Le chien du proviseur

"Ils attachent de lourds fardeaux, difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais eux-mêmes refusent de bouger un doigt pour les aider à remuer ces fardeaux." Matthieu 23.4

 

Je me souviendrai de ces parties de Uno qu’on faisait au lycée. C’est d’ailleurs au lycée que je suis devenu une référence en matière de Uno. Sans vouloir me vanter, il se trouve que je connais la plupart des astuces, pour ne pas dire « magouilles », et souvent je suis le seul à me rendre compte du coup de gruge de l’un des belligérants. A dire vrai, j’ai moi-même testé plus d’une astuce, et certaines sont vraiment efficaces… même si pas toujours recommandables. Il faut savoir qu’au Uno, les joueurs doivent s’accorder sur les règles en début de partie. Il y a tellement de règles différentes qui circulent, qu’avant même de commencer le jeu, il arrive que les joueurs se disputent (amicalement bien sûr). Mais c’est souvent en milieu de partie qu’on se rend compte qu’on ne s’était pas accordé sur toutes les règles. Il est alors trop tard pour s’accorder diplomatiquement. Il y a les règles scripturales, et puis il y a toute une pléiade de doctrines dissidentes, qui ne sont pas dans la règle du jeu officielle.

 

Les participants au jeu avaient pris l’habitude de se réunir sur une pelouse du lycée pendant la pause de midi. Il faut également préciser qu’une partie de Uno peut s’avérer bruyante. Il n’est pas rare que le ton monte, et c’est pour cette raison que les parties se jouaient sur une pelouse en retrait de la vie normale du lycée. On jouait pendant une demi-heure, et l’un des joueurs, souvent le même, commençait à contester les décisions du collège arbitral, en l’occurrence les autres joueurs. C’est à ce moment-là qu’il jetait ses cartes par mécontentement, se levait et partait en vociférant des mots qui ne font pas partie de mon vocabulaire. Un joueur se portait alors volontaire pour aller le raisonner. Ainsi, tout le monde passait du bon temps à jouer au Uno…(Ah, le bon vieux temps !).

 

A cette même période apparut ce qu’on pourrait appeler une « mégère ». Non, pas une ménagère, mais bien une mégère qui avait pour alibi de se présenter comme le nouveau proviseur adjoint. Du jour au lendemain, elle avait décidé, à renfort de panneaux indicateurs, que les pelouses du lycée étaient interdites. Ces pelouses, je les fréquentais depuis des années, je jouais au Uno sur elles, ce fut une grande déception ! Une inconnue avide de pouvoir nous les interdisait ! En représailles, certains élèves peu scrupuleux sont allés dérober l’un de ces panneaux « pelouse interdite ».

Le pire, ce qui est le plus odieux dans cette affaire, ce n’est pas uniquement le fait que nos parties de Uno ont été sabotées à cause des pelouses interdites, c’est que cette Cruella osait promener son caniche sur les pelouses (interdites !!!), au nez et à la barbe des élèves. Elle ignorait ses propres panneaux ! Et le chien ne se gênait pas de soigner ces pelouses à sa façon.

Elle aurait pu être parmi ces pharisiens qui inventaient des règles pour les autres et qui étaient les dernier à les respecter. Elle serait de ces chrétiens (que nous sommes tous à un moment ou à un autre) qui pensent que le sermon de dimanche dernier était pour leur voisin. Avons-nous récemment regardé notre poutre dans le miroir ? Ou nous contentons-nous de relever la paille du voisin ? Et si même il y a une paille gênante dans l’œil du voisin, va-t-on aller colporter l’histoire de la paille sans chercher à aider son propriétaire ? C’est toujours une question d’attitude : nos paroles et notre comportement ont le pouvoir de construire ou de détruire, d’encourager ou de décourager.

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