Les aventures de Patrick : 1ère borne

Les aventures de Patrick : 1ère borne

Une histoire qui va captiver nos jeunes. Patrick va se retrouver embarqué dans une aventure pleine de rebondissement. Je ne vous en dis pas plus, bonne lecture...


Première borne :

- Sortez ! Sortez, je vous dis ! Je ne veux plus vous voir à mon cours.

Patrick ferme la porte de la classe. Le poing serré, il murmure sa rage. Il traîne ses pieds tandis que son esprit ricoche sur les murs cherchant une fenêtre pour s’évader de cette prison. Mais immanquablement, il est ramené à ce long couloir qui n’en finit pas.

Soudain une autre porte s’ouvre.

- Monsieur Dutrieux, encore vous ! On ne fera jamais rien de bon avec vous. Décidément, vous n’entendez rien à rien.

“Rien” - ce mot résonne dans la tête de Patrick. Oui, ils ne comprennent rien. Il n’y a rien à espérer dans cette école pourrie, ni en dehors d’ailleurs.

- Entrez donc, et allez vous asseoir.

La porte de la salle d’étude se referme sur lui et sur sa rancoeur. Et bien qu’elle soit vaste, il étouffe dans cette pièce qui ne lui rappelle que les sanctions de ses précédentes “rébellions” comme disent les professeurs.

Ce n’était pas de sa faute s’il avait frappé ce débile de Nicolas. Il n’y avait que Monsieur Gaumont pour ne pas entendre qu’il l’avait insulté. Dans la vie, il ne faut pas se laisser faire, sans quoi on se fait écraser. Rien ni personne ne le fera déroger à cette règle de conduite.

L’heure s’écoule lentement, les secondes en appellent d’autres qui à leur tour cèdent leurs places à d’autres. Patrick est plus affalé sur sa chaise qu’il n’est assis. Son corps est bien présent, mais son esprit s’est de nouveau envolé par la fenêtre qui est à sa gauche. Il a dépassé l’enceinte de la cour et le premier pâté de maisons pour se perdre à l’horizon. Il n’est pas conscient de la direction ni du but de son esprit. Tout ce qu’il sait c’est qu’il s’éloigne toujours plus de l’école et de sa foutue réalité.

- Driiiiing!

La sonnerie le fait sursauter. C’est l’appel à la liberté, le cri de la délivrance !

Sans plus penser à autre chose que de sortir, il se redresse, s’empare de son sac à dos et s’empresse de passer la porte, de sortir du lycée.

- Libre, enfin libre ! s’exclame-t-il.

Patrick ne peut réprimer ces mots qui lui viennent directement du coeur. Plus jamais il ne mettra les pieds à l’école. Plus personne ne lui dira ce qu’il doit faire ou ne pas faire.

Plongé dans ses nouvelles résolutions, il ne voit pas une BMW, gris métallisé, s’approcher à sa hauteur. La fenêtre de la voiture s’ouvre

- Hé ! l’ami, comment ça va ? Tu viens faire un tour ?

- C’est toi, Manu ! Incroyable, il y a plus d’un an que tu as disparu. Qu’est-ce que tu deviens ?

- Monte, je t’expliquerai.

Sans plus attendre, Patrick s’engouffre à l’arrière du véhicule où se trouve une jeune fille qui au premier abord ne lui plaît pas.

- Je te présente Chloé et Sergio. Tu ne regretteras pas d’être venu avec nous. On va bien s’amuser !

Patrick regarde une seconde fois Chloé. Vraiment, elle ne l’attire pas. Elle a quelque chose qui le dérange. Ce n’est pas qu’elle soit d’un physique désagréable, mais un voile de tristesse assombrit son visage recouvert d’une couche de maquillage pas des plus discrètes.

Il se tourne alors vers Sergio, qui est à l’avant du véhicule, et engage la conversation.

- T’habites dans le coin, Sergio ?

- Ton père est flic pour me poser ce genre de question ?

- Non.

- Alors tu ferais mieux de te taire.

- Oh! je voulais juste parler...

- OK, mais si tu n’as rien de plus intéressant à dire, il vaut mieux en rester là.

Les sourcils froncés, la tête enfoncée dans ses épaules, les bras fermement croisés sur sa poitrine, Patrick foudroie du regard Sergio qui ne le voit pas. Pendant ce temps, l’aiguille du compteur monte rapidement, trop rapidement pour l’étroite rue dans laquelle il sont engagés. Manu d’un mouvement brusque se tourne à moitié vers Patrick.

- Cela te dit de faire une virée jusqu’à Bruxelles ?

Patrick réfléchit. Il n’avait pas pensé aller si loin et il n’a pas trop envie de rester aux côtés des amis de son ancien camarade de cité.

- Tu te décides !

- Bon ça roule, je suis de la partie.

Une insulte à un chauffeur estimé trop lent, un feu passé à l’orange, et les voilà engagés sur la bretelle de l’autoroute qui les conduira à Bruxelles.

La route défile tandis que les arbres sur la droite semblent courir en sens inverse, à contre-courant de cette virée dans l’inconnu.

Patrick replonge dans ses pensées lorsqu’un freinage, suivi d’un coup de klaxon vient le sortir de sa rêverie.

- Quelle andouille ce type! Il a failli nous faire taper contre le rail de sécurité. Quand on ne sait pas conduire on ne prend pas le volant. Allez, papy, c’est ça, range-toi sur la bande de droite et laisse rouler les pros.

