Faut-il rejeter notre bon sens pour être spirituel ?

Faut-il rejeter notre bon sens pour être spirituel ?

Question d'un Internaute :

"Fait-on obstacle à l'œuvre du Saint-Esprit en utilisant notre bon sens et notre intelligence ?"

Une brave chrétienne priait de tout son cœur dans une réunion de prières en Norvège. Elle ne cessait de dire : "Seigneur, délivre-moi de mon intelligence !", étant persuadée que de réfléchir sur les choses faisait barrage au Saint-Esprit. Le pasteur vint lui taper gentiment sur l'épaule et lui dit : "Chère sœur, remerciez plutôt le Seigneur pour la petite intelligence qu'il vous a donnée !"

L'apôtre Paul ne fait pas fi de l'intelligence humaine, qu'il appelle "bon sens" :

"[un serviteur du Seigneur…] doit redresser avec douceur les adversaires, dans l'espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s'est emparé d'eux pour les soumettre à sa volonté." (2Tim 2.25-26)

Des chrétiens sincères et désireux d'être conduits par le Saint-Esprit semblent devoir, pour être vraiment spirituels, abdiquer toute réflexion ou tout jugement, aidés qu'ils sont en cela par certains enseignements pernicieux et extrémistes. L'idée maîtresse de ces faux docteurs est que notre jugement est tellement limité que nous risquerions de faire obstacle au Saint-Esprit. "Laissez-vous emporter par la vague de l'Esprit" proclament-ils allègrement.

Mais en faisant cela, on oublie qu'en omettant d'obéir à l'injonction de l'apôtre Paul : "... examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon..." (1Thes 5.21), on ouvre également la porte à tout ce qui ne vient pas de Dieu !

Quand l'apôtre nous dit d'examiner, à quelle fonction fait-il appel, si ce n'est à notre intelligence, à notre jugement ? L'auteur de l'épître aux Hébreux reproche à ces derniers leur infantilisme spirituel, et leur dit :

"... la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal." (Héb 5.11-14)

Il s'agit ici d'un jugement exercé par l'usage, qui confère de l'expérience. Ce jugement procède de l'intelligence renouvelée du croyant, et lui donne le moyen de discerner le vrai du faux, la réalité de l'illusion. Dieu ne rejette pas notre faculté de réfléchir, mais il la sanctifie, afin que nous apprenions à penser comme il pense. N'ayons donc pas peur de notre bon sens, mais disons plutôt avec le psalmiste : "Enseigne-moi le bon sens et l'intelligence !" (Ps 119.66).

Déjà du temps de Paul circulaient des idées bizarres se donnant une apparence de spiritualité. L'apôtre n'exhorte pas les chrétiens à rechercher des révélations surnaturelles pour savoir si ces nouveautés venaient de Dieu. Il fait tout simplement appel à leur bon sens :

"... nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu'on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là." (2Thes 2.1-2)

Pour terminer, permettez-moi de paraphraser l'apôtre Paul dans son entretien avec Festus :

"Je ne suis point fou, très excellent Lecteur ; ce sont, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce !" (Actes 26.25).

(Rediffusion TL – Le bon sens - 755)

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