J'ai pardonné à celui qui m'avait violée

J'ai pardonné à celui qui m'avait violée

Lorsqu'on me regarde on n'imaginerait pas mon histoire. Mon enfance jusqu'à 6 ans fut très mémorable. J'étais le bébé de la famille et on me gâtait tout le temps. Les gens qui me connaissent disaient que ma mère me traitait comme une princesse, j'avais toute l'attention. Finalement, je rentrais à la maternelle et les choses se sont gâtées. J'ai rencontré ma première amie d'école. Nous étions inséparables. Un jour ma mère a accepté d'aller chez elle pour la journée. Devenant amie avec ses parents elle me permit de dormir pour la première fois chez elle. Je fus si contente que me mère me laissa aller plus souvent. J'aimais cette amie, je faisais tout se qu'elle me disait. Un jour elle me présenta à son cousin. Toute ma vie a basculé dès cette rencontre. Le premier jour, il me fixait constamment, je ne comprenais pas pourquoi. Il avait ce pouvoir de me faire sentir spéciale. Je pense que ça fait partie des jeux que tous les abuseurs utilisent. Ce pouvoir de nous hypnotiser par leurs charmes, ce charisme et comment toutes choses semblent innocentes. Je me souviendrai toujours, c'était les vacances de Pâques et je suis allée voir Kathy pour montrer cette belle robe à petits pois que ma mère m'avait achetée. Je ne me souviens pas vraiment ce qui s'est passé. Je me souviens uniquement de ce jeune de 15 ans et ma belle robe déchirée. Ce fut le début des horreurs à venir. Je me souviens d'être partie à toute vitesse m'expliquer à ma mère.

Jusqu'à maintenant, je suis sûre d'avoir dit à ma mère que cette homme avait sali ma robe . Je ressent encore l'émotion de tristesse d'avoir abîmé ma belle robe. Le symbole de ma pureté. Je me demande si la fixation de la robe est une manière figurée d'expliquer la honte que j'ai eu lorsque cette homme m'a violée. Vous savez pendant des années j'étais certaine d'avoir tout expliqué à ma mère. Maintenant en écrivant ce petit récit de ma vie, je crois ma mère lorsqu'elle m'a dit n'avoir rien compris de l'abus que j'ai vécu. Vous auriez pensée que je ne retournerais plus après cette expérience, mais ce ne fut pas le cas. Je continuais à voir cette amie. Je l'ai fait confiance, mais ce fut une erreur parce qu'elle aussi elle a été victime de cette homme méchant. Elles étaient trois sœurs et toutes ont été abusées sexuellement par ce monstre. Elles m'ont fait croire que c'était normal, tout le monde le fait. Je ne réalisais pas qu'il les obligeait à mentir pour que je revienne chez elle. À ses yeux j'étais sa préférée. Il me disait que c'était par amour. L'abus physique fut monnaie courante pour moi. Il utilisait des couteaux pour me menacer. Des coups de ceinture, la violence verbale. Il voulait avoir le pouvoir dans ma vie. Il me disait constamment qu'il m'aimait et que j'étais la plus belle. Je voulais cette affection parce qu'à la maison je vivais l'enfer. Personne ne comprenait mes réactions anormales : violences excessives et spontanées; peur des hommes, isolement, pertes de mémoires, difficultés à s'exprimer, agressivités, etc. La relation entre ma mère et moi fut inexistante. Vous savez je suis haïtienne. Le problème avec l'éducation haïtienne est le manque de communication. Je ne veux plus juger ma mère mais si elle se doutait de quelque chose, il y a eu deux scénarios possibles.

Le premier c'est qu'elle a voulu nier une situation qu'elle n'était pas capable de gérer. Elle n'avait pas les ressources nécessaires et avait honte des réactions anormales de sa fille. Deuxièmement, je ne pouvais pas clairement expliquer ma situation, j'essayais de l'expliquer le mieux que je pouvais, mais elle n'a jamais eu la force de s'asseoir avec moi pour me demander ce qui se passait. Je ne saurai jamais la vraie réponse. Maintenant, après avoir fait la paix sur tout ça, je pense que c'est un mélange des deux. Je sais aussi que c'est une preuve de lâcheté envers ma mère parce qu'elle n'a pas vraiment mis ses enfants en priorité. Il y avait toujours quelque choses avant. C'était plus facile de fermer ses yeux ou de nier les signes précurseurs. C'était trop d'investissement de temps, d'argent ou d'émotions. Je lui en ai voulu pendant des années de ne pas m'avoir protégée. Avec les années, j'ai compris qu'on ne peut pas demander plus qu'une personne peut donner. Je suis sûre d'une chose: Ce que j'ai vécu fait de moi la femme que je suis aujourd'hui.

J'ai fait une deuxième tentative pour demander de l'aide: J'ai essayé d'en parler à un de mes professeurs. Je l'ai entendu un jour dire que je voulais uniquement avoir de l'attention. Je la pardonne aujourd'hui parce qu'à la fin des années 80, l'abus sexuel était un sujet tabou. Il valait mieux garder le silence. Je sais maintenant que mes réactions suscitaient un certain questionnement pour savoir si j'avais des problèmes d'attention ou autre. A vrai dire, je n'étais pas facile à vivre: crise d'humeur démesurée, violente avec mes collègues masculins, pertes de mémoire fréquentes et une peur perceptible des hommes. Je peux vous dire sincèrement qu'une partie de mon histoire vient de bribes de souvenirs constitués grâce à ma thérapie.

