Je n'ai pas le temps

Je n'ai pas le temps

« On trouve toujours le temps de faire ce qu’on aime ». Voilà une de ces phrases toutes prêtes. Prêtes à l’emploi et que l’on vous assène sans appel, sans attente de réponse.

Qu’est-ce que ce temps qui peut se trouver, se perdre, se gagner, se gaspiller ; ce temps qu’on ne voit pas passer ou qui ne passe pas, ce temps qui peut jouer en ma faveur ou ma défaveur, ce temps qui passe trop vite ou qui s’arrête. Il y a aussi le temps des rencontres, des amours, du deuil, de la réflexion, de prendre un café, de boire une bière, de tout et de son contraire comme le dit l’ Ecclésiaste au chapitre 3, versets 1 à 5 :

« Il y a un temps pour toute chose, il y a un temps pour naître, un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour arracher le plant, un temps pour tuer et un temps pour soigner les blessures, un temps pour démolir et un temps pour construire. Il y a aussi un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se lamenter et un temps pour danser, un temps pour jeter des pierres et un temps pour en ramasser, un temps pour embrasser et un temps pour s’en abstenir. Il y a un temps pour chercher et un temps pour perdre, un temps pour conserver et un temps pour jeter, un temps pour déchirer et un temps pour recoudre, un temps pour garder le silence et un temps pour parler, un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour la guerre et un temps pour la paix. »

 

Parmi tous ces nombreux temps possibles, lequel me fait défaut  lorsque je décrète : « Je n’ai pas le temps » ? Sans conteste celui de la disponibilité, de l’écoute de l’autre, le temps de la relation  tout simplement. Si je laisse passer ce temps-là, je m’isole, je m’appauvris puisque fondamentalement, nous sommes des êtres de relation.


Quand et combien de fois ai-je dit : « je n’ai pas le temps » ? À  qui l’ai-je dit ? Je sens que si je creuse cette piste, je vais faire émerger beaucoup de regrets : le temps des courses, du ménage, du jardinage, de la couture que j’ai fait passer avant le temps des jeux, de la promenade ou du « raconte-moi une histoire » de mes filles. Le temps de la leçon à faire, des devoirs à corriger au détriment de l’attention accordée aux élèves, le temps d’un roman policier à terminer de préférence à un temps de complicité avec mon mari.

 

D’ailleurs, c’est l’occasion aussi de soulever la question suivante : à quoi passe-t-on le temps que nos nombreux appareils ménagers nous font gagner : le linge qui se lave sans moi alors que nos grand-mères passaient des matinées entières à faire bouillir, à frotter, à rincer, à essorer, à suspendre ; la vaisselle qui se lave, se rince, se sèche d’un seul clic ; la pâte à pain qui se malaxe, se pétrit, lève et cuit d’un autre clic. Cela représente de précieuses heures.

 

J’ai la chance d’être à un âge où je choisis à quoi  je passe mon temps. J’ai derechef barré les séries télévisées, trop de recherches sur internet, facebook au profit de la lecture, de l’écriture, de la méditation, de l’accueil. Je dois toutefois lutter contre la tyrannie de l’efficacité au profit de la disponibilité, de l’entretien des amitiés. Je m’exerce à discerner dans les personnes que je rencontre ce qui est beau, bon, en quoi elles m’enrichissent et j’apprends aussi à le leur dire.
C’est plus facile à écrire qu’à faire. Mais c’est passionnant.


« Je n’ai pas le temps » fait de moins en moins partie de mon paysage car j’ai tout le temps de faire ce que je décide d’en faire. Je décide donc de privilégier les relations avec mon entourage, mais aussi avec Dieu.

 

 

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