saison de ma vie. Je ne savais pas que le Seigneur préparait déjà une personne pour m’aider, le moment venu, car le véritable test de la foi allait commencer : les épreuves.

Le mercredi 6 décembre 1989, je me préparais à aller à ma réunion de prière. Je regardais les nouvelles en prenant une bouchée, et voilà qu’on nous annonçait qu’un tireur-fou venait d’abattre 14 jeunes filles avant de s’enlever la vie, à l’École Polytechnique de Montréal. J’étais consternée par cette nouvelle et j’ai demandé la prière pour la mère de ce jeune homme. Le lendemain soir, j’ai appris que la mère, c’était moi. En quelques instants ma vie s’effondrait. Mon fils que j’aimais et en qui je fondais beaucoup d’espoir était l’auteur de ce crime crapuleux...

A suivre...

Monique Lépine


Retraitée, Monique ne perd pas son temps puisqu'elle est actuellement étudiante à l'Institut Biblique du Québec. Elle est très impliquée à l'Église Nouvelle Vie en tant qu'animatrice d'un groupe "vases restaurés" dans lequel elle aide et enseigne des femmes en difficulté. Elle est aussi conseillère spirituelle dans le département des Femmes Chrétiennes Contemporaines.

 

 

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