Qu'est-ce que tomber par l'Esprit ?

Qu'est-ce que tomber par l'Esprit ?

Question d'un Internaute : "Je m'interroge sur la nature du « phénomène » qui arrive à certains chrétiens que j'ai vus physiquement tomber, alors que des pasteurs leur imposaient les mains et priaient pour eux. Il ne me semble pas avoir lu dans la bible la description d’un tel événement. Que se passe-t-il ? À quoi cela est-il dû ? La puissance du Saint-Esprit ?"

Dans les réflexions qui vont suivre, nous ne voulons troubler personne. Nous affirmons avec force que le Saint-Esprit est souverain, et qu'il se manifeste comme il veut. Nous allons, avec beaucoup de hardiesse, dénoncer la systématisation qui conduit irrévocablement à la contrefaçon, mais nous ne voulons pas pour autant dicter quelque règle que ce soit au Saint-Esprit, et nous répétons que nous respectons sa totale souveraineté.

Si nous sommes amenés à considérer certaines manifestations comme appartenant au domaine de ce que nous avons appelé le pseudo-spirituel, qu'il soit bien clair que nous n'excluons pas la possibilité que ces mêmes manifestations puissent, prises isolément, être d'une nature parfaitement authentiques. […]

À l'opposé de cela, il y a la pierre de touche du pseudo, la systématisation des phénomènes, qui devient rapidement ce que nous n'hésiterons pas un seul instant à qualifier de "mode". C'est maintenant de cela que nous voulons nous entretenir. […]

La Bible nous parle en de nombreux endroits de gens qui tombent pour diverses raisons. La première, et de loin la plus courante, se manifeste lorsque quelqu'un se prosterne. Il s'agit là d'une action volontaire de l'individu qui se courbe dans l'adoration ou la soumission, et qui est décrite par une expression telle que : "tomber sur sa face", ou similaire.

On se prosterne ainsi devant Dieu :

Abram : (Gen 17.3)

Moïse et Aaron : (Nom 20.6)

Josué : (Jos 5.14)

Mais il arrive que l'on se prosterne également, en signe de respect et de soumission, devant des hommes :

Ruth, devant Boaz : (Ruth 2.10)

Abigaïl devant David : (1Sam 25.23)

Corneille devant Pierre : (Actes 10.25-26)

Cet acte, qui n'est apparemment imposé à l'individu que par une vive émotion, est parfaitement volontaire, et semble être une réaction tout à fait naturelle à l'époque. Lorsque après le rapport des espions envoyés en Canaan le peuple commence à murmurer, et parle de retourner en Égypte, nous remarquons la réaction de Moïse et d'Aaron : "Moïse et Aaron tombèrent sur leur visage..." (Nom 14.5-7).

Parlant du don de prophétie, et de la puissance de conviction qui se dégage de son exercice dans l'Église, Paul imagine cette réaction chez un auditeur : (1Co 14.24-25).

Répétons-le, dans tous ces exemples, il ne s'agit que d'un acte purement volontaire, sans contrainte extérieure. Mais nous trouvons aussi dans l'Écriture des cas où l'émotion est si violente, qu'une réaction physique se manifeste par un état de faiblesse soudaine. On a l'impressions que le cœur vient à manquer. C'est le cas de Daniel et de l'apôtre Jean :

Daniel : (Da 8.17 ; 10.8-9)

Jean : (Apoc 1.13-17)

Il convient de remarquer que même dans ce cas extrême où la réaction physique prive l'individu de ses moyens, lorsqu'il tombe, c'est dans une attitude de respect et d'adoration, la plupart du temps la face contre terre.

Les seuls exemples dans l'Écriture de chutes autres que lorsqu'on se prosterne concernent des gens qui s'opposent à Dieu, des rétrogrades ou des possédés : ((Es 28.12-13)

Le vieux juge Eli, que l'Éternel devra rejeter à cause de son laxisme à l'égard de ses fils débauchés, connaîtra une fin semblable. Lorsqu'il entendit que l'arche de l'Alliance avait été prise par les Philistins, le jugement de Dieu s'accomplit : ((1Sam 4.18)

Lorsque Saül, lui aussi rejeté par Dieu pour son orgueil et sa désobéissance, ira mettre le comble à ses péchés en allant consulter la magicienne d'En-Dor, et qu'il s'entendra prédire des événements terribles pour ses fils et lui-même, il tombera, mais certainement pas pour adorer : ((1Sam 28.18-20)

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi plusieurs exemples instructifs.

