A qui irions-nous ?

« Plusieurs de ses disciples, après l'avoir entendu, dirent: Cette parole est dure; qui peut l'écouter ? Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit: Cela vous scandalise-t-il ? (…) Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Jean 6.61-68

Vous allez dire : « Phil, il a toujours des vieilles histoires et des anecdotes tirées de son chapeau, c’est sans doute un nostalgique. » Eh bien, il se trouve que j’ai encore une anecdote. C’était au lycée (décidément, on ne rajeunit pas !). Chaque année, il y avait ce qu’on appelait le ‘cross du lycée’. En résumé, ça consistait à tourner en rond le plus possible. Il y avait un parc à côté du lycée, et il fallait faire le plus de tours de parc possibles. La classe qui totalisait le plus de tours remportait une coupe. Pendant plusieurs semaines avant la course, on s’entraînait à faire des tours de parc. Il y en avait qui étaient rapides, il y en avait qui étaient plus lents (la cigarette !!!)… et puis il y avaient quelques cas spéciaux : il y avait des énergumènes, peu nombreux heureusement, qui s’arrêtaient derrière un buisson et qui attendaient tranquillement la fin du monde. Ou plutôt la fin du cours d’éducation physique. Le professeur de sport ne pouvait pas être derrière chaque buisson dans ce grand parc, alors certains en profitaient pour se la couler douce pendant que nous autres, on suait à grosses gouttes, la langue traînant par terre. Ces coureurs-lâcheurs ne nous faisaient pas gagner beaucoup de tours au jour de la course. Et toute la classe était pénalisée !

La vie chrétienne n’est-elle pas comparée à une course ? Sauf qu’on ne tourne pas en rond indéfiniment. On court vers un but ! Malheureusement, on peut être tenté d’être parmi ces coureurs-lâcheurs. J’entend ces témoignages venant de pays où les chrétiens sont persécutés. J’entend ces témoignages de chrétiens qui vont en prison parce qu’ils ont abandonné leur ancienne religion ou simplement parce qu’ils possèdent une bible. Ces chrétiens préfèrent la souffrance que d’abandonner Jésus-Christ. Et en même temps, j’entend ces histoires de personnes qui venaient avant à l’église, mais qui ont abandonné la foi parce que la coupe de cheveu du pasteur n’allait pas, parce qu’une mamie a critiqué leur vêtements tendance dernier cri, ou parce qu’il y a téléfoot le dimanche matin. J’entend ces histoires de jeunes qui ont commencé à sortir avec une fille ou un garçon non-chrétien et qui ont laissé tomber la foi au bout de quelques temps. Il n’y a pas un truc qui cloche, là ? C’est seulement moi qui ne comprend rien ? J’ai loupé un épisode ? Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi dans certains pays, on va en prison à cause de sa foi, tandis qu’en France, on abandonne la foi quand on trouve un ou une petit(e)-ami(e) ou parce qu’il n’y a « pas d’amour dans l’église » ? Expliquez-moi, parce que je ne comprend pas !

Nos sociétés occidentales auraient-elles créé des lâcheurs professionnels ? On devient tellement exigeant avec tout, qu’on devient exigeant avec Dieu. Et quand quelque chose nous contrarie, on est « en droit » de dire : ‘Puisque c’est ça, j’arrête tout !’ Devenir chrétien, ce n’est pas s’inscrire à un syndicat ! On ne fait pas grève pour obtenir des avantages sociaux ou quand le sermon est trop long ! Ne prenez pas mal ce que je dis. Je sais qu’on peut passer par des tempêtes ; je sais que la foi, ce n’est pas le chemin facile. Jésus a bien dit que le chemin est étroit. Mais je pose la question : Chrétiens de France, sommes-nous des mauviettes de la foi ? Sommes-nous de ces disciples qui se retirent lorsque les paroles de Jésus les dérangent dans leur petite vie à l’eau de rose ? Sommes-nous de ces coureurs qui s’arrêtent derrière un buisson pendant que les autres continuent à courir ? Je vois des gens zélés pour leur religion, qui frappent aux portes pour propager leurs fables. Je vois des gens qui défendent leur religion avec acharnement. Et je vois des chrétiens qui se laissent emporter par le syndrome du déserteur. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond !

Il est temps de se rendre compte que la foi chrétienne, ce n’est pas une foi ‘peace and love’. Et pour suivre Jésus, il faut ranger nos bandanas à fleurs et nos flûtes à bec et se mettre dans la course pour de bon. Ne soyons pas des lâcheurs ! ‘Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle.’

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