Isaac, homme de paix, homme des puits

Isaac, homme de paix, homme des puits
Préambule
L’homme s'’en revient de Lakhaï-roï. À l’approche du soir, il se promène dans les champs pour réfléchir. Plus rien ne sera comme avant désormais. Bientôt, il se mariera et s’engagera dans une nouvelle vie. Une vie d’époux mais aussi d'’héritier reprenant le flambeau de la foi transmis par son père. Pas facile de poursuivre dans la voie d’'un autre, fût-il un proche. Pas facile de suivre un sentier dont on n'’a encore entrevu que les premiers contours, fût-il le bon chemin. Il est donc naturel de se poser des questions au crépuscule d'’un mode de vie qui enfantera un jour nouveau avec toutes ses incertitudes. C’est ainsi qu'’Isaac, fils d’Abraham, attend de lever ses yeux sur sa future épouse et ses prochaines responsabilités (Gen 24.62-67).

Procès d'intention

Commentaires et sermons brossent les portraits d'Abraham ou de Jacob, mais qu'en est-il du maillon manquant, Isaac ? Il est pourtant indispensable dans le plan divin à l'’égard de l'’accomplissement des promesses faites à son père et pour la bénédiction de la terre entière. Ce serviteur a certes une vie moins flamboyante, mais néanmoins pleine d'’instructions et remarquable en ce qui concerne un trait de caractère particulier : la recherche et le maintien de la paix. Ce qui pourrait être considéré comme un signe de faiblesse est plutôt une marque de sagesse et de force.

Trop souvent on met en avant les faiblesses et fautes de ce serviteur de Dieu. Certes, il n'en a pas été exempt, mais c'est là le lot de tous. Toutefois, ses manquements n'ont pas autant prêté à conséquences que ceux de son père par exemple. Voici un homme qui malgré des problèmes de couple a été fidèle et n'avait eu d'autre femme ou concubine, qui malgré les vexations n'a pas pris les armes, qui malgré les tentations n'a pas quitté la terre promise. Fidélité, douceur d'esprit, tempérance, patience, débonnaireté, persévérance sont-elles si peu pour qu'on lui intente un tel procès de faiblesse ? Le Nouveau Testament place devant nous ces vertus de grand prix au regard de Dieu. Isaac aurait-il été un homme en avance sur son temps dans une période peu encline à de tels comportements ? Certainement, il n'était pas comme son père, mais ce n'est pas ce que Dieu lui demandait. Dieu nous jugera sur ce qu'il nous donne d'être et d'accomplir et non sur ce que d'autres sont ou font.

Retour à la source

Nous venons de voir que cet homme revenait d’un lieu particulier qui signifie en réalité le " puits du Vivant qui se révèle (ou qui me voit ) ". Nous avons justement tous besoin de cette connaissance de Dieu, pour les grands comme pour les petits changements dans nos vies. Ce puits était précisément celui auprès duquel, des années auparavant, l’'Ange de l’'Éternel était apparu à une femme en détresse (Gen 16.7-14). Agar, servante d’'Abram en fuite, y avait été arrêtée par Dieu afin de retourner sur ses pas et de reprendre la voie tracée pour elle par l’'Éternel. " D’où viens-tu et où vas-tu ? " Telle avait été la question venue d’en haut. Telle est encore la question que Dieu adresse à l’homme.

Isaac, lui, n’est pas en fuite. En questionnement, probablement. En recherche, sûrement. C’est ainsi qu'’il s'’était rendu au même endroit, là où le Dieu qui sonde les profondeurs du coeœur (Pr 20.27) révèle sa volonté. Après la mort de son père, il décide même d'’habiter, avec son épouse, aux alentours de ce puits de Lakhaï-roï (Gen 25.11).

Un chemin parsemé d'embûches et de bénédictions

Une famine le contraint à lever le camp et à se mettre en quête d’un endroit où survivre. L’Éternel l'avertit alors d'éviter l'Égypte (Gen 26.1-4). Séjournant chez les Philistins, il craint pour sa vie, en raison de la beauté de sa femme, et la présente comme sa sœoeur. L'’Éternel intervient alors pour les protéger tout en révélant la vraie relation qui lie le couple. Le Dieu Vivant qui voit tous les siens et les garde est également le Dieu de Vérité (Gen 26.6-11).

