L’individualisme nuit-il à la mission de l’église ?

L’individualisme nuit-il à la mission de l’église ?

DÉFINITION

Avant de commencer notre développement citons la définition du dictionnaire sur le terme individualisme :

« Attitude d’esprit, état de fait favorisant l’initiative et la réflexion individuelle, le goût de l’indépendance. L’individualisme s’oppose au conformisme et au grégarisme. Tendance à ne vivre que pour soi ».

INTRODUCTION

Dans cette définition il y a du bon comme le fait de favoriser l’initiative et la réflexion personnelle, mais il y a aussi du mauvais, comme le goût de l’indépendance.

Les milieux évangéliques engagés dans l’évangélisation, sont souvent touchés par l’individualisme de certains de leurs membres. Le Seigneur nous adresse un appel et une vocation personnelle, qui nous invite à nous responsabiliser et à prendre des initiatives, mais Il ne nous invite pas à l’individualisme qui est d’ailleurs contraire au concept même de l’église qui est un corps dont les membres sont interdépendants (1Cor12). Il y a une différence à faire entre prendre des initiatives et être individualiste, et il est vrai que quelqu’un au caractère entreprenant peut être taxer d’individualiste et peut réellement le devenir s’il ne veille pas, pousser dans son élan d’enthousiasme. Des œuvres formidables ont pu être menées par des hommes et des femmes qui n’ont pas voulu se laisser paralyser par les lourdeurs et lenteurs d’institutions et organisations ecclésiastiques de dénominations diverses, mais il y a avec cela le risque de tomber dans l’isolement, dans des concurrences et disputes, dans un manque de concertation et d’objectivité.

EXEMPLES

Nous allons prendre quelques exemples de la bible pour le développement de notre sujet :

Un solitaire qui chasse des démons : Matt 9:38-40 « Jean lui dit: Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom; et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas. Ne l'en empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est pour nous ».

Il y a, semble-t-il, dans ce passage l’exemple d’un homme qui servait le Seigneur seul, sans faire parti de l’équipe apostolique. On pourrait penser que cet homme était un individualiste, c’est possible, c’est peut-être ce qu’ont pensé les premiers apôtres, en tout cas ils n’ont pas trouvé normal que cet homme ne les suive pas et qu’il fasse parti de l’équipe, et ils ont voulu l’en empêcher. Mais le Seigneur a une autre attitude, il leur dit de le laisser faire, car qui n’est pas contre nous est pour nous.

C’est là une leçon que nous adresse le Seigneur, car nous pouvons avoir la même attitude que les apôtres, en essayant d’arrêter ceux qui servent le Seigneur sans faire parti d’une organisation établie.

Il y aussi deux sortes d’individualistes, ceux qui le sont de par leur caractère très entreprenant et d’autres qui le sont en réaction contre un système ou une institution, cette dernière catégorie nuit à l’œuvre de Dieu, car elle réagit « contre » et n’agit pas « pour ».

Il ressort clairement que cet homme des évangiles qui chassait les démons n’était pas contre Jésus ni contre l’équipe apostolique : « il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est pour nous ».

Et même pour ceux qui sont individualistes parce qu’ils sont contre l’organisation de l’église, peut-on les empêcher ? Au sujet de ceux qui annonçaient Christ par envie et par esprit de disputes Paul se réjouissait car Christ était quand même annoncé (Phil1 :15-18), cela n’enlève en rien leur responsabilité devant le Seigneur s’ils nuisaient à son œuvre, c’est Lui qui jugera et éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun (1Cor3 :11-17).

L’initiative audacieuse de Jonathan : 1Samuel13 :15 à 14 :46

On pourrait penser que Jonathan dans cette affaire a été individualiste, surtout qu’il n’en avait rien dit à son père et que celui qui portait ses armes lui disait de n’écouter que son sentiment(1Sam14 :1, 7), mais ce n’est pas le cas, il a plutôt pris une initiative audacieuse dans la foi que Dieu pouvait sauver au moyen d’un grand nombre comme d’un petit nombre (1Sam14 :6). De plus n’oublions pas qu’il était quand même le fils du roi Saül, et que lui seul avec son père avait des armes (1Samuel 13 :19-22), il n’y avait donc que lui ou son père qui pouvait faire cela. Son père, en tant que roi était le chef, le leader, de l’armée, mais il semblait comme le reste du peuple désemparé face aux philistins qui eux avaient des armes, l’armée d’Israël par peur était cachée dans les montagnes (1Sam14 :22). C’est donc devant cette paralysie de son père et de l’armée que Jonathan a pris cette initiative, et la victoire qu’il a remportée a semé la panique dans le camp des philistins et a redonné du courage à toute l’armée d’Israël qui a remporté une grande victoire (1Sam14 :14s).

