Le désert

Le désert
Cher Pasteur,

Je n'ai encore jamais vu le Sahara, que l'on m'a affirmé être d'une grande beauté. Je veux bien croire sur parole ceux qui l'ont traversé, mais j'avoue qu'il m'est difficile, dans mon imagination, de le comparer aux paysages grandioses de Norvège. À part quelques oasis, auxquelles je veux bien concéder quelque attrait, je crois savoir qu'il n'y a que du sable !

Du sable, encore du sable, toujours du sable ! Toutefois, je ne suis pas loin de croire que cette monotone uniformité soit certainement propice à la réflexion, à l'intériorisation. Dans notre habitat coutumier, nos sens, continuellement en éveil, sont constamment stimulés par l'immense variété de notre environnement. Nous sommes emportés dans un tourbillon incessant d'impressions, de sollicitations, de pensées et d'actes à accomplir, et nous avons, pour la plupart, oublié l'art de la méditation.

Rendement, efficacité, réussite, sont les maîtres mots de notre société actuelle. N'y a-t-il pas un danger, pour nous qui sommes engagés dans l'œuvre du Seigneur, de nous laisser influencer par cette course aux résultats ? Il me semble parfaitement légitime de désirer voir de nombreuses personnes se donner au Seigneur, de faire de nombreux baptêmes, de voir grandir notre église. Pour atteindre ce but, nous nous donnons corps et âme. Et dans notre parfaite logique humaine, nous estimons que c'est là notre devoir.

Mais n'aurions-nous pas oublié un aspect important de notre ministère ? S'il est vrai que nous sommes au service de nos frères, nous sommes avant tout au service de Dieu. Et si nous voulons que ce service réponde à ce que Dieu attend de nous, il nous est indispensable de bien savoir quelle est notre part et quelle est celle de Dieu. S'il est vrai que nous sommes capables de faire des adeptes, seul le Saint-Esprit a le pouvoir de transformer un être humain en une nouvelle créature. Certes, nous devons prêcher, témoigner, chanter, prier, bref, être actif. Mais n'oublions jamais que notre responsabilité principale est d'être le canal du Saint-Esprit.

Et c'est là qu'intervient le rôle du désert, comme un antidote à notre activisme viscéral. Dans le livre d'Osée, Dieu compare le peuple d'Israël à une épouse infidèle qui a oublié son mari. Il dit :

"C'est pourquoi voici, je veux l'attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur. Là, je lui donnerai ses vignes et la vallée d'Acor, comme une porte d'espérance, et là, elle chantera comme au temps de sa jeunesse, et comme au jour où elle remonta du pays d'Égypte." (Osée 2.16-17)

La vallée d'Acor, vallée maudite s'il en fut, évoque le triste souvenir du péché d'Acan et de son terrible châtiment (Jos 7.10-26). Comment donc peut-elle devenir une porte d'espérance, et où trouver des vignes dans le désert ?

C'est là le miracle de Dieu : Au cœur du désert où lui-même nous conduit, il parle à notre cœur et nous ouvre ses trésors, pleins de beaux fruits et d'espérance, tels que nous n'aurions jamais imaginé trouver dans un désert !

Remarque bien que quand Dieu nous fait traverser le désert, il ne nous y envoie pas, il nous y conduit, donc il est avec nous, même s'il peut nous sembler absent ou lointain. Ne nous décourageons pas, même si nous n'entendons plus la brise dans les palmiers ; c'est normal, c'est le désert. Mais il est là, et il veille. Par la foi nous en découvrirons bientôt toute la mystérieuse beauté.

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