Le chrétien doit-il se sentir coupable face à la pauvreté ?

Le chrétien doit-il se sentir coupable face à la pauvreté ?
On reproche parfois aux associations humanitaires de culpabiliser les gens pour les pousser à donner. Ce qui est très mal vu.

Mais sommes-nous vraiment coupables de quelque chose ?

Si oui, règlerons-nous le problème en le niant ? Ou en donnant ? Ou d’une autre manière ?

Le lien entre culpabilité et générosité est parfois bien compliqué !



QUAND NOUS RENCONTRONS LA PAUVRETE, CELA PRODUIT UN CHOC

Nous avons de nombreuses occasions d’être confrontés à la pauvreté :
  • dans la rue ou dans le métro,
  • à la télévision et sur Internet,
  • à l’occasion d’un voyage dans un pays en développement,
  • et pour certains d’entre nous, dans leur expérience personnelle ou celle de leur famille.
Le face-à-face avec la pauvreté peut créer un malaise. Il peut aussi nous faire peur : qui sait si nous ne serons pas pauvres un jour nous aussi ?


Comment réagissons-nous au malaise, à la peur ou au sentiment de culpabilité qui peuvent naître de la rencontre avec les pauvres ?
Voici quelques possibilités, dans lesquelles vous vous retrouverez peut-être :

- Nous pouvons refuser ce malaise. On peut fuir la pauvreté, détourner le regard et crier : « Laissez-moi profiter de la vie en paix ! »

- Nous pouvons chercher à compenser (un peu) pour le décalage que nous avons perçu entre nos conditions de vie et celles des pauvres : en donnant de notre argent et de notre temps, en payant de notre personne.

- Nous pouvons accuser quelqu’un ou quelque chose d’autre d’être coupable de la situation. Selon les cas, on dira que c’est la faute : du gouvernement, des institutions financières internationales, des grandes multinationales… Ou bien encore : des dirigeants corrompus des pays pauvres ou même des pauvres eux-mêmes.
Certains iront jusqu’à oser accuser Dieu.


AU FAIT, SOMMES-NOUS COUPABLES DE QUELQUE CHOSE ?


Reconnaissons-le : beaucoup de ceux qui vivent dans les pays occidentaux ont un niveau de vie élevé par rapport à la majorité de ceux qui vivent dans les pays en développement.

Devraient-ils se sentir coupables de quelque chose ?

Pas forcément ! La Bible dit que Dieu nous donne tout en abondance pour que nous en jouissions (1 Timothée 6.17).

Posons-nous alors des questions comme celles-ci :

- Est-ce que je mets mon espérance en Dieu ou dans ce que je possède ? Celui qui met son espérance en Dieu est libre d’être généreux, d’arrêter de vouloir toujours plus, de devenir riche en œuvres bonnes et de rechercher ce qui vaut mieux que la richesse matérielle.

- Est-ce que je sais discerner l’image de Dieu dans mon prochain ? Est-ce que je sais faire du bien à celui que Dieu met sur mon chemin par égard pour Dieu ?

« Qui opprime l’indigent déshonore celui qui l’a fait ; mais qui a pitié du pauvre lui rend grâce. » (Proverbes 14.31)

La culpabilité est quelque chose qui regarde en premier ma relation avec Dieu.
Quand je suis coupable de quelque chose, c’est fondamentalement devant Dieu et envers Dieu.
Au point que David, meurtrier et adultère (ce sont pourtant des fautes commises contre le prochain) pourra confesser à Dieu :

« J’ai péché contre toi, contre toi seul… » (Psaume 51.6)

Pour savoir si nous sommes coupables de quelque chose face aux pauvres, nos premières questions devraient concerner notre relation avec Dieu, notre confiance en Dieu, l’image de Dieu dans le pauvre.


ET SI NOUS SOMMES COUPABLES, QUE FAUT-IL FAIRE ?

Si nous sommes coupables de quelque chose :
  • Nous ne règlerons pas notre culpabilité en la niant.
  • Nous ne règlerons pas notre culpabilité en accusant quelqu’un d’autre.
  • Nous ne règlerons pas notre culpabilité en faisant un don.

Le remède à la culpabilité, c’est la croix du Seigneur Jésus-Christ. C’est à la croix que nous trouvons le pardon, si nous avons quelque chose à nous faire pardonner.

Et ensuite, nous pouvons aller au-delà de la culpabilité.
Dieu nous sauve par grâce pour que nous puissions accomplir les œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance afin que nous les pratiquions. Dans ces œuvres, n’y aurait-il pas aussi quelque chose pour les pauvres ?


POUR SE SITUER DANS NOTRE DEBAT

Reprenons, pour conclure, les trois attitudes face au malaise que peut susciter la pauvreté et posons quelques principes :

- Oui, il faut reconnaître que d’autres que moi ont une responsabilité et une culpabilité dans le problème de la pauvreté. Que cela ne m’empêche pas de me concentrer sur ma relation avec Dieu et sur mon style de vie devant lui.

- Oui, il faut reconnaître que je n’ai pas à gérer toute la misère du monde. Que cela ne m’empêche pas de vivre centré sur Dieu et pas sur moi-même : cela m’ouvrira aussi à mon prochain !

- Oui, il est bon de s’engager et d’agir. Que cela ne me fasse pas oublier que c’est la grâce de Dieu qui me délivre de ma culpabilité (pas mes dons, ni mes engagements) et que l’action envers les pauvres est d’abord reconnaissance envers Dieu.

Daniel Hillion

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