Faire seulement ce qu'on aime... (?)

Faire seulement ce qu'on aime... (?)

Cher Pasteur,

C'est le jeudi 20 septembre 1945, lors d'une convention des Assemblées de Dieu au Havre qu'à mon père, qui était l'un des premiers prédicateurs de ce Mouvement, je fis part de mon ardent désir de servir le Seigneur dans le ministère pastoral. J'avais alors un peu plus de seize ans et demi, et je suivais des études pour devenir ingénieur.

Lorsqu'il fut question de reprendre la classe, un an plus tard, je n'avais nulle envie de retrouver la vie terne de l'école. Durant les vacances d'été, j'avais commencé à prêcher dans plusieurs églises, et un feu m'embrasait. Mon père, pourtant, fit preuve d'une grande sagesse. Bien que je n'eusse pas exprimé ce que je ressentais à l'égard de mon retour à l'école, il me dit :

"Fils, je sais que reprendre la classe va maintenant te sembler inutile et ennuyeux. Mais il faut que tu termines au moins cette année. Quand tu seras dans le ministère, tu auras à affronter des situations qui ne te plairont pas. Il faut donc que tu apprennes dès à présent à le faire. Sois donc courageux, et travaille consciencieusement, comme pour le Seigneur !"

Ce fut comme une douche froide sur mon juvénile enthousiasme. Il allait falloir renoncer pour un temps à faire ce que j'aimais par dessus tout : servir mon Seigneur, et devoir m'appliquer sur des matières qui me semblaient maintenant une perte de temps !

Cinquante-huit ans ont passé depuis ce jour-là. Servir mon Seigneur est toujours ce que j'aime le plus. Mais j'ai appris que le service du Seigneur implique une quantité de choses qui n'ont rien d'enthousiasmant. J'ai dû faire des démarches administratives, aménager de mes propres mains des lieux de culte, balayer la salle, mettre en place les chaises, allumer le poêle avant les réunions (C'est ainsi dans les nouvelles œuvres !). Et je ne parle pas des brouilles familiales chez certains membres qu'il faut apaiser, en prenant le risque de se faire vilipender par les deux parties à la fois ; ni de ceux qui veulent vous en remontrer, parce qu'ils croient fermement en savoir bien plus que vous, et j'en passe et des meilleures !

Mon cher frère pasteur, je ne sais pas si tu te reconnaîtras dans les lignes qui précèdent. Mais je suis certain que je ne suis pas le seul à avoir vécu des moments difficiles. Et si tu es jeune dans le ministère, laisse-moi t'encourager et te rassurer : Ce que j'ai décrit n'est que la partie émergée de l'iceberg !

Certains demanderont avec anxiété : "Mais alors, comment fait-on pour ne pas sombrer dans la déprime ?" Pour être tout à fait honnête, il faut bien avouer que certains le font ; et je serais le dernier à leur jeter la pierre. Malgré les temps de joie profonde et même d'exaltation que peut procurer le ministère, ces temps où nous faisons ce que nous aimons, avoir à faire ce que nous n'aimons pas peut se révéler être un fardeau trop lourd.

Pourtant, mon frère découragé, il y a un secret qu'avec l'aide du Seigneur il te suffit d'apprendre. Car c'est l'application de ce secret qui nous a permis, à nous anciens, de regarder en arrière avec une infinie reconnaissance, sur une vie au service du Maître. Le voici :

Quand on ne peut pas faire seulement ce qu'on aime, il faut apprendre à aimer ce qu'on fait !

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