Une journée comme les autres

Un peu d'humour :

Cette nuit, j'ai rêvé que je vivais.

Mais ce matin, quand je me suis réveillé, j'étais mort d'angoisse...

Pensez-vous ! Je dois me rendre, cet après-midi, chez mon dentiste.

Quelle poisse! Alors, sur ma chaise, comme au garde-à-vous, je reste collé au dossier en avalant mon café chaud et mes sueurs froides.

Ma femme me dit : " Qu'as-tu fait de ton sourire? Il est encore endormi ? "

Oh bien sûr! Je ne vais pas lui montrer les dents. Je ne vais pas gâter ce tête à tête juste pour un détartrage. Je pourrais peut-être siffloter comme l'ancienne bouilloire de ma grand-mère le faisait, mais les temps ont changé et la bouilloire électrique a juste besoin d'un peu de vinaigre pour être nettoyée.

Ah! le progrès ! Tout est plus facile. Enfin, probablement... J'amène ma fraise chez le dentiste et il prend une fraise pour me rendre plus présentable au yeux de mon épouse qui pourtant préfère les poires.

Quelle salade de fruits! Il y en a pour tous les goûts de la maison au travail en passant par le cabinet dentaire.

Tiens, en parlant de ce lieu de sourires forcés! Bien qu'elle n'ait pas de problème de dentition, ma tendre moitié, qui n'a pas la dent dure face à mes élucubrations, mériterait bien une couronne. Elle dit souvent que je n'en fais qu'à ma tête. Mais, je l'avoue, j'aime bien quand elle me laisse un petit mot d'elle...

Ce qu'elle n'a d'ailleurs pas manqué de faire ce matin de peur que je ne rate ce rendez-vous où je ne pourrai même pas lever les bras et la voix.

Alors pour m'apaiser, elle place devant moi son sourire et des croissants pour que je m'y fasse les dents. Elle n'a pas son pareil pour ramener mon visage au beau fixe.

Mais voilà que mon esprit s'emballe à nouveau! Mon image dans le miroir du vestibule me rappelle que les dents du peigne doivent aussi me tirer vers le bas... moi qui aimerait tant prendre de la hauteur, et pourquoi pas aller en couple à la montagne pour y admirer les dents et les aiguilles des massifs. J'ai toujours préféré les dents de la montagne aux dents de la mer.

Bref, tout cela m'éloigne de la vallée où une journée de travail m'attend, et où, si je ne veux pas avoir des dents de laid, je dois montrer que j'ai l'âge de mes dents de sagesse. Ainsi donc, l'épi, mais pas le caquet, rabattu, je prends le mors au dent et je sors de chez moi, non sans avoir reçu une dernière marque de tendresse de mon épouse qui rit à pleines dents de me voir si facilement sur les dents pour un simple rendez-vous.