L'affranchissement

L'affranchissement

Trois croix sont dressées sur un mont. L’une, celle du milieu, l’est pour le salut de l'homme, pour sa délivrance.

Sur cette croix, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, prend sur lui les péchés du monde et en supporte le divin châtiment. Le bras de Dieu n’est retenu en rien. Il faut que la justice divine soit rendue. Christ est Celui qui paie le prix de la rédemption. 

"Quand donc Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « C'est accompli. » Et ayant baissé la tête, il remit son esprit". (Jean 19.30)

Qu’est-ce qui est accompli ? Le plan de Dieu en grâce envers tous les hommes. Tous ne l’acceptent pas et en sont donc écartés de par leur incrédulité. Tandis que d’autres, par la foi qui est un don de Dieu, reçoivent ce si grand salut.

Toutefois, combien en discernent l’étendue et la grandeur ? Car, limiter le salut à la croix au pardon divin grâce au sacrifice sanglant de Jésus-Christ, revient à ne voir qu’un aspect, certes très précieux, de cette œuvre divine, parfaite, merveilleuse et complète.

Sur cette croix à Golgotha, tout chrétien doit y voir aussi sa chair corrompue crucifiée avec Christ. La Parole de Dieu déclare, avec vérité et puissance, qu’étant associés avec Christ dans la mort, nous le sommes dans sa résurrection (Romains 6). C’est le témoignage même du baptême. Mais, entre ce que Christ a accompli et la réalité de la vie chrétienne, il y a trop souvent un fossé dû à l'ignorance ou à un manque de foi et d'obéissance. 

"Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi." (Galates 2.20)

"Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises." (Galates 5.24) 

L'affranchissement du moi est un résultat béni de l’œuvre accomplie par Jésus-Christ à la croix. Il est offert au même titre que la rémission des péchés. Il permet d'être libre quant au péché et à sa puissance aliénante. En effet, même si le péché perd de son pouvoir de séduction, celui-ci reste, sous bien des formes subtiles ou non, un frein à la pleine liberté en Christ. La nature pécheresse, qui reste jusqu'au bout de la vie terrestre, ne demande qu'à reprendre le dessus et s'accommode d'une cohabitation avec la nouvelle nature en Christ (Galates 5.17). Or, il ne peut y avoir de compromissions à ce sujet, sous peine de ne pas vivre pleinement l'affranchissement. La chair et ses convoitises doivent rester crucifiées dans la mort. Elles doivent y être maintenues, non par des efforts charnels, ce qui serait paradoxal et d'ailleurs impossible – la chair ne peut se combattre elle-même –, mais par l'acceptation que tout est l’œuvre de Dieu par l'efficace et la portée du sacrifice et de la résurrection de Jésus-Christ et que l'Esprit de Dieu doit avoir toute liberté d'action pour réduire à rien les tentatives de la chair et du monde extérieur. 

Imaginons un homme qui, libéré par Dieu de ses chaînes, resterait comme entravé alors que ses fers ont été détachés. Cela paraît étrange et attristant. C'est pourtant le vécu de beaucoup dans la chrétienté. Ceux-là restent à la croix, louant Dieu pour le pardon de leurs péchés, tout en restant faibles face aux tentations du dedans et du dehors. Christ leur dit qu'ils sont libres et ils vivent enlacés par l'ignorance ou le doute vis-à-vis de la puissance libératrice des paroles de Dieu. John Bunyan, dans son livre intitulé « Le voyage du pèlerin », dresse une image frappante et affligeante du chrétien en proie au doute et retenu dans le château d'un géant qui le tétanise jusqu'au jour où il réalise qu'il est libre de sortir de son état de torpeur et de grande faiblesse. Ainsi, plusieurs s'affligent d'être incapables de se défaire de telles ou telles transgressions jusqu'au jour où il leur est donné de comprendre que c'est l’œuvre de Christ en eux qui les rend capables de marcher en nouveauté de vie, dans la vraie liberté des enfants de Dieu (Romains 7.14-25).

Rien ne vient de l'homme. Tout est de Christ et pour Christ. C'est là l'affranchissement bienheureux, la liberté accessible qui est aussi hors d'atteinte pour la chair. La liberté de vivre enfin complètement pour son Sauveur et Maître, celle de ne plus être à soi mais à Celui qui a donné sa vie pour délivrer entièrement l'homme de tout ce qui l'entrave, le corrompt et le perd. 

"Car l'amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité." (2 Corinthiens 5.14-15)

Vivre de Christ – être vivifié en lui – et pour lui, n'est possible, dans sa pleine et heureuse mesure, que dans la profonde acceptation de ses paroles et de son autorité, de sa bonté et de sa seigneurie.

"Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres." (Jean 8.36)

Soyons donc ce que Dieu déclare que nous pouvons être ! 

Il est une histoire vraie qui raconte l’exécution d’un soldat condamné à mort et qui le fut parce qu’il n’a pas voulu croire à la grâce qui lui était offerte. C'est là un tableau étonnant du refus de la grâce de Dieu et de la mort éternelle qui s’ensuit. Mais n’est-ce pas également un trait qui caractérise plusieurs chrétiens ?

Dieu leur dit qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ et ils ne le vivent pas ! 

Ils sont libres et ils se comportent comme s’ils ne le sont pas, toujours esclaves de leurs convoitises et de leur chair. Christ a accompli l’œuvre de leur libération et ils en restent au seul pardon des péchés, sans force pour résister au mal. 

Ouvrir les yeux sur son ignorance, ou sur sa désobéissance, est la première étape pour enfin être affranchi, mais cela n'est béni que si la volonté de maintenir la chair dans la mort, avec l'aide du Saint-Esprit, est sincère (Colossiens 3.5)

"Revêtez le Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire ses convoitises." (Romains 13.14)

Se dévêtir du vieil homme pour se revêtir de l'homme nouveau (Éphésiens 4.21-24), être enfin affranchi du péché pour porter du fruit qui demeure à la gloire de Dieu, c'est la volonté du céleste Père à l'égard de tous ses enfants. 

"Mais maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour fin la vie éternelle." (Romains 6.22) 

"Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée que celui qui a souffert dans la chair s'est reposé du péché, pour ne plus vivre le reste de son temps dans la chair pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu." (1 Pierre 4.1-2 - Darby)

Lorsque le chrétien en a fini de se battre avec lui-même, qu'il accepte d’être mort avec Christ (on ne se bat pas avec un mort, on le laisse dans son état sans s’en occuper) qui a tout accompli, alors la vraie liberté commence.

En Christ, nous sommes affranchis :

  • du péché
  • du monde et de ses convoitises
  • des exigences de la loi sur la chair
  • des vaines tentatives de la chair
  • du besoin de plaire aux hommes
  • de la crainte des hommes
  • des raisonnements humains
  • de la peur
  • du doute
  • de l'amertume et de la rancune
  • de l'envie de dominer
  • de l'attrait et de l'emprise de l'argent
  • et de bien d'autres entraves à la marche chrétienne

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(Romains 1.16)

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