Moments critiques

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Entretien avec Claude BUCHHOLD, médecin psychiatre à Fontenay sous Bois

MVF - Claude, quand un adolescent a tenté de se suicider, comment se vit "l’après" ? Quelle est la conduite à tenir auprès de l’entourage ? Et auprès du jeune suicidant ?

CB - La tentative de suicide devient hélas un moyen d’expression de plus en plus fréquent, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Gérer "l’après", c’est d’abord faire face à l’effet de surprise, car les problèmes qui conduisent à la tentative de suicide couvent généralement en silence. On a du mal à réaliser qu’un enfant puisse souhaiter mourir. C’est aussi devoir assumer soudainement des sentiments très violents comme l’angoisse, la culpabilité par rapport à soi, la honte par rapport à la société. Tout en reconnaissant cette souffrance, il est important d’aider l’entourage à relativiser ces sentiments, sans banaliser l’acte.
C’est ensuite faire face à l’urgence médicale si besoin, variable selon l’acte suicidaire (lavage gastrique, suture, traitement d’un coma, etc...). Le passage à l’hôpital dans un service médical permet, outre les soins physiques, de souligner la gravité de l’acte auprès de l’adolescent et d’établir un premier contact avec un psychiatre ou un psychologue. Cette consultation est tout à fait indiquée, d’abord pour établir un diagnostic psychiatrique : état dépressif, autres troubles mentaux, etc... Leur traitement est spécifique et leur fréquence faible par rapport à celle des tentatives de suicide. Cette consultation permet aussi à l’adolescent de s’exprimer auprès d’un tiers neutre alors qu’il avait peut-être jusqu’à ce jour refusé un tel entretien. Enfin cette consultation est l’occasion pour le soignant d’entendre les proches et d’évaluer les interactions familiales.
Aider à gérer "l’après", c’est aussi essayer de comprendre les raisons qui ont poussé à l’acte suicidaire. A moins que l’on choisisse de part et d’autre (le patient et son entourage) de continuer comme avant, comme si de rien n’était. La tentation en est grande ! La plupart du temps, la tentative de suicide constitue un véritable coup de semonce pour la famille. Elle peut être le point de départ d’un remaniement bénéfique pour tous et permet de rétablir une communication jusque-là interrompue ou parasitée.

MVF - A quels niveaux de l’individu s’inscrit l’acte suicidaire ? Que signifie-t-il pour l’adolescent ?

CB - Le geste suicidaire s’inscrit à trois niveaux. Tout d’abord au niveau du psychisme de l’adolescent. Il vit une période de transition intense, celle qui le conduira de l’enfance à l’âge adulte. Elle est marquée par l’angoisse, l’ambivalence des sentiments et des idées. L’adolescent vit le deuil d’une certaine relation aux parents, d’une certaine sécurité au foyer. La tentative de suicide lui apparaît alors comme un moyen de guérison paradoxal qui permettrait de résoudre des tensions psychiques insoutenables.
Le geste suicidaire s’inscrit aussi au niveau du corps de l’adolescent, lui aussi en plein changement. Ce corps accepté ou rejeté dans la mesure où il renvoie à celui des adultes, des parents. C’est particulièrement vrai dans le contexte culturel actuel où le corps est mis en avant et à distance de soi comme objet de communication. Ce n’est plus le corps dont "je suis", mais le corps que "j’ai", qui est à moi et dont je dispose à ma guise.
Enfin, le geste suicidaire s’inscrit au niveau des relations à autrui, en premier lieu au cercle familial. La tentative de suicide est souvent un appel à l’aide, à la vie, à la présence de l’autre - du père bien des fois, d’une mère différente - appel dissimulé par les reproches, l’agressivité... On se suicide "contre" ! Relation à la société également : difficultés scolaires, difficultés d’insertion professionnelle...

MVF - Comment prévenir une récidive suicidaire ?

CB - Après une première tentative de suicide, l’entourage est partagé entre le désir de sur-protéger et celui d’oublier, en reprenant le mode de fonctionnement antérieur.
La prévention se situe alors à trois niveaux. Tout d’abord, un suivi spécialisé (psychothérapie) peut être indiqué, selon les cas. Pour l’adolescent bien sûr, mais parfois aussi pour les proches qui ont aussi besoin d’aide. Il n’y a pas de honte à cela !
Ensuite, il faut garantir les étayages (tout ce qui va affermir, consolider le jeune), mettre en place des sources de valorisation, selon les capacités du jeune, et être vigilant en cas d’échec. Une broutille aux yeux des parents peut déstabiliser la personnalité encore peu affermie de l’adolescent. Enfin il importe d’être attentif à trois signes d’alerte : la recrudescence de l’anxiété, l’isolement progressif et le désintérêt pour les activités habituelles.

MVF - Quelles recommandations feriez-vous aux parents ?

CB - Bien des recommandations pourraient entrer dans le cadre de l’amour. D’autant plus que le sentiment de rejet est sous-jacent à bien des tentatives de suicide. Sachant aussi que l’amour, c’est en particulier essayer de comprendre l’autre et accepter de se remettre en question. L’amour parental, dans le contexte actuel, c’est encore exercer une bonne autorité qui permettra à l’enfant de découvrir ses limites. C’est enfin lui transmettre un enseignement, des valeurs qui lui serviront de référence face aux choix multiples et contradictoires que lui propose la société d’aujourd’hui. La recrudescence des tentatives de suicide traduit aussi le désarroi devant l’absence de loi.

Entretien mené par MVF

En partenariat avec www.famillejetaime.com et www.missionvieetfamille.com

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5 commentaires
  • DieMathieu Il y a 15 années, 4 mois

    le Diable utilise plusieurs moyens de captivités sur l'individu. il opère par l'oppression, le tourment tant spychique que physique, l'aveuglement qui t'amène le raisonnement afin de te reconforter dans ta position mauvaise, et la possession. Voilà pourquoi nous avons aussi reçu du père l'onction pour delivrer les captifs. attelons nous à cela afin de gagner les ames à christ afin d'éviter aussi les suicides.
  • natacha Il y a 15 années, 5 mois

    Jesus t'aime ma soeur, quil vous donne ce qui vous manque pour que vos enfants puisse bien grandir,au nom de jesus .Amen
  • laurentleberger Il y a 15 années, 5 mois

    Merci maman!! tu es exemple de courage et de persévérance!! que le Seigneur continue de te fortifier.
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