Le trébuchet du seigneur rouge.Chapitre7

Le trébuchet du seigneur rouge.Chapitre7
  • Je ne comprends pas!
  • Qu'est-ce que tu ne comprends pas, Juju?
  • Tout!
  • Eh bien, si cela peut te rassurer, moi non plus, je ne pige rien à tout cela.
  • Mais si, les sœurettes, c'est clair.
  • Tu trouves, toi?
  • Oui! Le jour commence par la nuit. Quand la date passe au chiffre suivant sur le calendrier, il fait encore nuit, le soleil ne s'est pas encore levé.
  • Qu'est-ce que tu essaies de dire? C'est encore une de tes théories fumeuses.
  • Écoute, July, c'est pourtant simple. On ne saisit pas encore tout mais on est en chemin vers la lumière, on est dans le bon sens.
  • Tu trouves, toi, que nos nuits ont du sens, et, maintenant, même nos journées sont toutes chamboulées par ces histoires. Alors pour ce qui est de la logique et du sens, tu repasseras!
  • Attends un peu, sois patiente! Quand je vous dis que le jour commence par la nuit c'est comme l'enfant qui vit d'abord dans le ventre de sa mère avant de sortir au grand jour.
  • Ah! et s'il naît durant la nuit.
  • Bien joué, Juju... il devra alors attendre un peu plus avant de percevoir les rayons du soleil, mais cela arrivera tôt ou tard. C'est la même chose pour nous. On finira bien par comprendre.
  • Tu essaies de te convaincre ou de nous convaincre. Parce que là je suis fatiguée de penser. Je préfère d'ailleurs vous laisser, j'ai des copines qui m'attendent et ça c'est du concret.
  • Vas-y donc, rejoins ton troupeau, c'est tellement plus intéressant! Vous vivez sûrement des jours riches de toutes sortes de futilités.
  • De quel droit te permets-tu de juger? Moi, je vis! Je ne m'enferme pas dans ma chambre pour construire un monde qui n'existe pas, pour trouver des trésors qui ne sont que du vent, pour avoir des amis qui n'en sont pas de vrais, je veux dire de chair et de sang que l'on peut voir rire et pleurer. En fait, tu es pauvre derrière ton ordinateur, tes livres et tes rêves.
  • Il y a bien des manières d'être pauvre...
  • Jo! July! Ne recommencez pas. C'est toujours la même chose avec vous deux. On dirait que vous ne pouvez pas vous passer de vous chamailler. On dirait même que cela vous plaît quelque part.
  • Peut-être?

Sur ce questionnement intérieur, July-Anne quitte la cuisine pendant que Joachim réfléchit sur la possibilité d'un mal-être qui ne dit pas son nom. Justine, elle, mange une deuxième ration de céréales pour être d'attaque avant d'entamer une nouvelle journée scolaire. Et pendant celle-ci, la nuit a recouvert ce pays lointain qu'ils rejoignent à l'aube par des chemins qu'ils ignorent.

A la lumière d'une bougie et de la lune qui s'invite par la fenêtre, l'homme est attablé devant les restes d’un repas. Tout à coup, il entend une étrange voix appeler au secours. Il se retourne vers la porte, promène son regard à travers la pièce, se lève pour scruter à travers la fenêtre et se rassied, croyant avoir été trompé par le vent qui souffle et caresse sa petite maison. Pour y entrer, il doit se courber afin de ne pas se cogner le front. En quelques pas, il peut passer de son lit à l’âtre où une marmite fait bouillir le résultat de ses cueillettes, chasses et autres braconnages. Seul, il l’est, mais ce n’est pas pour lui déplaire. D’ailleurs, il attribue à sa solitude cet appel qui semblait venir de près bien qu’il résonnait comme s’il avait traversé un long chemin.

Mais encore la voix se fait entendre. Elle est plus pressante, plus suppliante, plus dérangeante pour l’homme des bois qui n’aime pas être interpellé sans qu’il ait ouvert sa porte à un invité. Il se redresse de nouveau avec une fourchette serrée dans sa main, sort brusquement sur le seuil de sa pauvre bâtisse et harangue des galopins dans la nuit noire, certain qu’il s’agit d’une mauvaise farce de quelques enfants du village.

L’homme n’est pas trop aimé dans les environs, tout du moins il est craint et il ne fait rien pour changer quoique ce soit à sa réputation. Que du contraire! Il se laisse appeler « le fils de la folle ». Sa mère, Hulda la prophétesse de malheur, comme plusieurs la surnommaient, avait autrefois été chassée de la cité. Seule, dans la forêt, à la merci des bêtes et de la dureté des cœurs, elle n’avait eu la vie sauve que par l’intervention d’un de ses oncles. Ainsi, chaque mois, et ce durant bien des années, il avait déposé une grand sac de victuailles au pied d'un arbre, non loin de la pauvre masure que sa nièce avait, tant bien que mal, construite.

