La leçon de ma chienne

La leçon de ma chienne
Cher Pasteur,

Parmi les multiples occupations qui ont jalonné ma longue existence, il en est une particulière qui a apporté avec elle son lot d'aventures. Étant un peu cynophile sur les bords, je me suis livré pendant un certain temps à l'élevage de bergers belges ; je parle ici, bien entendu, de chiens de berger !

Je ne m'étendrai pas à raconter la pénible expérience que vécut mon épouse, alors que j'étais bien loin en voyage, et que deux de nos grands chiens s'échappèrent, une nuit, du chenil de fortune que j'avais installé. Cette petite fantaisie nous mena au tribunal pour divagation de chiens !

Je finis par arrêter cette activité, et ne conservai qu'une petite chienne, nommée Maritza, étrangement rescapée de la maladie de Carré qui avait ravagé mon élevage. Lorsqu'elle commença à se paralyser progressivement de l'arrière-train, je sus, sans le moindre doute, que sa fin était proche. Pourtant, en l'espace de quelques jours, la paralysie disparut, et notre Maritza reprit goût à la vie, à notre grand étonnement. C'est alors que notre fille Laila, qui pouvait avoir environ huit ans à l'époque, vint me dire à l'oreille : "Tu sais, papa, si elle est guérie, c'est parce que j'ai prié pour elle !"

Ne voulant ni laisser divaguer la chienne dans une propriété non clôturée, ni la garder constamment enfermée dans le chenil, je lui installai une longue ligne en fil de fer entre deux poteaux à hauteur d'homme, avec un anneau coulissant attaché à sa chaîne.

Un jour, je l'entendis aboyer et hurler d'une manière différente de l'ordinaire (car il faut bien avouer que Maritza était une aboyeuse invétérée !). Je découvris alors qu'elle se trouvait suspendue par l'une de ses pattes arrière, autour de laquelle sa chaîne s'était enroulée. Je me précipitai pour la délivrer. La pauvre bête, affolée par la souffrance, me mordit la main. Comprenant la situation, je me gardai bien de la gronder, mais une fois libérée, Maritza ne savait où cacher sa honte, et n'osait plus me regarder !

Et le Seigneur se servit de cette petite chienne pour m'enseigner une grande leçon. Nous rencontrons parfois des gens qui nous semblent méchants, qui nous agressent et nous font du mal. Mais nous ignorons la plupart du temps la souffrance qu'ils sont en train de vivre, et qui est la cause de leur aigreur. Si nous sommes capables de la discerner, bien qu'ils n'en parlent pas, nous saurons être beaucoup plus indulgents à leur égard, nous souvenant de ce que dit la Bible :

"L'Éternel ne considère pas ce que l'homme considère ; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur." (1 Sam. 16.7)


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(Romains 1.16)

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