Réflexions sur le temps

Réflexions sur le temps

Cher Pasteur,

Je ne t'apprends rien en te disant que nous vivons dans le temps. Le temps est partie intégrante de notre vie sur terre. Non seulement il rythme nos activités journalières, mais il est présent dans chaque événement de notre vie. C'est lui qui préside à la succession des saisons, et en général, au fonctionnement de la mécanique céleste. La science nous apprend que même la lumière lui est assujettie. Il lui faut quand même une seconde pour parcourir trois cent mille kilomètres !

Nous avons coutume de diviser le temps en trois parties : le passé, le présent et le futur. Pour la plupart de nos contemporains, c'est le schéma classique. Je suis actuellement, à l'instant présent, assis devant mon ordinateur en train de rédiger cet article. Hier, donc dans le passé, j'ai aussi écrit un article, et il est fort probable que demain, donc dans le futur, il y en aura un troisième.

Pourtant, si tu réfléchis bien, tu arriveras comme moi à la conclusion, assez choquante, je l'avoue, que le présent n'existe pas sur terre. En effet, le temps n'a réellement que deux composantes : le passé et le futur. Ce que nous appelons couramment présent n'est que la limite intemporelle entre le passé et le futur. Lorsque j'ai écrit le mot "intemporelle" dans la phrase précédente, j'ai pensé à taper la lettre "i", et cette lettre était encore dans le futur ; mais dès qu'elle a été tapée sur le clavier, elle est entrée dans le passé !

Alors je me suis demandé s'il était vrai que le présent n'existe pas. Et à ma grande stupéfaction, j'ai découvert qu'il existe bien, mais dans une autre dimension. Rappelle-toi comment Dieu s'est révélé à Moïse :

"Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël : Celui qui s'appelle « je suis » m'a envoyé vers vous." (Ex 3.14)

Si je ne m'abuse, "je suis" est bien un présent ? Et Jésus n'a pas fait d'erreur de grammaire, comme on pourrait le croire, lorsqu'il a affirmé : "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis." (Jn 8.58). La syntaxe normale eût été : "avant qu'Abraham fût, j'étais". Mais Jésus s'identifie avec le « je suis », l'éternel présent divin.

J'en suis arrivé à la conclusion que seul Dieu possède le présent. Un présent qui se situe hors du temps, car il renferme le temps lui-même. C'est une notion qu'il nous est impossible d'imaginer, parce que sur terre, nous sommes implacablement assujettis au temps. Ce présent inimaginable de Dieu lui donne une parfaite maîtrise de notre passé aussi bien que de notre futur, ce qui, pour moi, explique sa prescience :

"Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils" (Rom 8.29)

"Pierre, apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui sont étrangers […] et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père…" (1Pi 1.1-2)

J'ai donc, pour ma part, cessé d'imaginer l'éternité comme du temps qui passe et qui n'en finit pas. Je ne peux pas plus qu'un autre imaginer vraiment ce qu'elle sera, mais je suis convaincu que, libérés des contraintes du temps, nous aurons quelques surprises !

Cette façon de penser m'a toutefois permis d'élucider ce qui pour moi était resté un mystère. En effet Paul écrit :

"Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n'ont point d'espérance" (1Thes 4.13)

"Je suis pressé des deux côtés : j'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur…" (Phil 1.23)

Dans le premier texte, il dit clairement que ceux qui sont morts dorment. Or le sommeil implique le temps. Chacun dort un certain nombre d'heures par jour. Cependant, dans le second texte, il semble dire que mourir, pour lui, c'est être immédiatement dans la présence de Christ. Mais il n'y a aucune contradiction, si l'on considère que, dans le premier cas, il se place dans notre situation terrestre, et dans le second, il se situe hors du temps.

J'aimerais terminer cette réflexion avec l'image de la roue de bicyclette. Une roue de vélo se compose d'une jante, d'un moyeu central et de rayons reliant les deux. Pour nous, la jante sera le temps dans lequel nous vivons sur terre. Le moyeu sera le présent éternel de Dieu. De cet endroit central, on peut accéder par le moyen des rayons à n'importe quel point de la jante en même temps.

Lorsque nous disons que les morts dorment, nous sommes sur la jante, c'est-à-dire dans le temps. Quand Paul parle d'être avec le Seigneur, il quitte la jante, et emprunte un rayon pour arriver au centre, hors du temps, c'est-à-dire dans la présence de Dieu ; toutefois, pour ceux qui sont encore dans le temps, il est en sommeil.

Avec cet article, j'ai pris le risque de paraître complètement "déjanté". Je ne sais pas si mes élucubrations seront de quelque utilité. J'ai simplement voulu partager avec toi ces quelques réflexions, tout en espérant ne pas être emmené entre deux hommes en blanc (sauf si ce sont des anges) !

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(Romains 1.16)

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