Maintenant qu'il sont partis tous les deux, l'enfant devenu homme ne doit plus compter que sur lui-même. Il n'a pour richesses que sa force, le souvenir de sa tendre mère et un livre qu'elle avait emporté avec elle avant d'être expulsée de son existence parmi les siens. Hélas! Il ne sait pas lire. Ce qu'il ne l'empêche pas de l'ouvrir chaque soir et d'y regarder les signes comme s'il les comprend. Il tient plus que tout à garder secrète la présence de ce livre. Plusieurs fois, il a rêvé qu'on venait lui arracher des mains et de son cœur. Il se réveillait alors en sueurs, contrôlait si son trésor était toujours là et faisait une ronde autour de sa maison avant de se rendormir.

Mais pour l'heure, point de rêve de la sorte, malgré la voix qu'il a cru ouïr dans la soirée. Le géant dort profondément, et rien ne vient perturber son ronflement puissant.

Ce qu'il ne sait pas c'est qu'à quelques lieues de là, dans la nuit, un homme s'emporte et sa colère va bouleverser sa vie, son monde et plus encore...
  • Père, je vous en supplie, vous ne pouvez pas faire cela!
  • Qu'est-ce qui m'en empêche?
  • Je suis votre fils!
  • Je n'ai plus de fils depuis que celui-ci a failli dans sa mission. Vous êtes un incapable. Comment pouvez-vous prétendre être mon fils quand vous avouez avoir complètement failli dans votre tâche?
  • J'en suis conscient. C'est pourquoi j'en appelle à votre clémence.
  • Vous devriez savoir que ce mot n'a pas lieu d'exister pour moi. Il ne peut être que dans la bouche des faibles. En êtes-vous un?
  • Non!
  • Alors, ne vous attendez pas à une mesure de faveur et acceptez votre sort.
  • C'est que...
  • Il n'y a rien à ajouter. Je ne vous connais plus, Monsieur. Je crains qu'il ne vous faille vous faire à l'idée que nous n'avons, dorénavant, plus aucun lien qui nous unit.
  • Vous me reniez donc!
  • Je n'ai pas d'autre choix. Vous apprendrez que si l'on veut maintenir son autorité, il n'y a pas de pitié à manifester.
  • Je n'implore pas votre pitié, mais une sanction honorable.
  • Qu'est-ce qui est honorable, votre défaillance, peut-être? Ne voyez-vous pas que je ne peux me permettre une quelconque mansuétude à votre égard?
  • Vous me sacrifiez donc sur l'autel de votre réussite!
  • Taisez-vous! Je ne veux plus vous entendre, ni vous voir.
  • Alors pourquoi êtes-vous venu jusqu'à ce camp pour me rencontrer?
  • Quand j'ai appris votre échec, fou de rage par votre incompétence, j'ai pris sur moi de chevaucher jusqu'ici pour éteindre le feu que vous alliez allumer.
  • De quel feu parlez-vous?
  • Celui qui m'aurait précipité avec vous!
  • Je vois, vous avez peur que l'on pense que le père est comme le fils.
  • Vous ne voyez rien! Et j'ai eu bien tort de vous faire confiance, de penser que vous pourriez, un jour, suivre mes traces jusqu'aux plus hautes fonctions du royaume, jusqu'à l'intimité de notre Seigneur. Maintenant, sortez et que ces mots soient les derniers entre nous: " dehors à jamais! ".

Le jeune officier dégradé, humilié, bafoué, une fois à l'extérieur du camp, hurle à la mort, mais pas à la sienne. Son aide de camp, voulant l'apaiser par de vaines paroles qu'il essaie de préparer dans son esprit, s'approche et tente une première approche. Brusquement, pour toute réponse, une lame froide lui perce le ventre.
  • Pourquoi? Pourquoi, mon capitaine? Pourquoi?
  • Parce que tu étais là au mauvais moment. Parce que tu n'es qu'un misérable vermisseau. Parce que je n'ai pas à te donner de réponse. Je suis Alexandre. Mon nom et mes titres, je me les ferai tout seul. Je n'ai ni père ni mère. Je suis Alexandre. Oui! Alexandre. Grand et magnifique est Alexandre!
  • Grand Seigneur! Je meurs et je pourrais vous être bien utile. Souvenez-vous quand je vous ai rencontré sur le chemin.
  • C'est aussi pour cela que tu dois mourir.
  • Vous ai-je fait tort en quoique ce soit?
  • Ton existence même m'irrite et nuit à ma grandeur. Ta route s'arrête ici tandis que la mienne ne fait que commencer. Je te laisse avec ton sang qui s'écoule de tes entrailles. Tu auras ainsi le temps de penser à ton inutilité pendant ton agonie.

