Noël vertigineux

Noël vertigineux

 En décembre, dans le froid et l'obscurité, toutes les détresses se font plus criantes.
C'est ainsi que l'on organise des téléthons, des collectes alimentaires, des concerts dans les maisons de retraite et tout ceci vaut la peine.

Dans le même temps, à l'approche de Noël, des fortunes sont dépensées dans les centres commerciaux pour des tenues époustouflantes, des mets exceptionnels, des gadgets forcément exotiques parce qu'on a déjà tout.

Et puis le 24 : repli sur la famille. Huis clos.

Je m'enferme dans un foyer au sein duquel il me faudra, comme chaque année, masquer ma joie de connaître mon Sauveur, de célébrer sa venue sur la terre. Pour moi, le seul cadeau valable, c'est le salut gratuit en Jésus-Christ, et personne autour de moi ne semble en vouloir.

La France est une championne en matière de jours fériés.
Mais qui sait pourquoi l'on se repose le jeudi de l'Ascension ou le lundi de Pentecôte ?
À Pâques, on guette le "passage" des cloches, on collecte des œufs, on améliore l'ordinaire du repas dominical.
Pour l'Épiphanie, parité hommes/femmes oblige, la Maison des Associations de Paris m'a un jour invitée à partager la galette des reines et des rois...

C'est triste mais pour ces différentes fêtes, l'effervescence mondaine est somme toute limitée. Pour moi, célébrer ces fêtes chrétiennes en fille de Dieu, c'est un peu comme sortir de la mer et me mettre un instant au sec sur un îlot.

Mais à Noël, les différences de valeurs sont exacerbées.
Avec des motivations différentes, tout le monde s'agite et les écarts se creusent.
Célébrer Noël en vérité, c'est monter sur un îlot alors qu'autour de soi, le niveau de la mer descend vertigineusement.
La distance entre mon mari et moi devient colossale.

Une année, je sentais si fortement monter mon angoisse à l'approche de Noël que j'ai envoyé un SOS à quelques responsables spirituels de ma connaissance, au nom de mes sœurs isolées.
"S'il y a dans votre église des conjoints d'incroyants, je vous invite à leur manifester doublement votre fraternité pour Noël, non pour compatir à leurs difficultés mais pour leur souhaiter un joyeux Noël en vérité, qu'ils trouvent dans leur isolement un écho à leur joie au milieu des aberrations mondaines du moment."

L'un d'eux a perçu ma détresse personnelle et y a répondu. Ça m'a fait un bien immense.
Sans vouloir aucunement comparer mes légères afflictions aux souffrances de Christ, je suis toujours émue de voir à quel point la présence d'un seul ange a pu lui redonner quelque force à Gethsémané (Luc 22:43).
Au lieu de me préparer à faire mauvaise figure à mon Seigneur le jour où est célébré son anniversaire, j'ai alors cherché ce que je pouvais faire pour le remettre à la première place dans ces foyers où il n'est pas honoré de tous.
Plutôt que de compter sur les responsables d'églises, j'ai contacté moi-même les femmes d'incroyants que je connaissais, et nous nous sommes réjouies ensemble. Toutes m'ont dit que ça leur avait fait du bien.

Laisseriez-vous seule, un soir de Noël, une veuve de votre église ? Probablement pas. Alors je vous pose une autre question.

Êtes-vous prêt à considérer l'isolement d'une sœur en Christ dont les proches sont incroyants ?
Croyez-moi, lui donner l'occasion d'exprimer ce soir-là cet écartèlement entre joie du Seigneur et tristesse du monde, c'est lui permettre de revenir à une juste estimation des circonstances pour profiter des relations d'amour qu'elle a avec ses proches.

Il suffit d'un ange.

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