L'enfant possédé d'un esprit muet : (Marc 9.20)

Ceux qui viennent arrêter Jésus : (Jn 18.6)

Ananias et Saphira : (Actes 5.5 ; 5.9-10)

Saul de Tarse : (Actes 22.6-7)

Les seuls cas rapportés dans l'Écriture où les gens tombent sont donc lorsqu'ils se prosternent en signe de soumission ou d'adoration, avec ou sans défaillance physique, et quand Dieu manifeste sa puissance contre des adversaires. Nulle part il n'est question de gens qui tombent à la renverse pour recevoir une bénédiction.

Bien entendu, on nous dira que ce que Dieu n'a pas fait dans la Bible, le Saint-Esprit peut le faire aujourd'hui. Certes, nous ne le contesterons pas, car nous respectons sa souveraineté. Le réveil de Pentecôte du début du siècle a été marqué par la manifestation de la puissance de Dieu qui faisait tomber les gens, parce qu'ils étaient sous la domination d'esprits mauvais.

Mais l'enseignement qui veut que le fait de tomber à la renverse soit une preuve de la puissance de Dieu communiquant une bénédiction aux chrétiens est un événement tout à fait nouveau. Et les promoteurs de cette pratique ont, paraît-il, reçu ce "don" de faire tomber les gens, don qui peut se transmettre d'un serviteur de Dieu à un autre. Nous avons nous-mêmes rencontré un tel prédicateur ayant reçu ce prétendu "don" lors du passage dans son église d'un certain "ministère de puissance".

Les méthodes employées sont diverses ; certains touchent les gens, et ils tombent ; d'autres soufflent sur eux, ou dans le micro, avec le même effet ; d'autres encore ne font que prier, et les gens s'écroulent. La chute se fait pratiquement toujours en arrière, amortie par des bras charitables.

Là encore, nous retrouvons la systématisation génératrice de manipulation. Cette manipulation, souvent inconsciente, sans toutefois l'être toujours, peut revêtir deux aspects. Une forme physique, et une forme psychologique.

La manipulation physique, nous l'avons vécue en direct. Je fus une fois encore sollicité pour interpréter un prédicateur. A la fin de la réunion, après avoir donné une bonne prédication sur la foi, il invita ceux qui voulaient recevoir une bénédiction à s'approcher pour l'imposition des mains. Faisant face à la personne qui était debout, recueillie et les pieds joints, il lui posait les mains sur les épaules et priait. En quelques instants, la personne tombait à la renverse.

Pourtant il y eut quelques "réticents". Au bout de quelques instants, on les voyait reculer légèrement les pieds pour rattraper un équilibre qui devenait précaire. Ceux-là n'avaient manifestement pas subi la manipulation psychologique dont nous parlerons dans quelques instants, ou elle n'avait eu aucune prise sur eux. C'étaient, on s'en doute, des incrédules qui, se refusant à tomber, ne pouvaient pas recevoir la "bénédiction". J'étais tout à côté du prédicateur pour l'interpréter, et je pouvais observer très précisément ce qui se passait. […]

Mais, dira-t-on, qu'en est-il lorsque le prédicateur souffle seulement sur les gens, ou dans le micro, ou se contente de prier ? C'est là que nous nous retrouvons une fois de plus dans le marécage du psychisme humain. Il existe un conditionnement, fruit d'une manipulation psychologique, qui se crée indépendamment de la volonté des protagonistes, et qui suit dans le sillage des pratiques que nous venons de décrire. Une part importante de ce conditionnement, c'est le témoignage de ceux qui ont "vécu la bénédiction".

Car […] les témoignages existent. Ils reflètent tous une expérience subjective dont nous ne contestons pas la valeur pour la personne qui la fait. Mais cela ne prouve pas nécessairement que son origine soit spirituelle. Seule la Parole de Dieu peut trancher, et nous avons déjà examiné plus haut cette pratique au microscope de l'Écriture, avec pour conclusion qu'elle n'est pas scripturaire.

Mais du fait de sa systématisation, du prestige de ses promoteurs, les "ministères de puissance", et à cause des témoignages, il se crée une manipulation psychologique telle que les gens s'attendent à tomber à leur tour.

Cette "attente", nous serions les premiers à l'appeler de la foi, si elle était dirigée vers une réelle expérience d'origine spirituelle, avec un solide fondement dans la Parole de Dieu. Mais, hélas, force nous est de reconnaître que l'analyse objective de ce phénomène ne nous permet pas de conclure à autre chose qu'à une manifestation pseudo-spirituelle. Puissent tous les chrétiens confrontés à cette illusion dire avec le psalmiste :

"Tu me poussais pour me faire tomber ; mais l'Éternel m'a secouru." (Ps 118.13)

Extrait du livre de l'auteur "La séduction du pseudo-spirituel", pages 101 à 109.

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