Pendant que les gémissements s'estompent au loin, la folie destructrice du jeune homme enragé l'amène à ralentir sa monture à l'approche d'une clairière. Il y a là des tas de bois devant appartenir à quelques villageois faisant provision pour l'hiver qui s'annonce rude.
  • Tout le monde doit payer! Tout le monde doit payer! Tout le monde doit payer!

C'est à ces cris que la forêt commence à s'embraser. Très vite, tout brûle, crépite, craque et chasse toute forme de vie.

La fumée monte et s'en va vers l'est, les animaux des bois en font autant. Le géant se réveille sentant qu'il se déroule quelque chose d'inhabituel. Sur le seuil de sa porte, il voit la nuit s'allumer et manger les arbres qu'il aime tant. Dans quelques instants, cela sera sa maison. Alors, il faut s'enfuir aussi, avec son seul héritage après ses quatre murs qui ne seront bientôt plus que cendres. Fortement serré entre ses bras et sa poitrine, le précieux livre est emporté à travers la pénombre pour un avenir incertain.

Tout à coup, la voix qui s'était fait entendre avant son coucher l'arrête. Il se retourne et voit un petit homme gisant sur le sol.
  • Aidez-moi, je vous en supplie. Je vais mourir!
  • Hrrr!
  • Je suis blessé et je ne peux marcher. Je me suis traîné jusqu'ici mais je n'ai plus la force pour aller plus loin.
  • Hrrr! Hrrr!
  • Est-ce que vous me comprenez? J'ai besoin de vous.
  • Hrrr!
  • Portez-moi! Je vous implore! Pitié! Pitié! Je n'ai personne pour m'aider.

A cette supplique, le mourant sent la force de l'hercule l'arracher du sol et le mettre sous un de ses bras. Bien qu'il se réjouit d'être secouru, cette position inconfortable, sa plaie et les sentiers pleins de cahots font de ces moments un véritable calvaire. Plusieurs fois, il croit que sa fin est venue, mais, à chaque nouveau sursaut, il ressent encore un peu de vitalité en lui. A l'aube, une scène de désolation rougit les yeux du géant tandis que l'inconnu qu'il a déposé sur un rocher se désole de l'ampleur de sa blessure qu'il craint trop avancée pour être guérie. Tous deux se lamentent sur une vie perdue, sur des temps qui ne seront plus jamais les mêmes. Il faudra des décennies pour que la nature reprenne ses droits et son opulence. Et si la vie reprend ses droits, il est fort probable qu'il en reste des séquelles.
  • Je m'appelle Gilles. Je suis le fils unique d'un riche marchand. Si tu me ramènes à la ville la plus proche pour que j'y sois soigné, je te couvrirai d'or... Tu m'entends!... Je te parle! Pourquoi ne me réponds-tu pas? Fais-moi confiance, je ne te mens pas. Je serai très généreux pour te récompenser de ta peine. Crois-moi, tu ne le regretteras pas!

Mais l'homme des bois, courbé, abattu, par le désastre de cette nuit, quitte ces lieux ravagés en leur tournant le dos.
  • Reviens! Reviens, je te dis! Je te donnerai un travail, je t'ouvrirai les portes du palais, je ferai de toi mon ami et mon bras droit, je te prendrai avec moi dans mes lointains et somptueux voyages, je te donnerai ton poids en tissus de fin lin et en perles, je....

Pendant qu'il s'éloigne et s'en va à la recherche d'un autre endroit à l'écart de la civilisation, les promesses se transforment en menaces et en malédictions.
  • Comme je te l'ai dit, je suis un homme puissant. Cela serait une erreur de ne pas m'écouter. Tu pourrais regretter de ne pas m'avoir obéi. Oui! Je t'ordonne de revenir et de m'obéir. Si tu ne le fais pas, il pourrait t'arriver des malheurs. Mon père et moi pourrions te rendre selon ton manque de secours à mon égard. Reviens! Je t'ordonne de revenir!... Soit, tu refuses obstinément. Sache alors que je m'en sortirai et que je te le ferai payer chèrement. Sois maudit! Tu entends, sois maudit!