Quand l’église est comme paralysée par la peur, ou par la paresse, ou par des principes contraignants, on ne peut pas taxer d’individualistes ceux qui prennent des initiatives, qui vont bien souvent redonner courage à l’église.

Du temps des Juges, Israël a été libéré plusieurs fois par l’initiative d’hommes que Dieu a appelé personnellement à libérer son peuple.

On ne peut pas appliquer le coup d’audace de Jonathan d’individualisme, il n’a pas cherché une gloire personnelle, il n’ a pas recherché ce qui lui plaisait (Pro18 :1), mais il voulait seulement la délivrance de son peuple.

L’apôtre Paul

Cet apôtre était un homme fort entreprenant, mais ne fut pas un individualiste, d’ailleurs en lisant le livre des actes des apôtres et ses épîtres, on voit qu’il a su s’entourer d’une équipe.

Paul était entreprenant, mais a su attendre le temps de Dieu. Son appel à servir le Seigneur parmi les nations, il l’a reçu dès sa conversion (Actes 9 :1-18, Actes 22 :1-16 Actes 26 :9-18), mais entre le moment de son appel et celui de son départ il s’est passé plusieurs années. Paul s’était rattaché à l’église locale d’Antioche et c’est là qu’il recevra, avec son compagnon Barnabas, l’ordre de partir (Actes13 :15). Tout comme cet apôtre, on peut être très entreprenant tout en attendant le temps de Dieu . Dans cette attente Paul était fidèle à son service dans l’église d’Antioche, et s’était acquitté du message qu’on lui avait confié (Actes12 :25), Paul avait bien conscience de faire parti d’un corps, et il était soumis.

Les frères d’Antioche après avoir prié pour eux « les laissèrent partir » (Actes 13 :3). Dans notre étude, il est important de souligner ce point, si Paul était soumis, il était aussi important que l’église d’Antioche les laisse partir. Que ce serait-il passé si l’église avait refusé de les laisser partir ? Il est difficile de le savoir.

Mais ce qu’on peut dire, c’est que parfois des institutions ou organisations ecclésiastiques, en refusant de laisser partir certains hommes qui avaient reçu un appel authentique, ont provoqué des départs et des initiatives personnelles.

Fatigués d’attendre, et devant les refus répétés de leur église certains sont partis quand même. L’église ne peut pas toujours arrêté, bridé, empêché des initiatives, mais doit proposer des formations, des soutiens, et encourager ceux qui veulent servir le Seigneur.

Les jeunes sont souvent très enthousiastes et entreprenants, mais ils doivent être soumis aux anciens (1Pierre5 :5) et ceux-ci doivent discerner le don que les jeunes ont reçu en leur donnant l’occasion d’exprimer ce que Dieu leur a confié.

De plus Paul a quand même présenté l’évangile qu’il prêchait aux autres apôtres afin de ne pas avoir courir ou avoir couru en vain (Gal 2 :2). Et avec les autres apôtres, ils se sont donné la « main d’association » (Gal2 :9).

Philippe l’évangéliste

Les individualistes ne peuvent se justifier non plus avec l’exemple de Philippe l’évangéliste, il est vrai que cet homme est parti seul et qu’il allait de lieu en lieu prêchant la bonne nouvelle. Mais n’oublions pas que c’est poussé par la persécution, que lui et d’autres sont ainsi partis (Actes 8 :1-4). Philippe n’était pas un électron libre, n’en faisant qu’à sa tête, il faisait parti des 7 diacres choisis par l’église de Jérusalem (Actes6 :5-6, Actes 21 :8). Il y a ainsi des évènements divers dirigés par le Seigneur, qui peuvent nous amener à prendre des initiatives, sans pour autant être un individualiste.

CONCLUSION

Ceux qui sont individualistes selon la chair nuisent à la mission de l’église, engendrant disputes, rivalités voir même division. Mais il y a aussi ceux qui dans la foi prennent des initiatives bénies, et plutôt que de les bridés et brimés il est bien préférable de les encourager et les aider dans leur œuvre. Que Dieu nous donne la sagesse pour discerner le don qu’ont reçu nos frères et sœurs dans la foi et les laisser s’exprimer.

Et pour terminer je dirai que nous ne sommes pas appelés à nous servir nous mêmes, mais à servir les autres :

1 Pierre 4:10 « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu'il a reçu ».

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(Romains 1.16)

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