Hommes à poils

Scandale ! La Bible est pleine de tours de cochon (même pas casher).

Un tel se couvre de poils factices pour tromper son pauvre père mal voyant et obtenir le droit d'aînesse. Tel autre, craignant pour sa vie à cause de la beauté de sa femme, la fait tout simplement passer pour sa sœur, comme cela, si quelqu' homme puissant a envie de la prendre dans son lit, pas de problème… J'en passe et des meilleures.

A la fac, des amis chrétiens m'avaient dit " Lis la Bible !". Pour la non-croyante que j'étais, la lecture de ces passages dans Genèse a été tout sauf édifiante ! Je me suis dit à l'époque : "Mais comment osent-ils prendre pour exemples et pères de la foi d’aussi affreux jojos ?". Et j'ai vite refermé mon Ancien Testament.

Et pourtant… quelques années plus tard et un passage éclairant par les évangiles, j'ai été frappée par le fait que Dieu lui-même se définisse comme " Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob" (oui oui ! le fameux homme à poils !) : Comment l'Entièrement Saint pouvait-il se référer à ces créatures si imparfaites ?

Premièrement, je suis finalement heureuse que contrairement aux contes de fées, la Bible soit faite de femmes et d'hommes pas très charmants, bien loin des supers héros (Samson le coureur de jupons, Jonas le trouillard râleur...) : Comme moi, quoi… Oser raconter leurs faiblesses plutôt que de les "oublier" pudiquement dans les tiroirs de l'histoire, n'est-ce pas une preuve de sincérité des Ecritures ? (Et d'humour aussi !)

Deuxièmement, la peur peut nous guetter : peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas avoir assez de foi pour que s'accomplissent les miracles pour lesquels nous prions pourtant avec ferveur, peur de ne pas assez en faire… et finalement, ces graines de découragement peuvent germer en nous et aboutir à la peur de ne pas être sauvé(e).

Nous sommes si loin dans notre quotidien de ce que nous voudrions être pour Dieu ! Peut-être l'exemple des premiers chrétiens, disciples, martyrs, remplis du Saint Esprit… Est-il parfois un peu effrayant pour qui se sent éloigné de tant d'amour et d'abnégation…

Mais Celui qui est, le Dieu d'Abraham, est celui qui a regardé la foi et non les actes : dès le début, et malgré les énormes bêtises des uns (poilus) ou des autres (pas poilus), c'est avec amour qu'il considère notre foi et qu'il nous la compte comme justice.

Merci Seigneur pour les pères de la foi : ils m'aident à voir quelle place tu donnes vraiment à ma foi, face à mes imperfections !