Du fait de mes entrailles

Du fait de mes entrailles
Pourquoi se mobiliser face à la pauvreté quand on est chrétien ? Voici le sixième article d'une série proposée par le SEL dans laquelle chaque auteur donne son regard personnel sur la réponse à apporter à cette question.

Travailler à ce qui se voit est généralement notre préoccupation première. La Bible s’attache paradoxalement à mettre comme une priorité ce qui ne se voit pas, ce qui est caché aux yeux des hommes. Non pas pour nier le visible mais, au contraire, pour le rendre possible, pour lui offrir la grâce de devenir.

L’indispensable mobilisation face à la pauvreté ou à la souffrance a été évoquée dans les articles précédents de cette série. Ainsi, ma foi en Jésus-Christ prend sens notamment dans ma capacité à me laisser toucher par le besoin de mon prochain et à agir, tel le Samaritain de la parabole (Luc 10.25-37). Prochain qui, en la circonstance, est davantage le lointain, l’ennemi traditionnel, duquel il se fait proche… comme le pauvre peut l’être pour nous aussi dans notre société contemporaine. Histoire d’ailleurs racontée par Jésus pour illustrer un point de doctrine fondamentale touchant au salut. Mais il est important de comprendre le véritable enjeu de tout cela. Non pas seulement l’acte en lui-même mais surtout l’instigateur profond, caché, qui enclenche le mécanisme de l’action. C’est une question d’amour ! Un amour qui s’enracine et se cultive au plus profond de l’être.

1 Jean 3.17 « Si quelqu'un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ? »

Le français emprunte un mot grec pour désigner le fait de se rendre sensible aux souffrances de quelqu’un d’autre : l’empathie. Pour ce concept plutôt abstrait, l’hébreu biblique va prendre le mot « rahamim » qui veut dire littéralement : le sein maternel ou les entrailles. On en comprend que l’empathie dans la Bible est comme le lien viscéral entre une mère et l’enfant en elle. Cette image de l’amour plein de tendresse d’une mère pour son enfant est utilisée à plusieurs endroits dans la Bible pour décrire le regard de Dieu sur son peuple.

Le Nouveau Testament conserve cette pensée avec « splanchna » qui, littéralement, signifie « entrailles ». En grec, on dit par exemple que l’« on a des entrailles pour quelqu’un » afin d’exprimer l’idée d’éprouver un sentiment intense de compassion. Et c’est avec ces mots qu’est décrit le regard de Jésus sur le pauvre, le faible, l’affligé. À l'approche de la ville de Naïn, Jésus est « pris aux entrailles » par la détresse d'une veuve qui porte en terre son fils unique (Luc 7.11-16). Du plus profond de son être, il communie avec une femme qui vient de perdre « le fruit de ses entrailles ».

Jésus n’agit pas par devoir mais bel et bien parce que ses trippes lui en intiment l’ordre. Si le résultat de l’action est évidemment important, en particulier pour celui qui en est bénéficiaire, le préalable est néanmoins déterminant. La victoire publique n’advient parfaitement que lorsque la victoire intérieure et personnelle a été obtenue.

Proverbes 4.23 « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. »

Hors du cœur se trouvent les problèmes de la vie, c'est-à-dire les résultats, le fruit que nous portons dans nos existences. Par conséquent, le cœur et ce qu'il contient déterminent le fruit qui en sort. C’est pourquoi nous sommes appelé à veiller sur lui. De même notre responsabilité est de nourrir notre être intérieur de l’amour de Dieu par une relation sans cesse renouvelée avec le Christ vivant. C’est ainsi que nous pourrons accomplir cette recommandation de l’apôtre Paul : « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. » (Colossiens 3.12) Curieuse expression mais qui prend sens à la lumière de tout ce qui précède. Sur notre insensibilité, nos raisonnements, parfois notre apparente sagesse ou même encore une certaine religiosité (en pensant par exemple aux passants qui ont précédés le Samaritain) qui trop souvent retiennent notre main face au démuni quelqu’il soit, nous sommes invités à placer les entrailles de notre Père Céleste et les faire devenir nôtres. Identité, ADN spirituel sont en jeu. Ce n’est pas une option c’est l’ordre naturel des choses en Christ. Et qu’ainsi, face au malheur, à la souffrance, au pauvre, je puisse m’écrier comme Jérémie : « Mes entrailles ! Mes entrailles : je souffre au dedans de mon cœur. Le cœur me bat, je ne puis me taire. » (Jérémie 4.19)

Jean-Luc Gadreau

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3 commentaires
  • noeliagracemia57 Il y a 7 années, 7 mois

    Pere donne moi l'amour de mon prochain , sert toi de ma vie Pere afin de venir en aide a ceux qui en n'en besoin Que ton nom sois beni Jesus
  • Yimgos Il y a 7 années, 8 mois

    ''La victoire publique n'advient parfaitement que lorsque la victoire intérieure et personnelle a été obtenue.'' Amen! Merci pour cet article riche, qui interpelle! Que Dieu bénisse les Ministères Sel, Compassion, Portes Ouvertes, et bien d'autres qui œuvrent en faveur des démunis et l’Église en détresse. Seigneur, apprends moi à aimer comme Toi, toujours mieux chaque jour! Oui Papa, conforme mon cœur au Tien, car je ne peux pas par moi même! Remplis moi de Ta compassion et de Ton amour, fasse que je puisse à l'image de Christ, être toujours une bénédiction pour ceux qui sont dans le besoin. Merci de me l'accorder en Jésus-Christ, Amen!
  • Maguy7 Il y a 7 années, 9 mois

    Matthieu chapitre 11, 28-30 « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » ABANDONNONS NOUS DANS LES BRAS DE JESUS ! Dieu nous aime !