"C'est à moi !" Un danger pour la générosité ?

"C'est à moi !"  Un danger pour la générosité ?
La propriété privée, un obstacle dans la lutte contre la pauvreté ? On peut le penser et ce serait vrai à bien des égards. L'égoïsme n'est-il pas ce qui consiste à s’accrocher à ce qui nous appartient et à refuser de partager ?
Examinons rapidement un exemple et un contre-exemple qui nous sont donnés par la Bible.


Un exemple :


  •  La première communauté chrétienne se caractérisait par le partage. Ses membres allaient très loin dans ce domaine :

« Tous ceux qui avaient cru… avaient tout en commun. Ils vendraient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » (Actes 2.44-45)

« Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux. » (Actes 4.32)

  •  Il semble que c’était suite à ce partage qu’ « il n’y avait parmi eux aucun indigent » (Actes 4.34). Il n’y avait plus de pauvreté au sein de la première Église.

En quoi son exemple pourrait-il nous inspirer aujourd’hui ? En quoi la foi en Jésus peut-elle nous libérer pour une vie de générosité ?
  • Ananias et Saphira n’ont pas voulu renoncer entièrement à leur propriété privée : ils ont vendu leur champ, mais n’ont pas donné tout le prix aux apôtres. Ils ont fait croire qu’ils donnaient tout alors qu’ils en gardaient une partie pour eux. Leur punition a été spectaculaire (Actes 5.1-11)


Un contre-exemple :


D'une part, dans l’Ancien Testament, le prophète Esaïe prononce des paroles sévères à l’égard de ceux qui accumulent des richesses de façon démesurée :

« Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison et qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace. Il n’y a de demeure que pour vous seuls au milieu du pays ! »
(Esaïe 5.8)

La Bible aurait-elle donc une vision négative de la propriété privée ? Je ne crois pas que tel soit le cas.


Respecter la propriété privée de tous

  • Les dix commandements m’obligent à respecter la vie, le conjoint, la réputation… mais aussi la propriété de mon prochain : 
« Tu ne commettras pas de vol. » (Exode 20.15)

  • Même la pauvreté ne justifie pas le vol :
« On ne méprise pas le voleur qui vole pour satisfaire son appétit quand il a faim ; pourtant si on le trouve, il fera une restitution au septuple, il donnera tous les biens qu’il a dans sa maison. » (Proverbes 6.30-31)

  • La loi de Moïse obligeait tout particulièrement à respecter la propriété du pauvre : on ne doit pas mettre sa vie en danger en lui retirant tout ce qu’il possède ; on ne pouvait pas non plus forcer son domicile pour prendre le gage qu’il devait (voir Deutéronome 24.6-13).
Aussi surprenant que cela puisse nous sembler, la Loi de Moïse permet l’esclavage (qui oblige le maître à prendre en charge les besoins de l’esclave), mais pas de dépouiller quelqu’un de tout son bien pour le laisser ensuite se débrouiller seul.

  • Même dans la première communauté chrétienne, la propriété privée n’était pas abolie : ce qui est reproché à Ananias et à Saphira c’est d’avoir menti, pas d’avoir gardé quelque chose pour eux. Pierre le souligne explicitement (Actes 5.4).
Accéder à la propriété pour sortir de la pauvreté… et pour donner

  • Lutter contre la pauvreté et contre les injustices, c’est chercher à mettre ceux qui sont en situations de pauvreté en position de posséder quelque chose.
Ce ne sera pas forcément leur logement ou leur terre (même si ce serait souhaitable), mais ce sera au moins de quoi pourvoir à leurs besoins de base (nourriture et vêtement) et à ceux de leur famille d’une façon aussi stable que possible.
Dans la Bible, la loi du Jubilé permettait à chacun de retrouver sa propriété au bout d’un certain temps (voir Lévitique 25.8-17).

  • La Bible nous pousse à aller plus loin que « simplement » respecter la propriété d’autrui :
« Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais qu’il prenne plutôt de la peine, en travaillant honnêtement de ses mains, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. » (Ephésiens 4.28)
Il faut posséder quelque chose pour pouvoir donner : nous n’avons pas le droit de donner ce qui appartient aux autres (« voler aux riches pour donner aux pauvres » selon l’idéal de Robin des bois).


Alors... la propriété privée : attention danger ?


Ce dont nous avons besoin, c’est d’une limitation de notre convoitise de posséder toujours plus (ce n’est pas facile !) et d’une ouverture aux besoins d’autrui. Autour du concept de propriété privée se joue une part de la logique de la responsabilité : posséder pour pouvoir être debout et pouvoir donner.
Daniel Hillion - SEL

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