Comment pouvons-nous nous retrouver si loin de notre appel ?

Nous sommes tous différents et le rôle de chacun, dans l'Eglise (avec un grand E) est unique. Certains, peut-être plus souvent les hommes, le découvrent relativement vite après leur conversion : « Veux-tu être pasteur ? » Mais pour la majorité, dont je fais partie, c'est un chemin par étapes, étapes petites ou grandes, nombreuses, et quelquefois dans le brouillard de la foi. 
 

Une chose nous est cependant commune à tous : ce n'est pas parce que nous sommes dans notre appel, au bon endroit, de la bonne manière … que c'est une assurance que nous y resterons jusqu'à la fin de notre vie terrestre, sans nous poser plus de questions et sans jamais nous remettre en cause. 
 

Je me rappelle d'un pasteur américain qui vivait en France. Il illustrait un jour sa prédication en nous parlant de la parabole qu'il venait d’acheter et d'installer sur son toit. Il essayait désespérément depuis plusieurs jours de l'orienter correctement pour pour capter CNN. C'était très compliqué car un écart même minime de degré au sol, devenait un écart immense au niveau du satellite de télécommunications et l’empêchait donc de capter la chaîne américaine, à une période où Internet n'était pas encore répandu et où les infos internationales étaient difficiles d'accès.
 

Quand nous faisons une toute petite concession, ou quand nous nous accordons une toute petite autorisation d'un tout petit péché que personne ne verra, nous prenons, tout le niant souvent, comme un petit chemin de traverse, et si nous persistons dans cet écart, alors peu à peu nous quittons vraiment la bonne route pour rester sur ce sentier. Au début l'illusion est forte car nous sommes si proches du bon chemin que nous croyons y être encore, mais peu à peu, pas à pas, nous nous en écartons, c'est inexorable. Et du coup l'écart, traduit par un angle minime avec le bon chemin, devient de plus en plus perceptible, sauf si nous sommes tellement aveuglés que tous autour de nous peuvent le voir sauf nous.
 

Alors comment réagissons-nous ? Plusieurs cas de figure se présentent à nous :
 

1. Nous sommes sensibles au saint-Esprit et dès que nous réalisons la chose nous tombons à genoux dans la repentance, nous faisons demi-tour et nous retournons humblement sur le bon chemin.
 

2. Quelqu'un, qui nous aime ou pas, mais là n'est pas le sujet, nous en parle. Au delà de la manière qui peut être plus ou moins délicate selon les motifs de la personne, comment l'accueillons-nous ?
 

- Est-ce que nous lui tapons gentiment sur l'épaule en le remerciant de sa sollicitude et en le rassurant sur notre trajectoire qui selon nous n'a pas bougé. En clair il se trompe !
 

- Ou bien l'écoutons-nous avec sérieux et un petit frisson dans le dos, car notre conscience (le Saint-Esprit en nous) semble nous confirmer les paroles de la personne ? Alors nous le remercions de tout cœur, nous lui demandons de prier pour nous et dès son départ  nous tombons à genoux dans la repentance, puis nous nous relevons et repartons d'un bon pied dans la bonne direction.
 

3. Nous écoutons attentivement et nous ne réagissons pas « à chaud ». Ensuite nous ne classons pas l'affaire, mais nous nous mettons en prière, à nu et en vérité devant notre Seigneur. Et là nous attendons son éclairage. Et là deux possibilités :
 

- Soit la personne s'est trompée (ça arrive), et donc nous recevons une conviction et décidons de ne pas nous laisser déstabiliser par ses paroles, et nous pardonnons à la personne qui nous les a adressées, quelquefois même sous forme de prophétie : « Dieu m'a dit de te dire ... »
 

- Soit ces paroles sont vraies ou contiennent une part de vérité, alors en toute humilité (ce n'est pas toujours facile) nous sommes comme défiés à accepter la remise en question et à faire ce qui est en notre pouvoir pour retrouver le bon chemin. Nous sommes alors encore plus motivés à écouter la voix du Saint-Esprit pour éviter de nous retrouver dans la même situation. 
 

Après ces moments de « déviance » plus ou moins graves, nous sommes plus conscients de notre pauvreté, de notre fragilité, de notre facilité à nous laisser entraîner sur le mauvais chemin, et donc de notre immense besoin journalier et permanent de Dieu, de sa présence aimante et active dans notre vie en la personne du Saint-Esprit. Nous sommes alors entrés, et c'est encore mieux si nous ne le réalisons pas, dans un chemin d'humilité, de vraie humilité, de celle qui touche le cœur de Dieu car nous sommes enfin pleinement conscients, ou beaucoup plus conscients, de qui nous sommes face à Lui.