Les pauvres sont-ils responsables de leur situation ?

Les pauvres sont-ils responsables de leur situation ?

Il est vrai que poser la question en ces termes peut paraître quelque peu provocant voire franchement indécent. Les pauvres souffrent déjà bien assez pour qu’on ne les rende pas en plus responsables de la situation malheureuse dans laquelle ils se trouvent. Pourtant, qui peut affirmer qu’il ne s’est jamais laissé aller à de telles pensées ? Les sondages montrent d’ailleurs que cette idée (reçue ?) progresse en France. Que dit alors la Bible sur le sujet ?

La conséquence de mauvaises décisions

Il semble que dans certains cas la pauvreté puisse directement résulter de mauvaises décisions prises par les personnes pauvres elles-mêmes. C’est ainsi que la Bible nous met en garde contre des actions qui seraient irréfléchies et menées dans la précipitation. « Les projets d'un homme actif sont profitables, mais agir avec précipitation, c'est courir vers le dénuement. » (Proverbes 21.5)

Le livre des Proverbes dénonce tout particulièrement certains comportements autodestructeurs, au premier rang desquels on trouve la paresse. « Et toi, paresseux, combien de temps vas-tu rester couché ? Quand donc sortiras-tu de ton sommeil pour te lever ?"Je vais faire juste un petit somme, dis-tu, juste un peu m'assoupir, rien qu'un peu croiser les mains et rester couché un instant." Mais pendant ce temps, la pauvreté s'introduit chez toi comme un rôdeur, et la misère comme un pillard. » (Proverbes 6.9-11)

Parfois, ce sont nos relations qui peuvent nous porter préjudice et la Bible nous encourage alors à fuir ces mauvaises fréquentations. « Ne t'associe pas à des ivrognes, ni à ceux qui aiment la bonne chère, car l'ivrogne et le gourmand tombent dans la misère, et ceux qui somnolent seront bientôt vêtus de haillons. » (Proverbes 23.20-21)

D’autres éléments encore pourraient être mis en avant mais ce qui compte avant tout c’est de comprendre que nos choix et nos croyances peuvent parfois avoir pour conséquence de nous conduire à la pauvreté. Il faut néanmoins préciser que l’accent général de l’Écriture sur la pauvreté ne semble pas porter d’abord sur la responsabilité des pauvres eux-mêmes mais plutôt sur des facteurs extérieurs sur lesquels ils n’ont pas forcément d’emprise.

La vie dans un monde déchu


Expliquer la pauvreté par la seule responsabilité de ceux qui en souffrent serait un raccourci malheureux et inexact. La Bible nous permet de discerner d’autres causes à la pauvreté, à commencer par le fait que nous vivons dans un monde déchu. En effet, la chute n’a pas eu pour seule conséquence d’altérer notre relation à Dieu mais elle a aussi perturbé l’ensemble de la création.

« Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité ; cela ne s'est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. Il lui a toutefois donné une espérance : c'est que la création elle-même sera délivrée de la puissance de corruption qui l'asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire. » (Romains 8.20-21)

Ainsi, ce monde corrompu dans lequel nous vivons nous est, à certains égards, hostile. Les catastrophes naturelles qui y prennent place peuvent, par exemple, précipiter certaines personnes dans la misère sans forcément qu’elles aient provoqué cette situation. « Rappelez-vous ces dix-huit personnes qui ont été tuées quand la tour de Siloé s'est effondrée sur elles. Croyez-vous qu'elles aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? » (Luc 13.4)

Dans le même sens, la Bible évoque des situations de pauvreté où les personnes concernées ont pourtant agi avec sagesse et discernement. Malheureusement, il arrive parfois que les circonstances de la vie réservent des difficultés ou malheurs imprévus. « J'ai encore observé, sous le soleil, que ce ne sont pas les sages qui ont du pain, et la richesse n'appartient pas aux hommes intelligents, car chacun rencontre tour à tour des circonstances favorables et des circonstances défavorables. » (Ecclésiaste 9.11)*

L’exploitation par les « puissants »

Une troisième explication que la Bible donne à la pauvreté découle des relations que les êtres humains peuvent entretenir les uns avec les autres. Depuis la chute, ces relations sont marquées par le péché et la relation harmonieuse originelle a fait place à des rapports de domination, de crainte et de frustration. « Ton désir se portera vers ton mari, mais lui te dominera. » (Genèse 3.16)

