La pauvreté est-elle une malédiction ?

La pauvreté est-elle une malédiction ?
Si le Seigneur « enrichit et appauvrit » (1 S 2.7), s'il manifeste son approbation en accordant la prospérité à ceux qui le craignent, l'absence de richesses serait-elle alors un signe de sa désapprobation ? Secourir le pauvre deviendrait, à la limite, une manière d'aller à l'encontre du jugement divin ! La pauvreté est-elle une malédiction ?
Il est vrai que, dans certains cas du moins, Dieu témoigne de sa bienveillance en accordant des biens matériels abondants à ses fidèles.
Il est vrai aussi que la désobéissance et le refus du cadre éthique dans lequel Dieu appelle son peuple à vivre entraînent des troubles, des guerres et autres épreuves avec leur cortège de misères matérielles.

Tout n'est pas si simple

Selon le livre des Proverbes, l'appauvrissement est souvent le résultat d'un comportement inadéquat. Cependant l'Ancien Testament lui même met de sérieuses nuances pour exclure toute généralisation abusive, et de nombreux textes vont à l'encontre de l'idée d'une récompense ou d'un jugement immanents.En effet, l'équivalence riche = juste, pauvre = méchant, est loin de toujours se vérifier.

La prospérité des méchants : une énigme pour les auteurs bibliques

Certains auteurs bibliques disent même leur désarroi devant l'évidence de la prospérité des méchants. Jérémie questionne : « Tu es trop juste, SEIGNEUR, pour que je t'accuse ; je veux néanmoins te parler d'équité : pourquoi la voie des méchants est elle celle de la réussite ? Pourquoi vivent ils tranquillement, tous ceux qui trahissent ? ( ... ) Ils progressent, ils portent du fruit... » (Jérémie 12.1-2).

L'auteur du Psaume 73 (recueil d'Asaph) exprime son indignation: « J'étais jaloux de ceux qui font les fiers, en voyant la prospérité des méchants (v.3). Ainsi sont les méchants : toujours tranquilles, ils accroissent leur richesse. » (12) Et le psalmiste, qui s'efforce d'être un homme pieux se lamente : « Je suis sans cesse frappé, tous les matins m'apportent mon châtiment. » (14) (voyez aussi Psaume 10.2-11).

Job s'insurge avec énergie contre les insinuations de ses amis qui voient dans son épreuve et sa pauvreté (au sens le plus complet et tragique du terme) un châtiment divin.

La richesse est un don de Dieu


En tant que bénédiction, la richesse n'est pas une récompense, mais une grâce. Elle n'est pas un salaire, mais un don gratuit. Elle est donnée, non à celui qui la revendique comme un dû au nom de sa justice, mais à celui qui a prouvé qu'à ses yeux le donateur était plus important que le don.

La présence de Dieu est la richesse suprême ; c'était d'ailleurs la conclusion du Psaume 73 : « Je suis constamment avec toi... En dehors de toi, je ne désire rien sur la terre... Quant à moi, m'approcher de Dieu, c'est mon bien. » (v. 23 28, passim). Pour celui qui reçoit sa richesse comme une bénédiction, elle est grâce, et comme toute grâce, elle est destinée à se répandre et à se multiplier.

Dieu a dit à Abraham: « Je te bénirai... je rendrai ton nom grand et tu seras une bénédiction... tous les clans de la terre se béniront par toi. » (Genèse 12.3).

La richesse rend généreux quand elle est reconnue comme manifestation de la générosité divine envers les pauvres que nous sommes tous. Cette vérité transcende les limites contextuelles de l'histoire biblique et nous rejoint, nous qui vivons dans un pays privilégié.

La pauvreté n'est pas une malédiction

Une étape de plus sera franchie par certains prophètes, notamment Esaïe. La pauvreté et même la détresse pourront être envisagées, non pas comme une malédiction, mais au contraire comme la conséquence directe de la fidélité au Seigneur.

Dire que la richesse est preuve de la bénédiction divine est donc une façon trop unilatérale de voir les choses, même s'il est indéniable que, dans l'Ancien Testament comme aujourd'hui, le comportement d'un individu peut avoir des conséquences sur sa prospérité ou sa déchéance matérielle.

Le chapitre 11 de l'épître aux Hébreux présente une longue liste de témoins de l'Ancienne Alliance caractérisés par leur vie de foi et d'obéissance. Les uns ont été délivrés, ont été puissants et victorieux, d'autres furent « opprimés, maltraités, manquant de tout, eux dont le monde n'était pas digne.» (v.37)
Bien loin d'avoir démérité, ces derniers semblent au contraire plus proches du coeur de Dieu.

Il y a des pauvres bénis ; il y a ceux dont le dénuement est signe de leur fidélité.

Ainsi, près de cinquante ans avant l'exil à Babylone, le prophète Sophonie annonce que les survivants au jugement et à la destruction de Jérusalem formeront un Reste, humilié mais gardé par sa confiance en leur Dieu : « Cherchez le SEIGNEUR, vous tous, gens humbles du pays, vous qui agissez selon son équité ! Cherchez la justice, cherchez l'humilité ! Peut être serez-vous cachés au jour de la colère du SEIGNEUR. » (Sophonie 2.3)

Puis : « Tu ne seras plus hautaine sur ma montage sacrée. Je laisserai en ton sein un peuple pauvre et faible qui trouvera un abri dans le nom du SEIGNEUR. Le reste d'Israël n'agira plus injustement. » (3. 11 13)

Nombreux sont les Psaumes qui expriment l'espérance de ceux qui sont dépouillés, persécutés, malades, appauvris, mais qui gardent leur confiance dans la fidélité de Dieu et restent fermes dans leur conviction qu'il ne les a pas abandonnés.

Certes, les gens se détournent des pauvres : « La richesse augmente le nombre des amis ; le pauvre est tenu à l'écart par son compagnon » ; Tous les frères du pauvre le détestent à plus forte raison ses compagnons se détournent-ils de lui » (Proverbe 19.4 et 7) ; mais le début du même chapitre renverse cette échelle de valeurs : « Mieux vaut le pauvre qui suit la voie de l'intégrité qu'un homme qui, sous un langage tortueux, est stupide » (v. 1).
D'après le livre de Jacques Blandenier « Les pauvres avec nous »

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