La première des béatitudes

La première des béatitudes

Le troisième verset du chapitre cinq de l'évangile selon Matthieu a déjà tellement été commenté, pourtant il est très utile et bon de nous pencher et à nouveau de nous plonger sur ces paroles simples et en même temps profondes, sublimes, de Jésus Christ. De celles-ci, il en est la source, le porteur, le semeur. Comme il est bon pour nos âmes de nous arrêter un instant, à l'écart de nos activités terrestres, pour venir écouter le Maître. Cependant, paradoxalement, cela peut également nous occasionner du tort en ce que nous nous contentons trop souvent d'être suspendus aux lèvres du Seigneur Jésus sans donner une suite concrète à son enseignement. Ses instructions que nous nous plaisons à lire, à entendre, à partager, nous pèsent et nous mesurent pour nous trouver inconséquents et trop légers en regard de ce qui nous est demandé de connaître mais aussi de vivre.

Ces préceptes nous sont donnés, non pour entrer dans le royaume de Dieu, car ceux qui croient en Jésus et le suivent y sont déjà, mais pour savoir comment nous y comporter. Ce n'est pas en accomplissant les choses indiquées dans ce sermon sur la montagne, comme il est communément appelé, que nous pouvons franchir la porte du royaume et nous y assurer une place par nos mérites et notre obéissance aux indications du Maître, de celui qui en tient les clés. Il convient plutôt de prendre conscience de ce que nous sommes, par pure grâce, et, dès lors, de faire ce qui convient par rapport à ce que Dieu nous donne d'être en Christ.

Ces béatitudes prononcées par Jésus ont traversé les temps et les coeurs jusqu'à nous. Elles sont bien connues et, néanmoins, si méconnues, si mal saisies au sens propre comme au figuré. Avons-nous fait nôtre ce qui est l'essence de ces bienheureuses invitations? Quelles en sont les implications dans nos vies? Les béatitudes ouvrent les yeux de notre entendement pour que nous puissions voir le Roi et son royaume tels qu'ils sont et pour que nous puissions saisir ce qui est à notre portée, selon la mesure de foi qui est nôtre, afin de marcher dans les oeuvres de Dieu qui jalonnent le chemin de tout citoyen de ce royaume. Qu'il nous soit tous donné d'ouvrir grand nos yeux sur la beauté et la vaste étendue de cette contrée sur laquelle règne la personne bénie et adorable du Christ, du Fils bien-aimé de Dieu, notre Sauveur, envoyé du ciel pour nous délivrer de notre culpabilité et nous engager à son service dans ce royaume où les principes de ce monde perdu n'ont pas cours.


Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!

Cette première béatitude est en quelque sorte la porte d'entrée du royaume de Dieu, celle qui nous fait quitter un système de valeurs erroné pour une juste appréciation des choses selon la pensée de Dieu. L'aspiration au bonheur est légitime, mais elle n'est pas l'apanage d'une catégorie de personnes. Elle est accessible à tous, même à ceux qui sont simples d'esprit dans le sens qu'ils n'ont pas reçu ou n'ont pas encore développé les facultés mentales pour saisir le plan de Dieu à leur égard. Ils ont reçu d'autres dons, dont le premier est d'être possesseurs du royaume. Nous n'avons pas à les mépriser de quelque manière que ce soit, à les estimer malheureux alors qu'ils sont bénis de Dieu et riches de sa grâce. En dehors de ceux-ci, il faut bien constater que l'application de ce verset est assez énigmatique. S'agit-il de se complaire dans l'ignorance, dans l'acceptation de sa misère morale et/ou matérielle?

" Pauvres en esprit " ne signifie pas qu'il faille rejeter toute recherche, tout accroissement dans la connaissance que Dieu donne à tous ceux qui examinent humblement sa Parole. Au départ, il s'agit d'ouvrir les yeux sur son état de très grande pauvreté devant Dieu, de ressentir un manque, une souffrance, comme dans les autres béatitudes, desquels on ne se satisfait pas. Cette condition et l'acceptation qu'il nous est impossible de part nous même d'en sortir, nous poussent à attendre tout de Dieu, à être en fait des mendiants spirituels. Et plus, il nous est donné d'entrer dans les trésors de la grâce divine, plus, au lieu de s'enorgueillir, on réalise sa petitesse, sa pauvreté et sa soif de recevoir toujours d'avantage de la part d'un Dieu si grand et si généreux.
Les béatitudes suivantes sont dictées par cette reconnaissance de pauvreté et cette attente envers Dieu. Par la première de ces invitations au bonheur, le Maître place ses disciples dans la position qui convient quand on vit dans le royaume, plus encore, quand celui-ci nous est confié, comme il est écrit. Ce territoire où les lois divines sont en vigueur est, en effet, en partie sous la responsabilité de ceux qui y sont introduits afin de le faire prospérer. Un des dangers pour les ouvriers de ce royaume est de se contenter d'y être, de se satisfaire sans chercher à obtenir plus d'un Dieu qui a des trésors de sagesse, de conseils, de bonté à partager, d'être rassasié d'un christianisme au rabais, sans remise en question, sans soif d'avancer, sans envie de ce qui fait la joie du Maître en ce que ses sujets travaillent pour l'avancement de ses intérêts. Il n'est pas question dans ce cas de modestie, d'humilité, mais d'égoïsme et d'ingratitude.

