Autorité ou autoritarisme

Autorité ou autoritarisme

Cher Pasteur,

Aujourd'hui, j'aimerais partager avec toi quelques pensées sur l'autorité. Un pasteur est appelé à exercer une certaine autorité dans l'église locale, et il est important d'être bien au clair sur la nature de cette autorité. Nous nous souvenons de la recommandation de Paul à Tite : "… exhorte, et reprends, avec une pleine autorité." (Tite 2.15)

L'exercice de l'autorité est nécessaire dans toute société organisée, pour éviter l'anarchie, que nous décrit le livre des Juges : "En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon." (Jg. 17.6). Malheureusement, il arrive souvent que l'autorité, même légitime, se transforme en despotisme. Cette dérive guette tous ceux qui ont un poste d'autorité, y compris les pasteurs. J'ai déjà cité cette affirmation péremptoire d'un mien pasteur du temps de ma jeunesse : "Il y a un chef, ici, c'est moi, et je ne permettrai pas que…".

Pour éviter de tomber dans ce piège, il est nécessaire de cerner les raisons d'une telle dérive. Je suis pour ma part convaincu qu'elles se trouvent, paradoxalement, dans un complexe d'infériorité. Un besoin de valorisation empêche la personne d'apprendre le préalable indispensable à l'autorité, qui est la soumission, car la soumission accentue son sentiment d'infériorité.

Nul ne peut exercer l'autorité d'une manière équilibrée, si ce problème de complexe n'a pas été résolu, et si, à cause de cela, on n'a pas suivi l'école de la soumission librement consentie. Le centenier dont Jésus a admiré la foi nous montre le résultat de cette école :

"Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres" (Matt. 8.9)

Un forgeron doit apprendre à connaître les qualités et les caractéristiques des métaux qu'il travaille. Celui qui est appelé à exercer une autorité, sans risquer d'en faire un tremplin d'auto-élévation, doit impérativement savoir ce qu'est la soumission. Il saura alors diriger sans blesser, reprendre sans culpabiliser, et corriger si nécessaire avec amour et compassion.

La véritable autorité spirituelle n'est pas celle que l'on impose soi-même, même en utilisant des textes comme : "Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence…" (Héb. 13.17). L'apôtre Pierre écrit : "Paissez le troupeau de Dieu […] non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau." (1 Pi. 5.2-3). Elle nous est spontanément offerte par ceux qui voient en nous des modèles.

C'est pourquoi la seule autorité valable est celle que Dieu donne, comme l'exprime Paul : "… l'autorité que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction…" (1 Co. 10.8). C'est la seule que doive exercer un serviteur de Dieu digne de ce nom, dans les conditions que nous venons de définir.

Que Dieu nous aide à renoncer à nos privilèges auto-attribués de petits chefs, en nous délivrant de nos complexes et de nos besoins de valorisation. Jésus n'a-t-il pas affirmé, dans sa prière sacerdotale : "Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée" (Jn. 17.22). Prenons conscience de cette gloire que nous avons en Christ, qui nous dispense de rechercher la gloire qui vient des hommes (Jn. 5.41-44 ; 12.43). Non seulement nous exercerons une véritable autorité spirituelle, mais nous aurons aussi "les moyens" d'accepter parfois les conseils de ceux sur qui s'exerce cette autorité ; et tu peux me croire, ils ne sont pas toujours superflus !

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