Témoignage de Bill Wilson

J’avais quatorze ans. Ma mère et moi marchions dans une rue du quartier où nous habitions, à Pinellas Park, en Floride juste au nord de St-Petersburg. C’était sur Park Boulevard, tout près du motel Welcome Inn dans lequel elle travaillait comme serveuse.

Nous nous sommes arrêtés et assis sur un caniveau en béton construit sur une petite bouche d’égout. Elle était très silencieuse ce jour-là. Après quelques minutes, elle se leva et me dit : « Je ne peux plus continuer. Toi, attends ici. « De quoi parle-t-elle donc ? me demandai-je. Qu’est-ce qu’elle ne parvient plus à faire ?

Je fis exactement ce que ma maman m’avait ordonné. Je restai assis là, attendant son retour. Le soleil se coucha, et elle n’était toujours pas revenue.

Le jour suivant, j’étais assis sur ce même caniveau, seul avec mes pensées. Je savais que mon père et ma mère traversaient une période difficile. La vie n’avait pas été facile.

J’étais né alors qu’ils vivaient à Boston Sud. Papa avait trouvé du travail comme chauffeur de bus, mais cela ne suffisait pas pour faire vivre la famille. Il se dit que l’herbe devait être plus verte à San Francisco, alors il nous emmena vers l’Ouest.

J’avais douze ans lorsque la famille s’installa sur la côte ouest. Ma sœur Sandy qui a huit ans de plus que moi fut le seul facteur stable de ma vie, faisant toujours de son mieux pour me protéger et m’encourager. Gamin malingre, j’étais toujours la cible de quelque petite brute du voisinage. Plus d’une fois, elle vint à mon secours alors que je me croyais complètement abandonné.

Mais rien ne semblait fonctionner pour la famille Wilson à San Francisco. Papa nous annonça que nous allions partir pour la Floride car nous y avions de la parenté. Cependant, en l’espace de quelques semaines, il devint évident que venir dans l’Etat du soleil était la plus grande erreur que nous ayons pu commettre. Notre foyer n’était pas heureux. La famille se détériora au point de voir ma mère et mon père divorcer. Mon père avait la tuberculose et fut hospitalisé dans un hôpital spécialisé à Tampa.

Où était maman ?

Enfant, je ne me suis jamais senti aimé par mes parents. Je ne peux pas dire avoir vraiment connu mon père. Et ma mère, pour amortir les coups de la vie, avait abandonné sa vie à la bouteille. Elle était devenue alcoolique.

Lorsqu’elle et mon père divorcèrent, ses beuveries devinrent plus fréquentes. Du bar, elle ramenait à la maison un homme différent quasiment tous les soirs. Ces hommes étaient les pires brutes que j’aie connues. Nuit après nuit, je m’endormais au son des jurons, des bagarres et des beuveries. Une nuit, cela devint si terrible que je trouvai un revolver, avec lequel j’étais prêt à tuer le compagnon de ma mère. Alors que j’étais assis depuis deux jours sur ce caniveau, je pensais aux nuits où ma mère ne rentrait pas à la maison. Etait-ce le cas cette fois-ci ? Elle allait sûrement revenir bientôt.

Trois jours d’affilée, je restai assis sous le soleil de Floride, sur ce caniveau en béton brûlant. Je ne savais pas vers qui me tourner. Ma sœur s’était mariée et avait déménagé dans le New-Jersey. Papa était parti. Si j’avais su comment prier, je l’aurais fait, mais la religion n’avait pas de place dans notre maison.

Tout ce que je pouvais faire était d’essayer d’être courageux et de ravaler les larmes qui remplissaient mes yeux.

Maman ne revint jamais

Un habitant de cette rue avait remarqué que j’étais assis au même endroit depuis trois jours. Il s’appelait Dave Rudenis. Je lui avais déjà parlé auparavant et l’avais regardé travailler sur sa voiture de course devant sa maison. Il vint vers moi et engagea la conversation. Il demanda s’il pouvait aller me chercher de la nourriture. Dave était un mécanicien qui aimait conduire des voitures de course. Il était aussi diacre dans une église locale, la Première Assemblée de Dieu, à St-Petersburg.