A ces vociférations, se mêlent, tout à coup, des voix qui s'étonnent de l'ampleur des dégâts de l'incendie.
  • Didyme, que s'est-il donc passé cette nuit?
  • Je ne le sais, July-Anne. Tout ce que j'ai vu, c'est un grand malheur détruire toute cette partie de la forêt. Comment et à partir d'où, je ne le sais, mais, comme vous, je suis très triste devant ce drame sans nom. J'allais vous conduire à travers cette contrée afin que vous ne vous perdiez pas, mais maintenant, je ne m'en sens plus la force.
  • Oh! ne nous laissez pas seuls. Nous avons besoin de vous, aujourd'hui comme hier. Vous avez été si gentil.
  • Ne t'inquiète pas, Justine, vous aurez moins besoin de moi. Le feu a tout détruit. Il n'est malheureusement plus besoin d'un guide pour atteindre l'orée de la forêt, pour gagner les plaines et poursuivre votre route. Regardez, vous allez dans cette direction, plus ou moins tout droit, et vous atteindrez cette rivière qui vous mènera à la sortie de ce qui n'est plus qu'un territoire ravagé par je ne sais quelle folie. Qui a donc bien pu commettre un tel crime?
  • C'est peut-être un accident?
  • Peut-être, Justine, je l'espère, mais j'en doute et je crains qu'il ne faille s'attendre à d'autres fâcheux évènements.
  • Maître Didyme, qu'est-ce qui vous fait penser de telles choses?
  • Joachim, tu es l'aîné de tes sœurs et il faudra bien prendre soin d'elles. Une guerre terrible s'est engagée et personne ne peut dire où elle conduira ce royaume et tout ce qu'il contient.
  • Maître, vous nous cachez des choses.
  • Ce que vous devez savoir, vous l'apprendrez en chemin. Je ne suis d'ailleurs pas sûr de savoir ce qu'il en retourne exactement. J'ai bien des appréhensions mais rien n'est certain et cela ne ferait que vous troubler un peu plus.
  • Écoutez! J'ai entendu une voix.
  • Qu'est-ce que tu dis, Justine?
  • Écoutez, je vous dis. Il y a une voix qui appelle à l'aide.
  • Elle a raison, cela semble provenir de ce côté, juste derrière ce rocher.

Gilles crie avec le peu de force qu'il lui reste après avoir craché son ingratitude envers son bienfaiteur nocturne.
  • Venez! Venez! Je suis ici.
  • Qu'avez-vous?
  • Un géant m'a attaqué alors que je l'avais sauvé d'une mort horrible. Il avait été surpris par le feu et les flammes s'étaient emparées de lui quand je suis venu à son secours. Je les ai étouffées avec mon beau manteau et je l'ai mis sur mon cheval jusqu'à cet endroit où nous étions à l'abri de cet effroyable incendie. C'est alors que ce monstre s'est jeté sur moi et m'a volé tout ce que j'avais. Je me suis battu mais, avec mon épée, il m'a lâchement blessé et a ensuite pris la fuite avec tous mes biens.
  • Un géant dites-vous?
  • Oui, Monsieur, un homme grand comme vous et moi réunis.
  • C'est étrange, je ne connais qu'une personne dans ces bois qui corresponde à cette stature, et je n'ai jamais entendu dire qu'il ait molesté ou volé qui que ce soit.
  • Me prenez-vous pour un menteur? Savez-vous à qui vous parlez?
  • Non, Monsieur, je ne dis pas que vous mentez mais je m'étonne simplement.
  • Je suis Nicolas de Hauteroche et je suis invité à la cour pour montrer des comptes-rendus de mes expéditions dans les îles lointaines qui promettent bien des richesses à celui qui pourra les conquérir. J'ai d'ailleurs emporté avec moi quelques trésors que recèlent ces terres bénies.
  • Où sont donc ces comptes-rendus et trésors?
  • Comme je vous l'ai dit, ce grand bandit me les a dérobés. Mon livre avec cartes et descriptions des merveilles et quelques exemplaires de celles-ci.
  • Je vous propose, Monsieur, de venir quelques temps chez moi afin que vous puissiez vous rétablir et ensuite nous aviserons de la suite à donner à ce crime. Quant à vous les enfants, partez et prenez bien garde à vous. Nous nous reverrons peut-être.
  • Oui, nous l'espérons, Maître Didyme, et encore merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. Vous resterez dans mon cœur. Merci pour tout!
  • Ce n'est que très peu, gentille Justine. J'aurais voulu faire plus, mais pour l'instant, j'ai aussi d'autres choses à régler.

