Voyage sans retour

Voyage sans retour

Cher Pasteur,

Lorsque pour la première fois je suis arrivé en Norvège, j'ai tout naturellement été frappé par la nature grandiose de ce pays. Mais ce qui m'a peut-être impressionné le plus, c'est le calme de ses habitants, en parfaite harmonie avec la majestueuse sérénité de leurs lacs et de leurs montagnes.

Je suis un Français, élevé en France par des Français. Je ne voudrais offenser personne, mais force est de constater que le Français s'est taillé une solide réputation de râleur. Adolescent, pour rien au monde je n'aurais voulu entacher cette réputation, de quelque manière que ce fût, et pour un oui ou pour un non j'exerçais avec brio l'art consommé de la rouspétance.

Ma cure de désintoxication à cette addiction a tout de même duré sept années (c'est dire la gravité du syndrome !), au milieu d'un peuple chez lequel il n'est point besoin de crier pour se faire entendre.

Cela me rappelle une petite anecdote. Une toute jeune fille avait pris place dans un compartiment de chemin de fer bondé. Une vieille femme revêche vint, en la bousculant, s'asseoir à côté d'elle, portant un panier de pommes, une cage à oiseaux et divers sacs. Lorsque quelqu'un demanda à la jeune fille pourquoi elle n'avait pas protesté et fait valoir son droit, elle répondit avec un sourire : "Ce n'est pas la peine de se disputer pour si peu, le voyage ensemble est si court !".

Voilà une réponse qui devrait être une devise écrite en lettres d'or dans chaque foyer, chaque lieu de travail, chaque endroit public : Ce n'est pas la peine de se disputer pour si peu, le voyage ensemble est si court !

Si chacun pouvait se rendre compte que notre passage ici-bas est de si courte durée qu'il est stupide de l'assombrir par de futiles disputes. Disputes futiles, le plus souvent, parce que causées par des raisons futiles. N'existe-t-il pas de ces haines ancestrales, qui se transmettent de génération en génération, sans qu'aucune des parties ne soit capable d'en déterminer l'origine ?

Mais sans aller si loin, que de brouilles ne reposent-elles pas sur de simples malentendus, la plupart du temps causés par un manque de communication. Et puis le terreau fertile de toutes ces mésententes ne serait-il pas le vieil égoïsme de notre nature humaine ?

Notre voyage ensemble ici-bas est bien court en vérité, et il est sans retour. Personne ne sait s'il devra descendre à la prochaine station. Personne ne connaît la durée de son voyage ! Je ne sais pas si ce que je viens de dire à une personne sera les dernières paroles qu'elle entendra, ou les dernières que je prononcerai !

Lorsqu'un être cher nous est enlevé, il doit être tellement réconfortant de savoir que nous n'avons pas à regretter les dernières paroles que nous lui avons adressées !

Dans un monde rempli de haine et de violence, le Chrétien a mieux à faire que d'être râleur, querelleur, agressif. La douceur est une vertu qui n'a jamais été synonyme de manque de caractère. La Bible nous recommande :

"Que votre douceur soit connue de tous les hommes" (Phil 4.5).

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