Un autre danger est l'orgueil associé à l'intellectualisme, à l'augmentation des savoirs qui, même s'ils sont bibliques, forment autant de murs qui isolent de la pensée et de la vision de Dieu. Le levain des Pharisiens n'est jamais bien loin lorsque l'on se plaît à accroître sa science, son érudition, pour soi-même et non pour Dieu et en faveur de son prochain. La pauvreté d'esprit est la seule vraie richesse de celui qui est en route vers la connaissance de Dieu. L'apôtre Paul l'avait bien compris, lui qui avait tout quitté du point de vue de ces contemporains, parcourant sans biens matériels et sans titre de gloire humaine les routes de l'empire romain, il vécut comme n'ayant rien mais comme possédant toutes choses en Jésus. Ainsi donc, ce serviteur pauvre au yeux des hommes et à ses propres yeux devant Dieu, put enrichir les autres bien au-delà de ce qu'il aurait pu faire par d'autres voies.

Le pauvre en esprit a hâte d'arriver, d'en finir avec ce qui lui manque. Il sait qu'il est peut-être encore loin, mais le sentier où il poursuit sa marche s'illumine chaque jour un peu plus; tandis que celui qui ce contente ou qui s'enorgueillit de ce qu'il a reçu n'a qu'une vue très réduite du plan de Dieu, il n'avance pas, il ne s'enrichit pas et ne peut donc pas offrir aux autres ce qu'il n'a pas.

Le pauvre comprend le pauvre qu'il rencontre sur son chemin, comme l'affligé sait ce que c'est que le manque de consolation, comme le débonnaire discerne les besoins de ceux qu'il côtoie, comme l'affamé de la justice mesure la souffrance des coeurs blessés par l'injustice de ce monde, comme le miséricordieux ressent son propre besoin de clémence et de secours divins et celui de son prochain, comme celui qui a le coeur pur aspire à la sainteté et pleure devant son absence, comme celui qui procure la paix soupire après celle-ci, comme le persécuté pour la justice, qui aime tellement son Maître, prie pour ses frères et soeurs en prison, comme l'outragé pour le nom du Seigneur comprend ceux qui veulent rester fidèles sous l'oppression et les brimades.

Heureux les pauvres en esprit, car ils apprendront à connaître Dieu, à se connaître eux-mêmes et à connaître leurs semblables mais aussi les âmes encore étrangères au royaume des cieux.

S.

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5 commentaires
  • Celeste-2010 Il y a 15 années, 4 mois

    Merci pour cet éclairage sur les béatitudes, tant il est vrai que c'est un sermon que je ne comprenais pas très bien. Gloire à Dieu!
  • MIAMO-80 Il y a 15 années, 5 mois

    "béatitudes ouvrent les yeux de notre entendement pour que nous puissions voir le Roi et son royaume tels qu'ils sont et pour que nous puissions saisir ce qui est à notre portée, selon la mesure de foi qui est nôtre, afin de marcher dans les oeuvres de Dieu qui jalonnent le chemin de tout citoyen de ce royaume. Qu'il nous soit tous donné d'ouvrir grand nos yeux sur la beauté et la vaste étendue de cette contrée sur laquelle règne la personne bénie et adorable du Christ, du Fils bien-aimé de Dieu, notre Sauveur, envoyé du ciel pour nous délivrer de notre culpabilité et nous engager à son service dans ce royaume où les principes de ce monde perdu n'ont pas cours. " C'est réel et beau à la fois.Que Dieu nous accorede à réaliser cela chaque instant de notre vie.
  • DominicroiT Il y a 15 années, 5 mois

    Extra-ordinaire , magnifique , merci pour ce beau texte qui nous enrichis de la grâce de notre Père : à méditer !
  • Eveline Simonnet Bénévole du Top Il y a 15 années, 5 mois

    L'engagement au service de Dieu n'est pas une mince affaire. Cela demande d'avoir la connaissance du plan Divin pour soi-même, pour se sentir guidé sur la bonne voie. Etre un "ouvrier de Dieu" demande beaucoup d'humilité, de persévérance, et surtout d'amour pour autrui. La connaissance de Dieu n'est pas une qualité intellectuelle, c'est une qualité de coeur. Donner de l'amour ne demande pas une grande érudition, mais cela demande de la disponibilité, de l'écoute et du don de soi. * Seigneur, j'aime Ta Parole, aide-moi à l'appliquer du mieux possible dans ma vie, afin que je te serve comme Tu le veux.
    • RCEK Il y a 15 années, 5 mois

      Merci ma soeur pour ce commentaire sur les béatitudes et plus précisément sur la première. Le Seigneur a dit : trois choses demeurent la Foi, l'Espérance et l'Amour mais l'Amour est la plus grande. Aimer pour servir. Et tout bon serviteur de Dieu doit avoir comme qualité première l'humilité. Oui, heureux ceux qui sont pauvres en esprit car le royaume des cieux les appartient. Chercher le visage de Dieu chez son prochain, être au service de son prochain, reconnaître que tout vient de Dieu et sans lui nous ne pouvons rien faire. Seigneur développe ton humilité en nous pour t'être agréable et mieux servir les intérêts du royaume. Soit bénie Evelyne