Dès lors, l'’homme de Dieu prospère. Il augmente ses biens et le nombre de ses serviteurs au point de susciter jalousie et malveillance : on bouche les puits de son père. Que l’'on réalise l'’importance de l’'eau pour les hommes et les bêtes et l’'on constate combien l’'envie conduit à ses sœoeurs que sont fraude, méchanceté, dispute et querelle. Après les pensées coupables dissimulées, les sabotages, survient alors le rejet officiel, public, quand Abimélec lui ordonne de quitter son royaume qui n’'est en fait que celui du mensonge et des conflits larvés ou non.

Isaac prouve qu'’il est un homme de paix. Il n'’insiste pas sur le fait qu'’il n'’a fait de tort à personne, au contraire de ses détracteurs, qu'’il n'’a pas rendu le mal pour le mal alors que l'’on a ravagé une partie de l'’héritage terrestre de son père. Il quitte la ville sans menace même si, de l'’aveu de ses ennemis, il est plus puissant qu’'eux (Gen 26.12-17).

En paix avec Dieu et les hommes, il creuse à nouveau les puits que ses ennemis dans l'’ombre avaient bouchés. Il leur redonnent les noms attribués par Abraham (Gen 26.18). Cela témoigne que le fils est aussi en paix avec l’'action et la pensée de son père. Il l'a poursuit à sa manière, avec son caractère, sans pour autant la modifier. C’est pour nous un enseignement précieux, dans notre époque où l'’on abandonne aisément les sentiers anciens (Jér 6.16), où l'’on se creuse des citernes qui ne retiennent ni l’'eau ni la paix (Jér 2.13). La paix, justement, n’'est ni dans l'’immobilisme ni dans la nouveauté à tout prix. Il faut creuser pour la trouver, et recreuser pour la retrouver. La paix est un principe actif et non passif. Il faut la rechercher, ce qui demande des efforts. Il faut l'’entretenir, comme pour un puits, y retravailler quand elle a été recouverte par bien des pierres.

Les opposants ne tardent pas à revenir lorsque les serviteurs d'’Isaac creusent un puits dans la vallée. Ils cherchent à s'’approprier le fruit du travail d’'autrui, mais plus encore ils cherchent à provoquer, à pousser à la faute celui qu'’ils jalousent (Gen 26.19-20). Isaac est réellement homme de Dieu : il ne cède pas à la tentation de se faire justice alors qu'’il en a les moyens. Une fois de plus, il n’'insiste pas sur ses droits, et ce que beaucoup considèrent comme une faiblesse est au contraire un témoignage pacifique de la force que Dieu lui donne. Il lui est donné de résister au mal et plus encore de le surmonter par le bien (Rom 12.21) en leur laissant cette eau vive si importante pour les bergers.

Poursuivant la paix comme nous devons tous encore le faire aujourd'’hui (Rom 12.18), Isaac leur laisse le point d'’eau non sans l’'appeler le puits de la dispute. Il se déplace et fait creuser à un autre endroit quand ses ennemis viennent à nouveau contester. Avec la force d’en-haut, il ne répond pas à ce qui est maintenant de l'’opposition franche, du harcèlement. Il leur laisse ce puits de la haine (Gen 26.21). L'’Éternel a alors pour lui, en récompense, un autre puits où il peut jouir d'’un moment de paix (Gen 26.22), comme par la suite le peuple d'’Israël pu trouver un lieu de repos après l’amertume de eaux de Mara (Ex 15.22-27). Enfin un espace où vivre sans dispute, sans querelle, sans provocation, sans violence. Pourquoi ne pas s'’y installer durablement après tant de labeurs, d'’agacements, de retenues ?