- Hé, Patrick ! On peut pas dire que tu mets de l’ambiance. Qu’est-ce que tu deviens ?

- Oh, tu sais, pas grand chose.

- Et à part cela?

- Entre l’école où je ne vais plus rester longtemps et les vieux qui se disputent tout le temps, le programme n’est pas des plus excitants.

- C’est bien ce qui me semblait. T’as besoin de sortir de ton trou.

- Tes vieux se font la guerre, intervient Serge. Bienvenue au club !

- Oui, des fois je me dis que je vais me tirer de là. Mais mon frangin me l’a déconseillé. C’est facile à dire pour lui. Il travaille déjà. Il a de l’argent pour s’acheter ce qu’il veut et sortir avec ses copains.

- Fais comme moi, répond Sergio. N’écoute que cette petite voix en toi qui te dit de t’éclater. Tant pis si les autres te disent que tu mets ta vie en l’air, que tu joues avec le feu. C’est maintenant qu’il faut vivre, pas demain !

- Oui, t’as raison.

- Alors on est tous d’accord! s’exclame Manu.

L’hésitation de Patrick s’est dissipée. Il se sent prêt à foncer et à mordre à pleines dents dans la vie, tout du moins dans ce qui va se présenter devant lui cet après-midi. Advienne ce qu’il arrivera. Au diable les parents, les professeurs, les conseillers de tous genres.

- Manu, cela fait plus d’un an que l’on ne t’a plus vu, depuis l’affaire des ...

- Des poubelles ! Tu parles d’une histoire. Ils m’en ont fait baver juste pour quelques poubelles.

- Faut dire que tu y avais été fort.

- C’est quoi cette histoire de poubelle? demande Sergio.

- Manu va te la raconter mieux que moi, répond Patrick.
- Eh bien, ça s’est passé l’année dernière, début novembre. Un lundi matin, j’étais en retard pour le cours de français. Un pion m’avait déjà engueulé dans la cour, et j’ai entendu deux professeurs dans le couloir. L’un d’eux disait à l’autre: “Tu sais on est comme le couvercle, le couvercle de la poubelle”. Je n’ai rien entendu de plus. Mais j’ai été écoeuré de les entendre parler comme cela des élèves. J’ai fait demi-tour et j’ai décidé de ne pas aller aux cours de la journée. C’est alors que je suis passé devant la réserve où l’on entrepose les poubelles. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai mis le feu aux poubelles et cela a fait un chambard de tous les diables dans l’école.

- Tu peux le dire! s’exclame Patrick. Je m’en souviendrai toujours. Quelle belle pagaille! La sonnerie de l’alarme, la fumée, les professeurs paniqués, les élèves qui criaient pour mettre de l’ambiance et en prime une journée de congé, c’est ce que j’appelle une journée d’enfer !

- Oui, et après cela j’ai été renvoyé, non sans être passé par le centre de médiation scolaire et toute la clique d’éducateurs et autres psychologues.

- C’est pour cela que l’on ne t’a plus vu ?

- Non, j’allais avoir mes 18 ans quelques semaines plus tard. J’ai pris mes affaires et je me suis barré de chez moi. J’ai filé à Bruxelles et j’ai fini par me débrouiller tout seul, enfin presque.

- Tu m’expliqueras, demande Patrick impressionné devant l’aisance de Manu, ses fringues et sa bagnole.

- On te mettra au parfum, n’est-ce pas Sergio ?

- Ouais, grommelle Sergio qui n’a visiblement pas envie de parler sur ce sujet à quelqu’un qu’il connaît à peine.

Les minutes et les kilomètres s’entrelacent avec la conversation des trois jeunes qui en oublient presque Chloé, blottie dans un coin de la banquette arrière.

- T’as raison Sergio, il ne faut pas se laisser faire dans la vie, sinon on se fait écraser. On n’est rien et on se dégoûte. Quand je vois ceux qui préfèrent se laisser marcher sur les pieds, je ne comprends pas comment ils peuvent encore se regarder dans un miroir.

Sans qu’ils s’y attendent, Chloé sort de son mutisme.

- Les miroirs reflètent la noirceur du regard.

Patrick se tourne vers elle mi-étonné, mi énervé. Il ne comprend pas bien ce qu’elle a voulu dire. Il n’apprécie pas qu’elle l’ait interrompu pour dire un truc si bizarre.

- Tu n’aimes pas les miroirs ? ajoute-t-elle.

- Si, mais je ne vois pas ce que cela vient faire dans ce que je dis, rétorque Patrick.

- C’est face à eux que tu es vraiment seul.

Patrick dresse tant son regard que tout son corps face à Chloé qui poursuit, sans aucune marque d’irritation.

- Un jour tu comprendras.

- Oui, je comprendrai, répond-il sèchement en se retournant vers ses deux compagnons d’aventures, bien décidé à ne plus parler avec cette fille complètement dingue.

Comment Manu et Sergio peuvent-ils s’être chargés d’une telle donzelle ? Bref, ce n’est pas son problème. Il ne va pas gâcher son après-midi à cause de cette fille.

Manu tente alors de réchauffer l’ambiance qui s’est quelque peu refroidie après cet échange verbal.

- Allez la compagnie ! On arrive au port. A nous la vie et tout ce qu’elle peut nous offrir !


Ne manquez pas la suite la semaine prochaine...

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