Le chrétien face à la mondialisation : pour ou contre ? (deuxième partie)

Le chrétien face à la mondialisation : pour ou contre ? (deuxième partie)
Quelles réponses la Bible apporte-t-elle à notre monde actuel ? Quelles attitudes fondamentales les chrétiens peuvent-ils proposer dans notre société mondialisée et sans limites ? Parmi la multitude de principes énoncés dans la Parole de Dieu, retenons-en cinq qui constituent des repères très pertinents pour réfléchir… mais aussi pour agir !
1. L’être humain, une image de Dieu à restaurer
2. L'être humain, un intendant responsable de la création
3. Les principes et les lois bibliques
4. Amour et justice
5. Liberté individuelle et bien commun
Conclusion



4. Amour et justice

Parmi les principes et les lois bibliques, on retrouve également deux idées fortes : aimer son prochain et pratiquer la justice.

L’amour du prochain, sans distinction, est le commandement suprême, en parallèle avec l’amour envers Dieu. Le texte de Luc 10.25-37 illustre magnifiquement ce principe par la parabole bien connue du "Bon Samaritain".
Les bonnes oeuvres générées par l’amour du prochain ont pour conséquence la glorification de Dieu (Matthieu 5.16) et témoignent de l’authenticité de notre foi, comme nous le rappelle Jacques dans son épître.

Sur la question de la justice, le pasteur et professeur Louis Schweitzer faisait remarquer que, si tous les matins, quelqu’un se faisait attaquer par les brigands, le bon Samaritain devrait chaque jour refaire ce qu’il a fait. Ne faudrait-il pas alors se poser la question de la sécurisation de la route, afin de ne pas avoir à apporter cette aide tous les matins ?

Il y a donc là une autre dimension, celle de la justice qui concerne les causes du malheur. Ces deux aspects sont importants : il faut des docteurs qui soignent les maladies, mais aussi des chercheurs qui découvrent des vaccins pour éradiquer ces maladies. Les pompiers qui éteignent les incendies sont certes nécessaires, mais aussi les règles de sécurité afin de les empêcher !
Et il faut des actions humanitaires pour atténuer les souffrances liées à la pauvreté extrême, et des changements en amont pour faire disparaître les causes créant cette pauvreté.



5. Liberté individuelle et bien commun

Un autre principe biblique absolument fondamental est la conciliation entre la liberté individuelle et le respect du bien commun, notamment la protection du plus vulnérable.

D’un côté, l’individu est valorisé dans son activité : chaque individu est unique, responsable, appelé à être acteur du monde, destiné dès la Genèse à soumettre et à dominer la terre et ses ressources.

Tout est possible ! Il n'y a pas d'interdits sur le principe : commerce, emprunt, embauche, création d'entreprise, échanges internationaux, mouvements de capitaux, liberté d'entreprendre et succès dans les affaires. Il est très important de noter que cinq des dix commandements (Exode 20) ordonnent très clairement la protection de tout ce qui touche de près à chaque individu dans différents domaines.

D’un autre côté, les plus vulnérables sont protégés. Chaque individu est dans une famille, une communauté, un pays. Si pour les uns la vie offre davantage de succès, il n'en est pas de même pour d'autres. C'est à ce niveau que l'on peut parler d'inégalité.

Certes, l'inégalité est omniprésente et la Bible ne parle pas d'égalitarisme…

Néanmoins, il est important de distinguer entre deux types d'inégalités, même si dans la réalité cette distinction reste très théorique et la frontière bien difficile à établir :

- l'inégalité qui est inhérente à la vie, conséquence des différences "normales" entre les individus et leur histoire. Il n'y est pas, a priori, question d'injustice (même si en cherchant bien, on peut sans doute trouver des causes liées à une situation injuste…)

Dans de nombreux textes bibliques, la réponse à ce type d'inégalité est un appel à l'amour, au partage des richesses privées. Il s'agit d'avoir compassion, de laisser une partie de son champ à défricher (Exode 23:11, Lévitique 19:9, etc.) ou de partager ses richesses devant des situations difficiles pour d'autres. C’est un partage auquel l’Eglise est appelée à faire face, comme on peut le voir dans 2 Corinthiens 8 et 9 au sujet de la collecte pour les chrétiens de Jérusalem, et tout simplement l’appel à une générosité permanente : "Souvenez-vous des pauvres" (Galates 2:10)

- l'inégalité fondée sur l'injustice. La Parole de Dieu est extrêmement sévère envers ceux qui oppriment les autres ou qui profitent de leur situation de force pour en tirer des avantages supplémentaires. Les populations les plus vulnérables dans l’Ancien Testament étaient les immigrants, les veuves et les orphelins ; Dieu veille attentivement à ce que personne ne profite de leur faiblesse et n'ajoute à leur détresse.

La réponse à ce type d'inégalité est la lutte contre l'injustice, afin de rétablir la justice. Ainsi, l'exploitation est sévèrement réprimandée par Dieu dans de nombreux textes du Pentateuque (dans Exode 23: 9 par exemple). Ces textes sont repris et amplifiés par les prophètes, puis dans le Nouveau Testament. L'un des textes les plus sévères contre l’exploitation se trouve d'ailleurs dans Jacques 5:1-6.

Concernant ces deux approches de l'inégalité, le texte d’ Esaïe 58:6-8 sur le vrai jeûne est très révélateur; il est intéressant de noter que les notions d’injustice et de compassion y sont assez imbriquées.

"Voici le jeûne auquel je prends plaisir : Détache les chaînes de la méchanceté, Dénoue les liens de la servitude, Renvoie libres les opprimés, Et que l'on rompe toute espèce de joug ;
Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre-le, Et ne te détourne pas de ton semblable.
Alors ta lumière poindra comme l'aurore, Et ta guérison germera promptement ; Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l'Éternel t'accompagnera.
"

Ce qui bloque la relation avec Dieu, c’est l’injustice ! Au chapitre 59, Esaïe écrit encore que "ce sont vos fautes qui mettent une séparation entre vous et Dieu". L'injustice entraîne une attitude négative de Dieu à l'égard des injustes !

Par ailleurs, même dans une situation où la justice n'est pas bafouée, nous pouvons aller beaucoup plus loin et mettre en pratique l'amour et la compassion que Dieu nous donne. Lisons Esaïe 58.10-12 :

"Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, Si tu rassasies l'âme indigente, Ta lumière se lèvera sur l'obscurité, Et tes ténèbres seront comme le midi.
L'Éternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides, Et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, Comme une source dont les eaux ne tarissent pas."


Nous voyons que de nombreuses bénédictions reposent sur celui qui met en pratique cet amour. Dans ce cas, non seulement la relation avec Dieu n'est pas bloquée, mais des promesses merveilleuses sont contenues dans ces versets !



Conclusion

La question n'est pas d’être pour ou contre la mondialisation, mais d’intervenir pour qu'elle se construise selon des principes bibliques de justice et de compassion. En paraphrasant Jésus qui parlait du sabbat, on pourrait dire que ce n’est pas l’homme qui est fait pour la mondialisation, mais que la mondialisation doit être faite pour l’homme.

Pour terminer, rappelons par un verset ce que Dieu attend de nous :
Michée 6.8 : "On t’a fait connaître, ô homme, ce que l’Eternel demande de toi : c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu."
D’après le texte d’une conférence de Patrick Guiborat, directeur du SEL, au Congrès Européen d’Ethique - SEL

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