Qui sait si…

Qui sait si…

Cher Pasteur,

Comme tu le sais, l'antisémitisme ne date pas d'hier. Le livre d'Esther nous en a laissé un frappant exemple. L'histoire se passe sous le règne d'Assuérus, appelé aussi Xerxès 1er (485 – 465 avant Jésus-Christ), qui avait succédé à son père Darius. Il sera tué dans une conspiration, et son fils Artaxerxès 1er, appelé "Longue Main", régnera à sa place, comme nous le voyons aussi dans Esdras 4.4-7.

Haman, descendant d'Amalek, l'ennemi héréditaire d'Israël, va tenter, par ses calomnies rusées, de faire exterminer le peuple juif. Avant cela, Esther, une jeune Juive qui n'avait pas dévoilé ses origines, était devenue l'épouse du roi Assuérus. Son oncle Mardochée va lui rappeler son devoir :

"Ne t'imagine pas que tu échapperas seule d'entre tous les Juifs, parce que tu es dans la maison du roi ; car, si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez. Et qui sait si ce n'est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ?" (Est 4.13-14)

La suite heureuse, avec ses rebondissements dignes d'un thriller, nous la connaissons par le livre d'Esther.

Il nous arrive à tous de traverser des moments difficiles, durant lesquels nous pouvons nous sentir seuls et abandonnés. Nous ne voyons pas d'issue, notre avenir est incertain, et nous nous interrogeons sur la raison de nos circonstances. N'est-ce pas alors le moment d'appliquer la sagesse de Mardochée, et de se dire : "Qui sait si…" ?

Nous savons si peu de choses en définitive. Notre vision est extrêmement limitée ; d'une part parce que l'avenir nous échappe, et d'autre part du fait que nos expériences passées nous donnent souvent des schémas de pensée qui s'imposent à nous, et nous empêchent d'envisager autre chose.

C'est là que le "Qui sait si… ?" mardochéen peut nous venir en aide. Tout en reconnaissant notre ignorance, il évoque les infinies ressources de celui qui a la puissance de transformer le mal en bien, d'élaborer des stratégies insoupçonnées, de manifester sa providence d'une façon éclatante et glorieuse.

En février 1996, en bon Gaulois que je suis, le ciel m'est tombé sur la tête : Cancer du côlon ! Il faut tout de même quelques minutes pour accuser le coup ! Mon épouse n'étant pas Gauloise, mais descendant directement des Vikings, elle ne s'est pas laissée ébranler par la nouvelle. Mais il faut reconnaître qu'en de telles circonstances, on se pose des questions. Et parmi la foule de questions qui se pressaient : "Pourquoi moi ?", "Seigneur je t'ai servi toute ma vie, et voilà où j'en suis !", "Ne pouvais-tu pas m'épargner cela ?", la seule question intelligente a été : "Qui sait si… ?". "Qui sait si cette épreuve ne va pas déboucher sur une grande bénédiction ?"

Et ce fut le cas. Oh, je t'accorde que ni l'opération, ni les six mois de chimiothérapie n'ont été une partie de plaisir ! Mais je dois dire que ces souffrances physiques inévitables ont été amplement contrebalancées par l'extraordinaire sentiment de paix que mon épouse et moi-même avons expérimenté durant toute cette aventure.

J'ai pu faire l'expérience irremplaçable de constater par moi-même que ce que j'avais prêché aux autres pendant toute une vie tenait la route ! Combien de fois n'ai-je pas cité pour d'autres, comme un encouragement, ce magnifique texte de l'apôtre Paul :

"Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ." (Phil 4.6-7)

Mon frère, ma sœur, lorsque la tempête soufflera sur ta vie, et que des milliers de questions tourbillonneront comme une tornade dans ta tête, souviens-toi de la question de Mardochée :

"Qui sait si… ?".

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