Le sentier de la paix
Étonnant Isaac. Il sait qu'’il doit encore se remettre en route. Il faut qu'’il monte à Bëer-Shéba. Il marche sur les traces de son père qui y avait creusé un puits, et surtout bâti un autel où il avait invoqué le Dieu d’'éternité, aux desseins et promesses sûrs et véritables. Sans attendre, L'’Éternel lui apparaît dans la nuit pour l'’encourager, l'’assurer de sa présence, de son action en sa faveur, et lui réitère la promesse faite à son père. Dans ce lieu béni, le fils adore. Il dresse sa tente et fait creuser un puit (Gen 26.23-25).

Le diable ne tarde jamais à revenir, quand bien même il se drape d’atours plus charmeurs. Abimélec avec un conseiller et son général se présentent tout en flatterie et en dissimulation. Isaac n’est pas dupe. L'’ennemi ne change pas mais s'’adapte au gré des circonstances. Abraham n'’avait-il pas déjà eu affaire avec ce même roi en ce même lieu ? N'’avait-il pas repris ce monarque quant à sa propension à prendre de force ce qui n'’est pas à lui ? Le puits de Beër-Shéba était à Abraham et Abimélec le sait très bien (Gen 21.22-34). Le roi de Guérar craint probablement la puissance du fils. En homme rusé, il veut tourner la situation à son avantage ou tout du moins en statu quo (Gen 26.26-30). Après avoir flatté, il se présente à son avantage. Il estime avoir été généreux en laissant partir Isaac sain et sauf. Etre expulsé par le souverain d'un royaume, sans qu'il ait empêché ses sujets de causer du tort, est-ce de la bonté ?

Le caractère pacifique d'’Isaac se manifeste à nouveau. Il ne relève pas la duplicité de celui qui le hait et accepte de le laisser partir en paix après lui avoir juré qu'’il ne lui fera pas de mal pour le présent et à l’'avenir. Après avoir acté ce serment, sans tarder, il renvoie son ennemi sans animosité. Alors, en ce même jour, comme pour faire éclater son approbation, Dieu fait jaillir de l’'eau au fond du puits que ses serviteurs creusent.

Ce point d'’eau devient alors pour Isaac le puit du serment comme il l’'avait déjà été pour son père. Cela nous apprend que nous devons, de génération en génération, faire la même expérience de la recherche et du maintien de la paix. Mentionner le puits de Shéba et le souvenir qui y est lié ne peut suffire à Isaac pour être vraiment béni. De même, il nous faut recreuser les puits que nos devanciers dans la foi nous ont indiqués et qui sont pour plusieurs rebouchés.

" Retire-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix, et poursuis-la. " (Ps 34.14).

" Quand les voies d'un homme plaisent à l'Éternel, il met ses ennemis même en paix avec lui. " (Pr 16.17).

Il n’est pas facile de poursuivre la paix, mais à la fin du chemin parsemé de pièges, d'’embûches, de tristesses, d'’exercices de foi, elle mène à la lumière divine qui manifeste toutes choses et éclaire le visage de ceux qui sont appelés fils ou filles de Dieu (Mat 5.9).

S.

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(Romains 1.16)

12 commentaires
  • parade Il y a 14 années, 8 mois

    Merci Seigneur pour ce texte ! Fascinant "Famille Je T"aime" ! Isaac était un homme de paix, Il s"est humilié mais a obtenu le Meilleur..car cela venait de son coeur qui était pur devant Dieu et les hommes!Quand on donne le Meilleur, Dieu nous enrichit doublement! Amen!
  • geogui Il y a 14 années, 8 mois

    C'est une étude qui gagne à être lue et relue, afin d'en assimiler toute la richesse!La recherche de la Paix est un "combat" de chaque instant!N'est-ce pas paradoxal? Un combat contre sa propension à riposter,ne serait-ce,contre les injustices dont nous pourrions être l'objet.Ce qui serait tout-à-fait légitime.De quelle force de caractère fait preuve cet homme,pour déjouer toutes les provocations!On voit déjà en lui,une préfiguration de Jésus-Christ,notre Sauveur.Mon Dieu,aide nous à retenir,dans cette démarche,ce qui nous rapprochera davantage de toi!
  • Emilienne Kouame Il y a 14 années, 8 mois

    Que Dieu beni son serviteur. le message est si edifiant!!!!! ceux qui pratique la paix sont aimer de Dieu
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