Existe-t-il un véritable adultère par la pensée ?


Qu'il me soit permis de dire tout d'abord qu'à mon sens, cet adage populaire «l'intention vaut l'action», qui s'est hissé au rang des proverbes, est une parfaite absurdité.
Il faut tout d'abord définir ce qu'est une intention. Le dictionnaire précise que ce mot vient du latin intentio, qui signifie «action de diriger». Puis il nous donne une définition: «Dessein délibéré d'accomplir tel ou tel acte.» L'intention est donc une pensée dirigée vers un dessein particulier; cela ressemble fort à un projet. Or, chacun conviendra qu'il existe toujours une certaine distance entre un projet et son accomplissement, et il est impossible de les confondre. Dans les bureaux d'étude naissent de nombreux projets qui finissent leur carrière, pour beaucoup d’entre eux, à la poubelle. Seuls certains seront mis en œuvre: l'intention deviendra action.
Que l'action puisse devenir la conséquence de l'intention est indéniable. Mais cela ne nous permet pas d'affirmer péremptoirement que «l'intention vaut l'action». La première se situe dans l'abstrait, la seconde dans le concret.
L'apôtre Jacques avait parfaitement compris cette différence lorsqu'il a écrit:
«la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort» (Jacques 1.15).
C'est dans l'imaginaire que la convoitise conçoit et enfante le péché, mais c'est dans le réel que le péché est consommé.
Venons-en maintenant aux paroles de Jésus:
«Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur» (Matthieu 5.27-28).
Jésus a-t-il voulu dire, comme certains s'empressent de l'affirmer allègrement, qu'il y a équivalence entre une pensée d'adultère et un adultère réel physique? Force est de constater, d'après nos précédentes réflexions, que ce dont Jésus parle se situe uniquement dans l'imaginaire: celui qui convoite une femme, nous dit Jésus, se laisse aller à des fantasmes d'adultère, qui peuvent, bien entendu, mais non nécessairement, déboucher sur la consommation de l'acte. Si l'individu en reste à ses fantasmes, il peut sans doute s'accuser de pensées impures, dont il devrait chercher la délivrance, mais certainement pas d'adultère !
Ce que Jésus veut souligner ici, comme dans tout le sermon sur la montagne, c'est l'importance primordiale de la vie intérieure de ses disciples, contrairement au formalisme stérile des scribes et des pharisiens. Ce qui compte pour Jésus, ce n'est pas le faire, mais l'être.
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