Plusieurs gens ont questionné ma crédibilité face à cette histoire. Je me demandais pendant des années si j'ai reconstitué ces histoires grotesques et absurdes. Au fil des années, il y a plusieurs indices qui me permettent aujourd'hui d'être sûre de mon passé (Recueil de témoignages de membres de la famille, des problèmes physiques et psychiques et des recueils d'informations écrites). Je sais que j'ai vécu ce cauchemar pendant au moins six ans. On a déménagé dans un nouveau quartier et je ne les ai plus jamais eus. J'ai tout oublié après avoir déménager. On m'a dit que ce fut pour moi un mécanisme de défense. C'est une façon pour moi de ne pas confronter mes problèmes. C'est une chose que je fais souvent lors d'un gros stress. Si j'oublie, ça veut dire qu'il n'existe plus. Je pense avoir vécu dans deux mondes pendant une bonne période de ma vie. Celle où je me présentais comme une fille forte, rigolote, aimant les autres. Cependant lorsque j'arrivais à la maison hors du regard des gens, la peur ravageait ma vie. J'ai toujours eu un instinct de survie. Je suis sûre que c'est grâce à ma foi en Dieu, la force de caractère des femmes de ma famille. Au fond de moi-même je me disais que je me battrai jusqu'au sang. C'est en écrivant que je réalise la détresse émotionnelle durant mon adolescence. Je me cachais dans ma garde robe avec un couteau pour me protéger de tous mes démons. Je ne pense pas que ma famille savait que je vivais dans une prison de peur. Je ne savais comment exprimer mes émotions. S'il y avait quelque chose qui me dérangeait, je pouvais faire une crise disproportionnelle. Je voulais être aimée de tout mon cœur. Je ne savais comment le communiquer ou je ne réalisais pas comment les gens m'aimaient autour de moi. Je peux affirmer que mes parents m'ont aimée. Cependant ils ne comprenaient pas ce que je vivais et n'ont pu être efficaces dans leurs approches. La rencontre de mon ex-mari semblait une situation libératrice à mes yeux. Il fut une des premières personnes à me comprendre. Il m'a aidé à confronter les effets de mon abus. Malheureusement, je croyais que c'est lui qui avait la clé de ma guérison. Il est impossible de faire porter un fardeau aussi lourd à un homme. La vraie délivrance est venue du pardon.

Je me suis pardonnée de ne pas avoir pu me protéger. J'étais une enfant, je ne pouvais rien faire pour éviter cette situation. Pardonner, pour moi, fut d'accepter mon passé et vivre pour le présent. Dieu m'a fait comprendre que je n'avais aucunement perdu ma valeur à ses yeux. Malgré mon vécu, Il a envoyé son fils Jésus mourir pour moi. J'ai l'amour inconditionnel de Dieu. J'ai pardonné mon agresseur et je suis couverte de la justice de Dieu. Si un jour il se repent, Dieu va l'accueillir les bras ouverts. Pour moi, c'est la preuve de l'amour immensurable de Dieu. Jusqu'à ce jour je prie pour mon agresseur. En priant, je me rapproche de Dieu et de son amour inconditionnel.

Vous avez aimé ? Partagez autour de vous !


Ce texte est la propriété du TopChrétien. Autorisation de diffusion autorisée en précisant la source. © 2022 - www.topchretien.com
4 commentaires
  • skyle Il y a 8 années

    Contente pour toi puisse Dieu me permettre de pardonner aussi
  • FB.cynthiaingrid.bekombe Il y a 8 années, 1 mois

    je me call aussi cynthia et je vis un traumatisme à cause des abus. je sais même pas quoi faire. sa me touche tout ce que j'ai lu et moi j'en serais libre quand?
  • sirette Il y a 11 années, 11 mois

    Chère Cynthia merci pour ton témoignage, pour ton courage et pour ta pleine Foi en notre Dieu vivant ! Il n'y a pas de mots ...Tu es debout tu es un miracle vivant ! Tu as vécu l'enfer et Satan voulait te laisser à terre.Seulement Le Seigneur te voulait vivante et active pour Son plan merveilleux de restauration. Il a eu le regard sur toi ! Il t'attendait pour te guérir ! Il a utilisé ton mari...pour te mettre sur la bonne voie. Tu es debout tu témoignes, le mal est retourné en bien pour édifier, encourager les autres ! Tu peux comprendre d'autres victimes aider encourager et aimer. Le pardon et la prière pour ton bourreau c'est une puissance extraordinaire ! Seul Jésus dans un coeur est capable de mettre ces sentiments là. Merci chère soeur et soit encouragée à grandir et à persévérer ! Soit bénie toi et toute ta famille.
  • joelle90 Il y a 11 années, 11 mois

    Courage ma soeur dieu es grand