- Que dirais-tu d’aller à un camp de jeunes chrétiens ? me demanda-t-il.
- Qu’est-ce-que c’est ?, répondis-je.
- Oh, ça te plaira. Plein de jeunes de ton âge y seront. On peut y faire du base-ball, de la natation, et il y a des cultes supers.
- Des cultes ? pensai-je. Qu'est-ce-que c’est que ça ?

Dave Rudenis paya les frais de la semaine, 17 dollars 50, et me mit dans le véhicule du pasteur avec d’autres adolescents. Je partis pour Camps Alafia, dans la «brousse» du centre de la Floride, quelque part entre Mulberry et Bradley Junction.

Finie la solitude

De nature, j’étais un solitaire. En partie parce que je ne savais pas comment entrer en relation avec les autres, mais aussi à cause de l’horrible image que j’avais de moi-même. Je n’étais pas seulement grand et mince : j’étais maigre. J’avais les dents en avant, ma mâchoire était visiblement déformée et j’avais toujours des trous dans mes pantalons.

La plupart du temps je restais dans mon coin, mais le mercredi soir au camp, j’entendis quelque chose qui transforma complètement ma vie. Pour la première fois, j’écoutai la simple histoire de Jésus mort sur la croix pour moi : il était ressuscité et je pouvais passer l’Eternité avec lui.

Je ne me souviens pas de l’orateur du camp, ni du titre de son sermon, mais ce soir-là, je m’avançai dans l’auditorium et trouvai une place pour m’agenouiller sur la gauche de l’autel. Je priai : "Jésus, je veux que tu pardonnes mon péché. Je veux te donner ma vie". Quelque part je savais que mon avenir ne serait plus jamais le même à partir de cette nuit. Quand je rentrai à St-Petersburg, Dave m’attendait. Il avait déjà entendu dire que j’avais trouvé le Seigneur au Camp Alafia.

"Fiston, me dit-il, je veux que tu saches à quel point nous t’aimons. Ne t’en fais pas. Tout va bien aller. On va s’occuper de toi".

Je n’avais jamais entendu de telles paroles auparavant.

Le week-end suivant, j’assistai au premier culte de ma vie. J’étais assis tout seul, car je ne me sentais pas à l’aise avec les autres jeunes. J’imagine que de devais avoir un drôle d’air avec ces trous dans mon pantalon et mon visage bizarre.

Le directeur de louange annonça "Chantons "Fontaines d’eau vive" à la page 269 ".

Je n’avais encore jamais chanté à l’aide d’un recueil de chants. Je pensais qu’on lisait un chant comme un livre, quand on a fini une ligne, on continue avec celle d’en dessous. Mais ça ne marche pas comme ça !

Je chantais simplement, sans réaliser que je ne chantais pas la même chose que les autres. Une gentille petite vieille dame était assise derrière moi. Elle se pencha en avant, mit son bras sur mon épaule et dit : "Laisse-moi te montrer comment on fait".

Les gens de l’église étaient patients avec moi

Quelques jours plus tard, mon père, qui était sorti du sanatorium, mourut d’une crise cardiaque. C’est alors que deux personnes des plus merveilleuses qui aient jamais existé m’invitèrent chez elles et me donnèrent par la suite un endroit pour vivre dans l’église. Il s’agit de Wayne Pitts et de son épouse Evelyn. Lui était pasteur.

En raison de mon apparence physique, j’étais extrêmement introverti. Ma structure dentaire et la déformation de ma mâchoire allaient nécessiter des bagues puis une opération pour être corrigées. Ce sont le pasteur Pitts et sa femme qui m’aidèrent à obtenir mon premier appareil dentaire.

Les gens de l’église étaient plus que gentils. Ils se souciaient vraiment de moi. Ils m’invitèrent même à rejoindre les Royal Rangers, un programme pour les jeunes garçons. Le chef remarqua ma grande sensibilité liée à mon apparence et contribua à ce que je me sente comme faisant partie du groupe, et non comme un paria.

Aujourd’hui, Bill Wilson, avec des centaines d’autres chrétiens, s’occupe des enfants des rues de New York.

(Témoignage extrait de son livre : A qui est cet enfant ?)

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