Tout au long de l’Ancien Testament, l’Éternel dénonce les nombreux crimes qu’Israël avait pu commettre. Il s’est particulièrement élevé contre l’exploitation des pauvres par les riches allant jusqu’à traduire en justice les responsables de son peuple : « Vous avez dévasté la vigne. Vous avez entassé dans vos maisons ce que vous avez pris aux pauvres. Pourquoi donc écrasez-vous mon peuple et foulez-vous aux pieds la dignité du pauvre ? » (Ésaïe 3.14-15)
Ainsi, certains peuvent être enfermés dans la pauvreté en raison de relations personnelles avec des individus mal disposés à leur égard. « Pour un pot-de-vin ils vendent l'innocent, et l'indigent pour un morceau de pain. Ils piétinent les pauvres en leur brisant la tête dans la poussière, et ils faussent le droit des humbles. » (Amos 2.6-7)

Parfois, il semblerait même que ces injustices soient structurellement ancrées. On se trouve alors en présence d’un système inique où la loi entérine les situations de pauvreté. « Malheur à ces législateurs qui font des lois injustes, et à ceux qui rédigent des décrets qui engendrent la misère, pour refuser aux miséreux l'accès au tribunal, pour priver de leur droit les pauvres de mon peuple, pour dépouiller les veuves, et pour piller les orphelins. » (Esaïe 10.1-2)

Le mystère de la souveraineté divine

Au-delà des différentes raisons qui ont pu être précédemment avancées pour expliquer la pauvreté, il nous faut maintenant les dépasser en abordant la délicate question de la souveraineté divine. En effet, bien que l’on ait souvent du mal à l’accepter, pauvreté et richesse semblent pourtant faire partie de la manière mystérieuse d’agir de Dieu. Cette idée se retrouve notamment dans le cantique d’Anne quand celle-ci déclare : « L'Éternel seul dépouille et enrichit, il humilie, et il élève aussi. » (1 Samuel 2.7)

Dieu est souverain et, comme il est dit dans le livre des Proverbes, il peut décider qui est riche ou pauvre. « Riche et pauvre ont ceci en commun : c'est l'Eternel qui les a faits l'un et l'autre. » (Proverbes 22.2). Il faut alors bien l’avouer, cette facette de Dieu peut parfois laisser place à un peu d’incompréhension de notre part.

Nous ne pourrons jamais vraiment saisir tous les mystères du plan de Dieu pour nos vies mais il arrive que de telles situations soient là pour nous faire grandir dans la foi. Comme le souligne l’apôtre Pierre dans sa première épître, il peut y avoir un caractère pédagogique aux épreuves qui « servent à éprouver la valeur de [notre] foi » (1 Pierre 1.7). À ce titre, l’exemple de Job est éclairant et son dénuement a même été jusqu’à inspirer une expression du langage courant : « être pauvre comme Job ».

Il nous faut alors placer notre espérance dans les promesses divines et nous rappeler qu’en dépit des difficultés, Dieu utilise les circonstances pour notre bien en nous rendant toujours plus conforme à l’image de Christ. « Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin. » (Romains 8.28)

Conclusion

Avec une lecture attentive des Écritures, on s’aperçoit donc que les pauvres ne sont pas forcément responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent. De quoi aller à l’encontre peut-être de certaines représentations.

Et pourtant, quand bien même ils en seraient pour partie responsables, cela devrait-il nous empêcher de les aider ? N’ont-ils pas le droit eux-aussi à une « deuxième chance », à l’image de la grâce dont le Père nous a témoigné en nous offrant le salut en Jésus-Christ ?

« Faisons le bien sans nous laisser gagner par le découragement. Tant que nous en avons l'occasion, faisons du bien à tout le monde, et en premier lieu à ceux qui appartiennent à la famille des croyants. » (Galates 6.9-10)

Nicolas Fouquet
Chargé de mission éducation au développement au SEL





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3 commentaires
  • FB.benjamin.nganafei Il y a 8 années, 3 mois

    Merci beaucoup ça ma aidé d'avoir une clarté sur ce sujet qui m'est beaucoup posé. Que Dieu vous bénisse!
  • fanoufatiha Il y a 9 années, 4 mois

    mon mari vient de me relater à l'instant une histoire vraie, il travaille chez une personne très à l'aise financièrement. Ce matin sa femme de ménage lui dit "vous savez je ne resterai pas car je trouve qu'il y a trop de travail chez vous"!! si cette jeune femme ne retrouve pas de travail elle sera responsable de sa misère avenir, ce ne sera la faute de PERSONNE!! que le seigneur nous donne la sagesse, nous ses enfants pour ne pas agir de même. Autrefois pour remplir mon réservoir affectif, j'avais besoin d'acheter des vêtements et des chaussures qu'ensuite jene portais pas forcément, et ça me mettait souvent dans le rouge, grâce à la parole de Dieu je suis bien plus modérée et ça va beaucoup mieux.Alors achetons sans or ni argent la sagesse de DIeu
  • quebec-ontario Il y a 9 années, 4 mois

    Excellent! Beaucoup de versets, different angles.......BRAVO et Merci