Tandis que Gilles, sur le dos de Didyme, s'enfonce dans la partie de la forêt non détruite, Joachim et ses sœurs parcourent les terres brûlées qui dégagent la vue vers les Mont Chauves. Mais avant de les atteindre de vastes pleines se dessinent et s'étalent au fur et à mesure que les fumées se dissipent.

Arrivés à la rive, les enfants veulent suivre le courant sur une barge qui paraît abandonnée. Ce n'est pas faute d'avoir crié après un éventuel propriétaire, mais lassés de l'attendre, ils prennent la décision de l'emprunter en espérant que cela ne leur causera pas trop de problèmes par la suite dans le cas où ils devraient rendre compte de la liberté qu'ils ont prise d'utiliser ce qui n'est pas à eux. Le voyage se poursuit alors sur des eaux calmes et agréables. Le paysage est tout aussi plaisant et reposant. Enfin, ils n'ont pas à marcher, se dit Justine tandis que Justine s'émerveille des oiseaux bariolés qui occupent les berges et des poissons aux écailles dorées qui grouillent dans la rivière.
  • Jo, c'est quoi comme poisson?
  • Je ne sais pas, Juju. Je me renseignerai quand on sera rentré à la maison.
  • Et les oiseaux là-bas?
  • Non plus, désolé, je ne sais pas.
  • En clair, tu ne sais rien.
  • Oh! ça va, July, tu es quand même venue avec nous. Alors, ne commence pas à rouspéter.
  • Si je suis là, c'est pour Juju. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose. Et puis, c'est aussi à cause de toi et de tes histoires. Au soir, avant de m'endormir, je ne sais pas m'empêcher d'y penser.
  • Voilà, on y est... dis plutôt que ta curiosité et ton envie de te mêler de tout t'ont de nouveau fait embarquer dans cette aventure.
  • Pense ce que tu veux.
  • C'est bien ce que je fais.
  • Jo, July, regardez à droite. Il y a des soldats.
  • Cachez-vous les filles, là sous la bâche. Je vais essayer d'accoster plus en amont en espérant qu'ils ne nous aient pas aperçus.
  • C'est trop tard, regarde, ils nous font signe de venir jusqu'à eux.
  • Bon, d'accord, vous vous taisez. Vous me laissez faire. Je m'occupe de tout.
  • C'est bien cela qui me tracasse.
  • July, on ne rit plus. C'est du sérieux. Ils sont peut-être dangereux et nous ne savons pas ce qu'ils nous veulent.

Les cœurs serrés et les esprits inquiets, ils mettent les pieds sur la terre ferme et sont immédiatement sous la menace des lances de ces guerriers. Voulant s'expliquer, Joachim reçoit un coup de manche dans l'estomac et est traîné jusqu'à une cage en bois avec ordre de se taire. Ses deux sœurs, effrayées de la tournure des évènements, sont conduites, muettes, vers une autre cage. Dans une troisième, qui se trouve aussi sur un chariot tiré par des bœufs, on peut y distinguer une imposante forme humaine repliée sur elle-même. Le convoi se met en route quand Justine, malgré sa peur, ose s'adresser à sa sœur à mi-voix.
  • Là, c'est sans doute le géant dont l'explorateur nous a parlé. Le bandit!
  • Tais-toi, tu vas nous attirer encore plus d'ennui.
  • Je suis suis sûr qu'il s'agit du géant.
  • Qu'est-ce qui te fait dire cela?
  • Il a l'air très grand avec ses genoux repliés sur sa poitrine. En plus, si tu regardes bien, il a un gros livre entre ses jambes et son corps. Il a même l'air de le serrer très fort contre lui. Il doit avoir peur qu'on lui prenne.
  • Calme-toi, maintenant. Tu es trop excitée. Ce n'est pas un jeu et même si je me dis qu'on va bientôt se réveiller, je préfère que l'on obéisse pour le moment à ces soldats.
  • C'est toi qui parle d'obéir!
  • Oui, et tu ferais bien de le faire aussi!
  • Pourquoi?
  • Si tu n'en comprends pas les raisons, fais-le pour me faire plaisir.
  • D'accord!
  • Merci.
  • Juste une dernière chose.
  • Quoi encore?
  • Il n'a pas l'air si méchant que cela ce géant. Regarde comme ses yeux sont tristes. Tu crois qu'il voudra nous dire son nom et nous montrer ce qu'il y a dans ce gros livre.
  • Je n'en sais rien.
  • Eh bien, moi, je l'espère.
S.
La suite de l'épisode la semainde prochaine..

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